Pratiques avancées, masters, doctorats… 638 248 infirmières* de plus en plus spécialisées prennent soin de la santé des français. En cette rentrée 2015, elles s’étaient donné rendez-vous les 14, 15 et 16 octobre au 28ème salon infirmier, Porte de Versailles. L’occasion de faire le point sur les nouveaux challenges d’un métier qui conjugue soins techniques et relationnels, évaluation des pratiques et recherche. Rencontre avec Sylvie Gervaise, directrice des rédactions infirmières et commissaire déléguée du Salon.
Les 180 conférences, ateliers, sessions de formation offrent un large éventail des déclinaisons du métier d’infirmier… L’accent est mis sur les soins en pédiatrie, auprès des patients chroniques ou du grand-âge. Sont aussi abordées les transformations qu’entraîne la e-santé, au service de la traçabilité des soins de plaies ou des échanges sécurisés en mobilité… Autant de variations autour d’une pratique en constante évolution. Le fil rouge de toutes ces conférences reste la spécificité du raisonnement clinique infirmier. Cette compétence propre aux soignants qui leur permet d’avoir un avis distinct et indépendant sur l’état de santé d’un patient.
Cet avis peut s’appuyer sur une évaluation originale comme l’ont expliqué Ramin Morelle et Nicolas Brulez, IDE au CH Saint-Anne co-concepteurs d’une échelle de notation individuelle des compétences observables des patients. De même, Clément Zappa, IDE du Service de santé et de secours médical de Bordeaux, a rappelé l’importance de l’examen clinique (entretien clinique, examen physique), essence même du métier d’infirmier.
Au-delà du partage d’expertise, cette édition a mis l’accent sur la formation et les nouvelles alternatives soignantes avec des conférences scientifiques traitant notamment de la pédagogie par la stimulation ou des neurosciences et de la psychologie sociale appliquées aux pratiques infirmières ou de la consultation infirmière spécialisée en thérapies comportementales et cognitives exposée par Marie-Astrid Meyer IDE au centre hospitalier Ste Anne Paris. Ont également été débattues les questions toujours d’actualité sur la laïcité, la religion et les pratiques soignantes ou traitant du droit et de la responsabilité professionnelle.
"Chacun peut se réjouir de l’expertise renforcée des infirmiers au service de notre santé mais avec un bémol cependant remarque Sylvie Gervaise, les infirmières doivent rester vigilantes et ne pas reproduire les clivages qu’induisent la spécialisation dans les autres professions." Sylvie Gervaise note au passage qu’il existe des formations qualifiantes pour les IBODE (infirmier de bloc), IADE (infirmier anesthésiste), puéricultrice, IDEC (infirmier coordonnateur) mais pas de diplôme pour les infirmières spécialisées en soins palliatifs ou en éducation thérapeutique, domaines sensibles au cœur du métier de soignant.
Parmi les compétences spécifiques des infirmières, on retiendra aussi leur rôle en matière de santé publique. L’infirmière a toute sa place dans les actions de prévention et d’éducation du patient. En effet, sa proximité et son ancrage au sein d’une population qui a toujours une excellente image de cette professionnelle**, font d’elle une vigie attentive qui sait repérer les risques de santé pour le malade et les aidants et un relais précieux pour faire passer les messages de dépistage.
Dans un pays qui souffre de désertification médicale et d’un manque de lisibilité des parcours de soins, l’infirmière remplit naturellement une mission d’orientation, d’accompagnement, de coordination et d’évaluation, expertises encore mal reconnues aujourd’hui.
Pour en savoir plus
Salon Infirmier http://www.saloninfirmier.fr/
Prochain salon les 16, 17 et 18 novembre 2016
*Source Insee http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?ref_id=nattef06103
** 91 % des Français ont une excellente image des infirmières selon l’étude Connecting Nurses (Connecting-nurses.com) réalisée entre janvier et février 2015 auprès de 1 500 personnes dans 13 pays.