« La patiente a vu son visage lundi matin et nous a remerciés » a déclaré le Pr Bernard Devauchelle. La morsure avait entraîné la perte complète des lèvres, du menton et de la pointe du nez avec des conséquences fonctionnelles importantes en matière d’élocution et de mastication. Aujourd’hui, la patiente mange, boit et parle clairement, elle a récupéré sa mobilité d’entraînement et sa mobilité musculaire mais il faudra attendre 4 à 6 mois pour qu’elle retrouve sa sensibilité.
Sans la greffe, la patiente aurait dû subir au moins cinq opérations pour un mauvais résultat fonctionnel. L’allogreffe de tissu composite est apparue comme le traitement le plus approprié. Pour faciliter la prévention du rejet, les équipes de transplantation ont associé une greffe de moelle osseuse de la donneuse au traitement immunosuppresseur.
Les équipes des Pr Jean-Michel Dubernard et Michallet assurent le suivi immunologique de la personne greffée au CHU de Lyon, à l’hôpital Edouard Herriot. Si le succès de la greffe se confirme, de telles opérations pourraient se renouveler a conclu le Pr Dubernard qui a annoncé le lancement d’un programme hospitalier de recherche clinique conjoint aux CHU de Lyon et d’Amiens pour développer cette technique. Cette technique pourrait changer la vie des malades défigurés par de graves brûlures ou par des traumatismes balistiques.
Dès la prise en charge de la patiente en mai dernier, le CHU d’Amiens avait entamé une démarche de protocolisation pour situation d’exception auprès de l’Agence de la Biomédecine. Cette intervention entre dans le cadre de l’avis rendu en février 2004 par le Comité Consultatif National d’Ethique. Ont également été consultés l’Agence française de sécurité sanitaire, l’espace éthique du CHU d’Amiens et le comité de protection des personnes de Picardie.
Enfin, il est également important de saluer l’acte de générosité de la famille de la donneuse et le travail des équipes de prélèvement qui ont recueilli son accord et ont prélevé le greffon durant plus de 5 heures.