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Février 2016 : Zika, le virus qui fait trembler la planète

L'actualité santé du mois de février 2016 a été dominée par l'épidémie Zika qui met la planète en état d'alerte maximale. Aujourd'hui cantonnée dans les régions d'Amérique Centrale, d'Amérique du Sud et des Caraïbes, son avancée se révèle inéluctable. La lutte contre ce fléau doit faire l'objet d'une "réponse internationale coordonnée" recommande l'OMS. Décryptage...

L’actualité santé du mois de février 2016 a été dominée par l’épidémie Zika qui met la planète en état d’alerte maximale. Aujourd’hui cantonnée dans les régions d’Amérique Centrale, du Sud et des Caraïbes, son avancée se révèle inéluctable. La lutte contre ce fléau doit faire l’objet d’une "réponse internationale coordonnée" recommande l’OMS. Décryptage…
L’épidémie du virus Zika est « une urgence de santé publique de portée mondiale » décrétait l’OMS le 1er février 2016. Et à ce titre, elle doit faire l’objet d’une « réponse internationale coordonnée afin d’améliorer la détection et d’accélérer les travaux sur un vaccin ». Depuis, la planète est en état d’alerte. Près de 8 000 articles ont été diffusés sur le net sur la menace Zika et sur son vecteur probable le moustique tigre tropical* qui répond au nom scientifique d’Aedes Aeygti et Aedes albopictus*. Une calamité porteuse d’un double fléau : sous sa piqure les adultes risquent de contracter le syndrome de Guillain-Barré et pire – mais non confirmé par l’OMS-, les nouveau-nés contaminés durant la grossesse de leur mère présentent des malformations néonatales comme les microcéphalies. Ces anomalies du développement du cerveau de l’enfant se traduisent par une taille plus réduite de la boîte crânienne mais aussi par des troubles psychomoteurs chez l’enfant », explique le professeur Fontanet dans un article publié sur La Croix du 1er février.

Pour l’heure Zika se cantonne dans les régions d’Amérique Centrale, d’Amérique du Sud et des Caraïbes. Une trentaine de pays sont concernés et 3 à 4 millions de personnes pourraient être touchées. Au Brésil où l’épidémie a débuté en juin 2015, lors de la coupe du monde de football, on recense aujourd’hui 1,5 millions de personnes infectées par Zika et près de 4 000 cas de microcéphalie suspectés. Entre octobre 2015 et février 2016, 462 ont été cas confirmés contre une moyenne de 150 rapporte Isabelle Hann dans un article publié par Libération du 17 février. Pour témoigner du drame que vivent les jeunes mères brésiliennes, notamment les plus pauvres, Le Monde du 8 février et TF1 une semaine après diffusent des reportages sur Recife, ville située sur la pointe Est du Brésil qui abrite 3,7 millions d’habitant. Désormais rebaptisée la « capitale du Zika » Récife recense la plus grande augmentation du nombre de microcéphalies chez les nourrissons (1 500 en quelques mois). Le Honduras a décrété l’état d’urgence après que le pays a enregistré plus de 3 000 cas relate le Figaro du 2 février. L’alerte est aussi donnée sur l’Ile de Pâques, l’alerte est donnée. En Colombie, plus de 37.000 cas de Zika sont recensés dont 6.356 femmes enceintes annonce BFM le 20 février tandis qu’un premier cas confirmé de virus Zika en Afrique du Sud selon MSN et que La Chine surveille une contamination potentielle après le troisième cas de Zika. Le virus a aussi été signalé en Europe, en Russie, en Australie…, il s’agit pour le moment de cas importés par des personnes revenant de pays où sévit l’épidémie.
 
Concernant les territoires français d’Amérique, Sciences et Avenir du 3 février note que « Depuis le début de l’épidémie, 2.287 cas suspects de Zika ont été recensés en Martinique, 245 en Guyane, et près d’une centaine ont fait l’objet d’une confirmation biologique » selon les propos de  la ministre de la Santé, Marisol Touraine  « 10 cas ont été confirmés en Guadeloupe et 1 à Saint-Martin. Au total, 20 femmes enceintes ont été détectées positives au virus (dont 7 en Guyane et 8 en Martinique) sans pour autant qu’une malformation congénitale n’ait été repérée (telle la microcéphalie) est-il précisé dans l’article de Lise Loumé. D’ailleurs, à ce jour "Le lien entre virus Zika et microcéphalies est fortement suspecté, bien que non établi scientifiquement" a ajouté la Ministre. Par contre sa transmission par voie sexuelle a été confirmée aux USA  par les autorités sanitaires.
A l’occasion de la venue de Marisol Touraine en Guyane, l’Obs du 22 février note qu’aucun cas de microcéphalie n’a été constaté. Pour autant, les autorités sanitaires restent inquiètes car "l’épidémie ne fait que commencer". Autre motif de préoccupation "la microcéphalie n’est que la partie émergée de l’iceberg, la forme la plus grave. On sait maintenant qu’il existe aussi un risque d’autres formes d’anomalies cérébrales qui vont de la petite calcification à la dilatation des ventricules ou l’atrophie du cerveau. C’est une épée de Damoclès " estime le docteur Gabriel Carles, chef du service gynécologie-obstétrique au Centre Hospitalier de Saint-Laurent du Maroni (Guyane)
Le 24 février, Margaret Chan, directrice générale de l’OMS prévient que la lutte contre l’épidémie de Zika qui s’étend de manière exponentielle en Amérique latine, sera chemin long et coûteux (56 millions de dollars d’ici juin 2016 selon une estimation de l’OMS émise mi-février). Ce virus "très compliqué, très tenace, très difficile prend de vitesse les efforts de lutte" écrit la Tribune de Genève du 24 février. Au Brésil 583 cas de microcéphalie ont été enregistrés et les USA comptent 14 contaminations sexuelles. Dans cet article le lecteur apprend également que le virus Zika peut subsister longtemps dans l’appareil génital de l’homme et les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) "ont recommandé dès le 5 février l’usage du préservatif ou l’abstention aux personnes de retour de pays où sévit le virus Zika. 
Les journaux internationaux font aussi leurs gros titres sur les mesures prises pour se protéger puisqu’il n’existe pas de vaccin – des recherches sont en cours et les premiers tests sur l’homme devraient avoir lieu fin 2016. Aussi, pour se protéger du moustique, les autorités sanitaires organisent des pulvérisations d’insecticides à grande échelle et des expéditions dans les quartiers pour éliminer les réservoirs d’eau stagnante, expliquer les mesures à prendre aux populations telles que vider les soucoupes des plantes et autres gîtes larvaires comme les vieux pneus, encombrants ou les carcasses de véhicules. Le quotidien brésilien O Globo note que 200 000 soldats ont été mobilisés avec des moyens insecticides pour traiter systématiquement les maisons et appartements. A titre individuel, l’INVS recommande de mettre de l’anti-moustique sur ses vêtements (et pas n’importe lequel). « Après chaque pluie, il est conseillé d’effectuer une visite autour de la maison et de supprimer tous les récipients, objets divers, déchets, végétation qui contiennent de l’eau, car c’est dans ces rétentions d’eau que le moustique va pondre. Les récipients de stockage d’eau de pluie doivent être fermés hermétiquement ou recouverts d’une moustiquaire, les soucoupes sous les pots de fleurs doivent être supprimées, l’eau des vases doit être renouvelée au moins une fois par semaine."  Enfin, comme pour toutes les maladies dues aux piqûres de moustiques, il est recommandé de porter des vêtements couvrant bien les bras et les jambes, et d’utiliser des répulsifs et des moustiquaires.

