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« DEMAIN SERA MEILLEUR... ». HOPITAL ET UTOPIES 19 septembre 2001 - 17 mars 2002 Musée de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris Hôtel de Miramion - 47 Quai de la Tournelle 75005 Paris Hôpital et utopies Pourquoi rapprocher ces deux mots ? Quel lien les unit ? Et quelle histoire nous racontent-ils ? D'un côté l'hôpital : un lieu qui concentre des situations difficiles, lieu à part, où la vie sociale se recompose selon des règles propres. De l'autre, l'utopie : un ensemble d'idées nouvelles, qui énoncent une réalité à venir et témoignent d'une formidable aspiration au changement, mais dont l'exécution paraît lointaine, parfois inaccessible. Ce lieu singulier, complexe, traversé de contradictions ne serait-il pas, plus qu'aucun autre, porté à se projeter vers un ailleurs, qui l'assure d'un autrement ? Ne se trouve-t-il pas surinvesti d'attentes, celles d'un mieux-être, à la fois individuel et collectif ? Et ce mieux-être n'est-il pas la promesse qui permet d'affronter le présent ? Telles sont quelques-unes des questions abordées dans une exposition qui parcourt l'ensemble de l'histoire de l'hôpital pour interroger le rapport de cette collectivité à l'avenir : de quoi est-il fait, de quoi se nourrit-il ; comment est-il appréhendé, pensé, rêvé ; et que nous dit-il des conditions du présent ?

Les quatre salles du parcours s’ouvrent chacune sur une définition de l’utopie, comme quatre portes ouvertes sur une notion mouvante, aux multiples facettes, permettant de découvrir quelques-unes des formes qu’elle revêt au sein de l’hôpital. La scénographie de l’exposition a été inspirée par le vocabulaire architectural de la cité idéale, puisque telle est bien l’aspiration qui traverse et travaille en permanence l’hôpital, « ville dans la ville ».

L’utopie comme programme

Les grandes étapes de l’histoire hospitalière ont toutes été portées par un puissant idéal, formulé et décrit dans un programme. Ce sont ces représentations successives d’un « hôpital-modèle » que l’on découvre dans la première salle : qu’est-ce qui doit disparaître et quel modèle doit s’imposer à la place ?
Au Moyen Age, ces représentations de l’hôpital comme asile de la charité se rencontrent dans quelques très exceptionnels manuscrits enluminés du XVe siècle. A la fin du XVIIIe siècle, un nouveau modèle d’hôpital se dessine: une machine à guérir, désormais gouvernée par la médecine. Les architectes travaillent dès lors en collaboration avec des médecins ou des savants physiciens. Des gravures de Poyet (1785), de l’Académie des Sciences (1788) et de Marchebeus (1844) fixent les formes du modèle à atteindre. Enfin, dès 1930, c’est un nouvel idéal qui porte désormais les destinées de l’hôpital, celui d’une cité de la santé. Les programmes de deux grands architectes, Jean Walter et l’américain Paul Nelson, qui ont travaillé à en formuler le contenu et l’organisation, sont ici rassemblés.

L’utopie comme transformation

C’est la dimension positive de l’utopie qui est envisagée dans la deuxième salle. L’utopie agit en effet comme un laboratoire d’idées, et par là, elle enfante le changement. On la reconnaît à l’?uvre à travers quelques grandes aspirations, qui ouvrent comme autant de chantiers permanents à l’intérieur de l’hôpital.
Dans l’Europe des Lumières, l’hôpital comme laboratoire et terrain d’apprentissage de la médecine est le premier d’entre eux. Des archives de la Société Royale de Médecine, créée en 1776, témoignent du rôle prospectif de cette assemblée, dont certaines des propositions ne verront le jour qu’au lendemain de la Révolution. De son côté, l’Académie Royale d’Architecture inscrit le thème de l’hôpital comme sujet de concours pour ses élèves ; quelques-uns de ces étonnants dessins sont présentés.
Désormais pensé comme une machine à guérir, puis au XXe siècle comme une usine à guérir, le souci de la fonctionnalité mobilise les esprits des architectes comme des médecins, depuis le lit hospitalier jusqu’à l’organisation des bâtiments. Une sélection de ces projets est présentée ici, depuis la première formulation de l’hôpital pavillonnaire (1773), révolutionnaire à l’époque, jusqu’aux dessins de Le Corbusier pour le nouvel hôpital de Venise (1966).
La carte hospitalière ou la meilleure répartition sur le territoire, fait aussi l’objet de réflexions multiples qui cherchent à faire système. C’est sous la forme d’un jeu de l’oie qu’elles sont présentées.
Enfin l’idéal d’hospitalité est évoqué au sein d’un « jardin des délices ».

