Confronté à de profondes difficultés locales (problèmes de surfaces, conditions d’hospitalisation inadaptées…) dans un environnement soumis à d’importants bouleversements (réforme de la gouvernance, plan Hôpital 2007, nouveau système de tarification, passage en accréditation…), le CHU de Pointe-à-Pitre a choisi la voie de la mobilité : anticiper les changements en cours plutôt que de les subir.
« Résolution capitale pour l’établissement qui souhaite moderniser ses installations, garantir son développement et consolider sa place de centre de référence au niveau régional, voire dans l’espace interrégional Antilles-Guyane. »… « Ceux qui auront vu derrière elle une réforme de fond et non pas un effet de mode auront cerné la dimension d’un enjeu aussi essentiel que concret. » affirme Arnaud Morel, Directeur adjoint qui explique dans un article à paraître dans le journal interne de l’établissement les différentes évolutions que connaîtra le CHU. Cet engagement s’inscrit dans le cadre des orientations arrêtées par le Directeur Général dans son
Plan d’action 2004-2007.
Elément majeur d’une réforme nationale, la nouvelle gouvernance hospitalière poursuite un triple objectif : une meilleure qualité de prise en charge du patient, l’adaptation permanente aux besoins de la population guadeloupéenne et la participation plus active de l’ensemble de la collectivité hospitalière à l’évolution de notre établissement.
Au programme : une nouvelle organisation de l’offre de soin, le partage des responsabilités et le développement d’une culture d’évaluation des résultats.
Tout d’abord, il s’agit d’adapter notre offre de soins par le regroupement des services actuels autour de pôles.
Le CHU de Pointe-à-Pitre, qui s’est engagé officiellement auprès des pouvoirs publics, va regrouper progressivement les services cliniques autour d’un nombre limité de pôles d’activité médicale. Tel est le principe fondateur retenu dans le projet médical. Les services prestataires devront également s’associer en pôles. L’objectif recherché consiste à rassembler les ressources (services, équipements, personnels, locaux) pour que la prise en charge du patient soit plus cohérente, plus efficace. A titre d’exemple, au sein d’un même pôle, les protocoles de soins seront harmonisés, l’utilisation des équipements sera optimisée, les services composant le pôle partageront une culture commune et autant que possible des locaux communs.
En termes de calendrier, et après la validation de la démarche par le Conseil d’Administration dans une délibération du 12 mai 2004, le premier pôle devrait être créé en décembre prochain, elle regroupera, l’urologie, la néphrologie et la greffe rénale. Les autres pôles seront créés ensuite progressivement de telle sorte que la nouvelle organisation de l’hôpital soit finalisée avant fin 2006.
Le partage des responsabilités se traduit par un management participatif de l’ensemble des hospitaliers. Le pilotage stratégique de l’établissement n’est plus l’affaire de la seule Direction Générale. Désormais, les grandes orientations du CHU sont préparées au sein d’un Conseil Exécutif composé à parité de représentants de la Direction, de la CME, et de la participation du Doyen de l’Université.
Les acteurs du terrain seront également davantage associés à l’évolution de leurs services rassemblés autour de ces pôles. Leurs personnels s’exprimeront au sein d’un Conseil de pôle chargé de l’élaboration du projet de pôle. C’est le responsable de pôle (par exemple un chef de service) qui sera en charge de la mise en oeuvre de ce projet.
Ce nouveau mode de fonctionnement, qui conjugue les principes fondamentaux de démocratie sanitaire et de responsabilité, part du postulat de base qu’il faut faire confiance aux personnels travaillant sur le terrain pour faire progresser l’hôpital. Application concrète du principe de subsidiarité, la gestion d’une partie des ressources humaines, physiques, financières sera déléguée au pôle. Le responsable de pôle s’engagera sur des objectifs qui figureront dans un contrat signé avec le Directeur Général et la Présidente de la CME. C’est ce que l’on appelle la contractualisation. Ce contrat de pôle mentionnera les moyens délégués au pôle afin de réaliser des objectifs quantitatifs (accroissement de l’activité, maîtrise des dépenses) mais aussi qualitatifs (baisse des infections nosocomiales, du taux de ré-hospitalisation…).
Tous ces efforts feront l’objet d’une évaluation des résultats pour s’assurer que cette nouvelle organisation s’est bien traduite par un gain pour le patient et une plus grande efficacité de l’hôpital.
Bénéfices pour le patient, le pôle et le CHU
Pour le patient, très concrètement, ce sera plus de qualité, plus de sécurité, des délais d’attente plus courts, des déplacements moins fréquents et au final un séjour à l’hôpital plus agréable et plus efficace pour l’amélioration de son état de santé.
Le pôle qui aura honoré son contrat se verra accorder un intéressement pour l’aider au financement de ses projets
Le CHU enfin y gagnera aussi puisqu’il dégagera des marges de manoeuvre précieuses et pourra consacrer davantage de moyens à son développement, à sa recherche, à l’innovation, à ses projets structurants ; modernisations indispensables dans un contexte de concurrence toujours plus forte vis-à-vis du secteur privé.
« Dans ce grand projet, ambitieux et passionnant à la fois, l’engagement de l’ensemble de la collectivité hospitalière est primordial car il conditionne le succès de l’évolution en cours. « Il n’y a de richesses que d’hommes », disait le philosophe Jean Bodin ; dans notre hôpital, ce sont les hommes et les femmes réunis dans ce projet qui ensemble doivent relever le défi de la modernité. Si cet état d’esprit est le nôtre, le CHU de Pointe-à-Pitre gagnera son pari et pourra s’engager sereinement dans un avenir construit au service de la population. » conclut Arnaud Morel.