Les réunions éthiques organisées dans le service de réanimation polyvalente ont été mises à l’honneur de la vingtième édition du colloque en soins infirmiers du CHU le 1er avril 2008. L’évaluation réalisée dans le cadre de cet espace de réflexion montre qu’il existe un avant et un après la loi Léonetti…
Suite à une demande forte des équipes paramédicales puis inscrite au projet de service, une réunion éthique hebdomadaire a été initiée au sein de l’unité de réanimation polyvalente fin 2004. Confortée par les recommandations de la Société de Réanimation puis par la loi Léonetti, cette action originale a bénéficié d’une évaluation de ses impacts auprès des personnels paramédicaux et de leur niveau de satisfaction.
Une première étude monocentrique rétrospective a comparé deux périodes de 3 mois, l’une avant la Loi Léonetti mais avec déjà en place une réunion éthique heddomadaire, et l’autre après la Loi Léonetti. L’analyse comparative des dossiers patients pris en charge pendant ces 2 périodes de référence a montré que les décisions prises depuis la Loi Léonetti n’ont pas fait augmenter le nombre de décès mais ont probablement modifié leur mode de survenue. Ainsi en 2006, le nombre de décès par arrêts des thérapeutiques actives (ATA) a augmenté significativement : 7 sur la période de 2006 contre 0 sur la période de référence de 2005 alors que le nombre de limitation des thérapeuthiques actives (LTA) est resté resté le même pour les 2 périodes.
L’étude fait aussi apparaître une notification exhaustive des décisions dans les dossiers. En 2005 50% des décisions étaient notifiées contre 100% en 2006.
Une enquête de satisfaction effectuée auprès des personnels paramédicaux a permis de repérer que la réunion éthique était encore un lieu difficile à investir par les paramédicaux tant au niveau de la présence que de l’expression pour diverses raisons. Des problèmes organisationnels sont évoqués pour expliquer la non présence à cette réunion mais jamais le manque d’intérêt. L’intégration de cette réunion dans les soins impacte en effet directement l’organisation paramédicale qui est soumise à des impératifs de continuité des soins, à l’organisation médicale et aux divers aléas. Autres éléments évoqués et vécus comme freinant l’expression des paramédicaux : la distribution de la parole, la parité de la parole et l’écoute de cette parole. Le repérage et l’analyse des difficultés ont permis depuis de faire évoluer cette réunion éthique. Des actions ont été mise en oeuvre pour s’affranchir le plus possible des problèmes organisationnels pénalisant la présence paramédicale. Ainsi l’anticipation des soins programmés sur le poste lui-même voire sur plusieurs jours est devenue progressivement une préoccupation paramédicale afin de faciliter le détachement des soignants paramédicaux sur le créneau horaire de la réunion.
Le renforcement de l’équipe infirmière le jour de la réunion est aussi effectif depuis Février 2007 avec un poste en journée (9H-17H).
Avec le recul, il s’avère que l’anticipation du travail médical reste diffcile et pénalise encore l’organisation paramédicale. En regard enfin des difficultés liées à l’expression des paramédicaux, l’animation de cette réunion permet de leur laisser un espace de parole. Pour les situations difficiles, le ressenti des soignants est systématiquement recherché par le médecin animateur et/ou le cadre soignant. Cette enquête a aussi vérifié que la réunion éthique par son abord collectif des problèmes éthiques constituait une aide pour les soignants dans les réponses qu’elle pouvait apporter à leur quête de sens. Ce temps de réflexion et de partage est vécu comme un espace de construction et d’apprentissage en équipe.