L’utopie comme fiction

Puis c’est la dimension négative de l’utopie qui est abordée, source de dérives néfastes lorsque idéaux et principes se coupent de la réalité ou se projettent brutalement sur elle. Le traitement de la question sociale a connu deux écueils, avec la création de l’Hôpital Général (17e siècle) et au moment de la période révolutionnaire.

L’Hôpital Général, conçu comme lieu de resocialisation des exclus, est évoqué par des gravures qui le représentent comme un véritable palais, ainsi que par des archives et des ouvrages de quelques-uns de ses plus brillants défenseurs. En contrepoint, d’autres gravures, celles de la fameuse cour des miracles, rappellent l’effroi que suscite cette misère, perçue comme foyer de contamination de la ville.
Une sélection d’archives évoque l’une des grandes aspirations des penseurs de la Révolution à instaurer de nouvelles formes de contrat social et à régénérer la vie sociale en supprimant la mendicité et l’hôpital. Celui-ci est alors stigmatisé comme l’un des rouages d’un système de reproduction de l’indigence passive.

L’hôpital de demain, entre prospective et utopie

Et aujourd’hui, quel(s) modèle(s) inspirent l’hôpital de demain ?
Comment celui-ci est-il pensé, voulu, rêvé ?
L’hôpital n’est-il pas au carrefour d’attentes, de revendications multiples et contradictoires ?
Comment appréhender l’avenir, le préparer, s’y préparer ?
Dans cette salle sont confrontés les ingrédients de notre représentation de l’avenir, nourrie de nos attentes mais aussi des promesses d’une médecine de plus en plus sophistiquée. Des images des exploits de cette médecine du futur, des témoignages, des vêtements de Jean-Charles de Castelbajac, qui détournent le vocabulaire hospitalier pour « donner une dimension ludique à un endroit qui effraie », des dessins d’enfants, un salon de rêverie, espace conçu par la plasticienne Lou Muriel Parnaudeau, s’offrent ici au regard et à la réflexion du visiteur.

L’exposition bénéficie du soutien de la Direction régionale des Affaires Culturelles d’Ile-de-France – Le Ministère de la Culture et de la Communication et du partenariat de France Culture.

Commissariat : Anne Nardin, Conservateur du Musée de l’AP-HP

Comité scientifique :

· Jacques Deschamps, Délégué aux Affaires Générales du Siège, Coordinateur du pôle Histoire-Ethique de l’AP-HP
· Marie José Imbault-Huart, Professeur émérite d’Histoire de la médecine
· Jean Isasa, Sous-Directeur honoraire des hôpitaux de l’AP-HP
· Jean Pierre Peter, Historien de la médecine, Directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales
· Lucien Sfez, Sociologue, Professeur à l’Université de Paris I Panthéon Sorbonne
· Françoise Salaün, Historienne, Direction Générale de l’AP-HP

Scénographie : Dominique Chouillou, « Espèces d’espace »

Renseignements pratiques

Musée de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris
Hôtel de Miramion – 47 Quai de la Tournelle 75005 Paris
tél : 33 (0)1 40 27 50 05- fax: 33 (0)1 40 27 46 48
e-mail : href= »mailto:musee-aphp@teaser.fr » – site : www.aphp.fr : consulter les pages « Histoire – Patrimoine »

Accès :
Métro : Saint-Michel, Cité, Maubert-Mutualité
Bus : 24 – 47 – 63 – 86 – 87

Horaires : ouvert de 10h à 18h, du mardi au dimanche, sauf lundis et jours fériés

Droit d’entrée :
– 20 francs
– demi tarif : étudiants, jeunes de 13 à 18 ans, carte Vermeil, groupes à partir de 10 personnes
– gratuité : enfants de moins de 13 ans, chômeurs, Rmistes, Invalides, appelés du contingent, journalistes, conférenciers. Accès gratuit le 1er dimanche du mois.

Accueil des groupes : réservation indispensable au 01 40 27 50 05

Publication: Catalogue : édition du Musée de l’AP-HP.
328 pages, 17 illustrations (couleurs ; noir et blanc), 23 dessins d’enfants, format 18 x 18 cm. Prix public : 150 francs

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