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Février 2017 : les CHU s’adressent aux candidats #présidentielle2017

A deux mois des présidentielles 2017, les acteurs du monde hospitalier s'invitent officiellement dans la campagne. Tour à tour, les CHU de France et la FHF ont adressé leurs propositions aux candidats en lice. L'hôpital, une entreprise comme une autre ? Le MEDEF appelle en tout cas à une réforme du système de santé, alors que le Collectif Interassociatif sur la Santé (CISS) veille à la juste application des principes d'égalité d'accès aux soins et de tarifs maîtrisés.

A deux mois des présidentielles 2017, les acteurs du monde hospitalier s’invitent officiellement dans la campagne. Tour à tour, les CHU de France et la FHF ont adressé leurs propositions aux candidats en lice. L’hôpital, une entreprise comme une autre ? Le MEDEF appelle en tout cas à une réforme du système de santé, alors que le Collectif Interassociatif sur la Santé (CISS) veille à la juste application des principes d’égalité d’accès aux soins et de tarifs maîtrisés.
Le 7 février, les CHU ont présenté à la presse leur « New Deal » en 17 propositions adressées aux candidats à la présidentielle. Autant de pistes pour l’avenir des CHU, dessinées lors de leurs Assises en décembre et reprises dans un courrier cosigné par Jean-Pierre Dewitte, président de la Conférence des directeurs généraux de CHU, le Pr Jean-Luc Dubois-Randé, président de la Conférence des doyens de facultés de médecine, et le Pr Michel Claudon, président de la Conférence des présidents de CME de CHU.
Les présidents des trois conférences ont dans ce contexte délivré un message fort, relayé par les médias:  la nécessité de maintenir et protéger la qualité du système de santé égalitaire et solidaire en France, « car contrairement à ce qui a pu être dit : il n’y a pas trop d’hôpitaux ni trop de personnels ».
« Au-delà des chiffres, le CHU veulent être entendus »
Le 8 février, Sabine Isard de l’Agence de presse médicale (APM) soulignait l’importance des CHU dans le paysage sanitaire français en citant Jean-Pierre Dewitte: « Nous ne sommes pas nombreux, puisque nous sommes seulement 32, mais nous représentons plus du tiers de l’hospitalisation publique en France, avons un budget de 30 milliards d’euros et enregistrons une activité soignante en hausse ».
Sur France Inter, le 10 février, Danielle Messager insistait également sur leur poids en termes de suivi de patients et en termes d’emplois: « 25 millions de consultants et de malades hospitalisés chaque année pour 32 CHU, ce qui représente 378 000 employés dont près de 93 000 personnels médicaux. Au-delà de ces chiffres, les CHU veulent être entendus car ils portent l’excellence de la médecine française… Ce qui retomberait sur les maladies en cas d’économie mal placée. » A son micro, Jacqueline Hubert, directrice générale du CHU de Grenoble a invité à renforcer la recherche-innovation en CHU: « Beaucoup d’essais nous échappent, on manque de réactivité, les essais en France sont plus coûteux, il faut absolument que la recherche reste en France sinon on ne traite plus les patients avec les dernières molécules, les dernières techniques. »
 » Un sérieux avertissement « 
Sophie Martos, dans Le Quotidien du Médecin du 9 février, relayait les propos de Jean-Pierre Dewitte: « L’hôpital est dans une situation d’inquiétude, c’est la troisième année du plan triennal d’économies, la tension est palpable au sein des personnels. La restructuration est à marche forcée, une réflexion doit naître ».
Thomas Quéguiner, le 8 février sur le site Hospimedia, a pour sa part interprété cette conférence de presse comme « un sérieux avertissement » à l’égard des candidats qui, pour beaucoup, affirment qu’il y a aujourd’hui trop d’hôpitaux, trop d’hospitaliers et que la solution pour générer des économies dans la santé ne peut passer que par la médecine libérale. Il a repris à cet effet l’argumentation de Jean-Pierre Dewitte selon lequel: « C’est un mauvais procès », « les CHU sont avant tout un magnifique amortisseur social », quant aux marges d’économie « elles ne sont plus que de l’épaisseur du trait » et « leur fonction dans le système de santé vient d’être une nouvelle fois démontrée avec la dernière épidémie de grippe qui a mis en évidence l’importance cruciale jouée par l’hôpital public et les CHU en particulier », a rappelé le Pr Claudon.
« La recherche et la formation, des moteurs essentiels et immédiats du progrès médical »
Le 10 février, René-Luc Bénichou d’AEF a pour sa part repris les propos du Pr Dubois Randé: « Qu’ils entendent que la recherche et la formation sont les moteurs essentiels et immédiats du progrès médical et de l’innovation au bénéfice du patient. Nous attendons des élus politiques qu’ils soutiennent la recherche. »
Pour le reste, les médias ont notamment retenu la volonté des CHU de « rayonner à l’international », avec la création de la marque « France University Hospitals » et d’une filiale commune, la mobilisation des CHU pour accueillir les patients étrangers et la création d’un dispositif « Fellowship in French university hospitals » pour les étudiants étrangers.
Autres mesures mises en exergue : la garantie de l’excellence des soins à travers le « label CHU » et la stratégie de groupe « CHU en réseau », le développement de structures collaboratives de soins et recherche intra et inter-CHU par grandes thématiques liées aux parcours du patient,  la pérennisation du financement de l’innovation avec la mise en place d’un fond d’amorçage.
Les intervenants, lors de la conférence de presse, ont également souligné les enjeux d’un « CHU connecté «  pour accompagner l’essor des outils numériques notamment en formation et la construction d’un modèle français et européen des big data et de la santé numérique.