En France les CHU de Marseille et de Lyon ont diffusé des communiqués à l’attention des résidents et voyageurs rentrant des zones épidémiques. Ces derniers doivent se rapprocher sans délai d’un médecin en cas d’apparition de signes cliniques évocateurs (éruption cutanée, avec ou sans fièvre même modérée, rougeur des conjonctives, douleurs musculaires et articulaires). Le praticien jugera de l’opportunité de faire effectuer des tests diagnostiques.
 
Les instances ministérielles recommandent aux voyageurs et aux femmes enceintes ou en âge de procréer d’éviter de se rendre dans les régions touchées. Les Etats-Unis restreignent les dons du sang des voyageurs. Au Brésil les autorités préconisent aux femmes de différer leur projet de grossesse. « Ces mesures ne restreignent-elles pas la liberté individuelle ? » s’interroge  Pierre Bienvault dans La Croix du 1er février « Ces questions sont légitimes et doivent d’abord être abordées entre le médecin et sa patiente», répond le Pr Delfraissy.
A ce sujet, le pape François a pris position une nouvelle fois au sujet de l’avortement qui reste un "crime" aux yeux de l’église même face au virus Zika, Aufeminin.com du 19 février,  tandis que la contraception serait un moindre mal selon le pontife – Jim
 
Les journaux abordent aussi les conséquences économiques de ce virus. Victime collatérale de l’épidémie : le tourisme vers les destinations où sévit Zika. Suivant les recommandations sanitaires, nombre de voyageurs diffèrent leurs déplacements vers les pays d’Amérique Centrale, d’Amérique du Sud et des Caraïbes. Les Antilles ont vu les réservations des vacanciers baisser de 22% en janvier, constate le Parisien du 24 février. La Banque mondiale évalue à  63,9 milliards les pertes de revenus touristiques pour les pays concernés. Pour l’heure, les jeux olympiques d’août 2016 qui doivent se dérouler au Brésil ne sont pas remis en cause. 
 
Mais le moustique tigre est-il le vrai coupable ? Des voix s’élèvent et mettent en cause un insecticide, le pyriproxyfène, une information rendue publique en France par Paris Match le 3 février. Les données des experts sont en effet surprenantes. Ils font le lien entre l’insecticite déversé dans le nord-est du Brésil dans les réservoirs d’eau potable depuis 2014 afin justement d’éradiquer le moustique tigre en tuant ses larves et de freiner l’épidémie du virus Zika. Or note l’hebdomadaire « les précédentes épidémies au virus Zika n’ont pas causé de malformations chez les nouveau-nés, malgré un taux d’infection de 75 % dans les pays concernés. » En outre, « d’autres pays comme la Colombie ne recensent pas de cas de microcéphalie, alors qu’ils déclarent beaucoup d’infections par le virus Zika. » Le rapport cite par ailleurs des chiffres de l’Abrasco, une association brésilienne de santé collective, qui constate que sur 3 893 cas de malformation fœtale confirmés au 20 janvier 2016, 49 enfants sont morts et seuls 5 sont des cas confirmés d’infection au virus Zika.
*Pour en savoir plus sur le virus émergent, se reporter au dossier très complet publié le 6 février sur le blog "REALITES BIOMEDICALES" du journaliste scientifique Marc Gozlan. Son enquête retrace la palpitante saga du virus émergent de 1947 à 2016. Une histoire peuplée de singes sentinelles, de chercheurs risque-tout arpentant les forêts d’Ouganda, collectionnant les moustiques et de diffusion intercontinentale d’infections plus ou moins graves et plus récemment de malformations du système nerveux central des nouveau-nés. 
 
Marie-Georges Fayn  

 

                                                      Relay H, un réseau très hospitalier

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