Le statut des professionnels exerçant en CHU se tient également au cœur des préoccupations de leurs responsables. Tous trois se sont prononcés en faveur d‘ »une carrière adaptée aux différents temps d’une vie professionnelle longue « , « des valences universitaires junior sur des contrats de 5 ans », une mise en valeur de l’expertise des séniors et une évolution des statuts du personnel non médical tenant compte des nouvelles compétences et métiers.
La FHF présente parallèlement ses orientations
Parallèlement, la FHF, lors d’une conférence de presse le 3 février,  a elle aussi, exposé son plan de réforme adressé aux candidats. Son président Frédéric Valletoux a souligné l’exigence de « préparer le système de santé aux défis du XXIe siècle » et à « faire vivre le service public de santé et médico-social en lui gardant sa force et son sens », avant de dévoiler les 12 orientations politiques plébiscitées par la fédération, déclinées en 50 propositions à l’attention du prochain ministre de la Santé.
Face à un système en crise, la FHF pose comme déclarations de principe que « la santé n’est pas un marché comme les autres », « la diversité au sein du système de santé est une richesse et non un handicap mais tous les acteurs ne sont pas substituables », « la politique des économies au rabot doit être remplacée par une réorganisation globale » et que « la santé et le secteur médico-social sont des atouts et non des charges pour la France. »
Son programme s’attache à relever quatre défis majeurs: la lutte contre les inégalités sociales et d’accès à la santé, l’attractivité, la réorganisation des établissements et l’avenir du financement.
Ses 50 « clés de déverrouillage » du système de santé précisent son engagement en faveur de soins de qualité et de prise en charge « en tout temps et en tout lieu » sur le territoire. Elles appellent à « la convergence des devoirs entre tous les acteurs de santé », à ouvrir les groupements hospitaliers de territoire à la médecine de proximité, à « respecter et prendre soin des professionnels de santé », donner des marges d’action accrues aux établissements publics « pour leur permettre de s’adapter aux réalités territoriales », accompagner et valoriser le secteur médico-social public, promouvoir « un hôpital ouvert sur ses patients et enclin à s’évaluer » et  innovant en matière numérique…
Une feuille de route qui rejoint pour l’essentiel celles des CHU de France. A quelques nuances près, toutefois… selon Jean-Pierre Dewitte.  Interrogé le 9 février par Gilles Noussenbaum de Décision Santé sur la position des CHU par rapport à la plateforme présidentielle de la FHF, le président de la Conférence des directeurs généraux de CHRU, a souligné les spécificités des CHU qui exigent des mesures particulières:« 25% des activités hospitalières sont réalisées exclusivement dans les CHU comme les transplantations d’organes, les greffes de moelle ou la prise en charge des grands brûlés ».
Reste qu’à l’instar de ce qui émane de leurs programmes respectifs, les deux entités phares de l’hôpital public marquent une même volonté de modernisation économique du système.
Le MEDEF invite à « un pacte de confiance » avec les acteurs de la santé
Sur ce plan, le MEDEF a travaillé sa copie dans le cadre des réformes à mener « pour la France de demain ».  Le syndicat du patronat propose « un Pacte de confiance avec les acteurs de la santé » dans lequel « les grandes orientations de la politique de santé doivent être définies par l’État » et « l’assurance maladie, en association avec les complémentaires santé, doit se voir confier la gestion du risque tant pour la médecine de ville que pour l’hôpital ».
Il reviendrait à l’Etat d’accorder « plus de liberté de gestion aux hôpitaux et aux cliniques en assouplissant les 35 heures et en favorisant une diversification du financement » et de développer « le financement à la performance dans les hôpitaux, valorisant ainsi les établissements les plus compétitifs ».
Le MEDEF pointe les opportunités qui s’offrent dans ce domaine. A savoir le développement de l’e-santé, avec une véritable politique d’open data, l’innovation au service de la modernisation du système de soins, notamment via le renforcement de la prévention, de la prise en charge des maladies chroniques, et l’accélération du « virage ambulatoire ». Le syndicat appelle en outre à « rétablir l’équité entre les établissements publics et privés, via la remise à plat des mesures fiscales et sociales applicables au secteur hospitalier » et « la convergence tarifaire sur les actes de soin standards ».
Et les patients dans tout ça ? 
Le relais des principales attentes des patients, dans le cadre de cette campagne électorale, s’est fait lui sous la bannière « Objectif présidentielles » du Collectif Interassociatif sur la Santé (CISS). Un document réunissant 5 problématiques essentielles pour les patients. Soit: les déserts médicaux, les restes-à-charge, la pertinence des soins, le prix des médicaments innovants, la santé publique.
Le CISS a réalisé une fiche par thème qu’il a adressée aux candidats, s’engageant à publier les réponses reçues tout au long du mois de mars, chaque mercredi à raison d’une thématique par semaine, de façon à faire connaître aux électeurs les intentions des candidats vis-à-vis des défis en santé. Un feuilleton à suivre sur les réseaux sociaux #PaieTaPolitiqueSanté.
Marie-Georges Fayn et Betty Mamane

                                                      Relay H, un réseau très hospitalier

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