Une consultation de pathologie de l'environnement, destinée
à rechercher une éventuelle origine environnementale à des
pathologies aiguës ou chroniques s'est ouverte au sein de
la consultation de pathologie professionnelle du CHU de Rouen.
Ce projet, initié par le Pr Caillard en 1992, a été finalisé
au deuxième semestre de l'année 2000.
Pathologie
environnementale et pathologie professionnelle : une complémentarité
d'approche
Les polluants* sont souvent les mêmes (l'environnement a longtemps
été considéré comme un espace de dilution pour les polluants
industriels) et la « médecine de l'environnement » peut donc
bénéficier des connaissances acquises en médecine du travail.
De plus, les expositions peuvent survenir à la fois en milieu
professionnel et dans l'environnement, avec des effets additifs.
Enfin, les méthodes de mesure des expositions, développées en
milieu professionnel, sont applicables aux expositions environnementales
(en particulier les mesures précises de l'exposition individuelle).
Néanmoins, les populations cibles, les doses et les modes
d'exposition diffèrent.
Les populations exposées en milieu professionnel sont,
en général, des adultes en bonne santé alors que la population
générale comprend aussi des groupes particulièrement sensibles
tels que les enfants ou les personnes âgées.
Quant aux expositions professionnelles, elles sont discontinues
(8 heures par jour, 5 jours par semaine) alors que les expositions
environnementales sont susceptibles d'être continues. De plus,
les voies d'expositions peuvent varier. La voie aérienne est
souvent prédominante en milieu professionnel, alors que la voie
alimentaire peut être majoritaire dans l'environnement général.
Pour l'arsenic par exemple, l'exposition professionnelle sera
plutôt aérienne (lors de la fabrication de pesticides) et l'exposition
environnementale se fera par l'eau de boisson et entraînera
des localisations différentes de cancers.
Enfin, les doses reçues dans l'environnement sont en
général plus faibles que celles délivrées en milieu professionnel.
Cette différence, « historique », s'atténue néanmoins en raison
des progrès de l'hygiène industrielle et la question de l'effet
des faibles doses tend à devenir prédominante, tant dans l'environnement
professionnel que dans l'environnement général.
Des effets encore mal évalués
S'il est possible, dans certains cas, de déterminer avec certitude
un lien entre une exposition environnementale et une pathologie,
il faut parfois se contenter d'une réponse formulée en terme
de probabilité de la relation.
La certitude peut être acquise lorsque, en présence de signes
cliniques ou biologiques spécifiques, des dosages toxicologiques
peuvent être réalisés et qu'il existe une relation connue entre
la dose reçue et l'effet observé, par exemple avec certains
métaux (plomb, mercure).
Cela n'est pas possible lorsque le toxique considéré n'est pas
dosable dans l'organisme car il est « consommé » en produisant
son effet, ou lorsque les signes cliniques observés sont non
spécifiques.
Ainsi, la plupart des cancers ne présentent pas de particularité
histologique lorsqu'ils sont induits par une exposition environnementale
(exemple d'un cancer du poumon lié à l'exposition domestique
au radon ou d'une leucémie induite par une exposition au benzène
provenant des vapeurs d'essence).
De plus, il arrive que le lien entre le toxique et la pathologie
rencontrée ne soit pas fermement démontré, par exemple le risque
de leucémie ou de tumeur cérébrale induit par les champs électromagnétiques
ou de trouble de la fertilité en cas d'exposition à des substances
naturelles ou de synthèse ayant un effet mimant celui des oestrogènes.
Dans ces circonstances, il n'est possible d'indiquer qu'une
plausibilité de relation entre l'exposition environnementale
et la pathologie, qui reposera sur les caractéristiques de la
maladie (cancer du poumon survenant chez un homme jeune non
fumeur par exemple) et l'évaluation de l'exposition (mesure
des toxiques dans l'atmosphère, à domicile ou sur le lieu de
travail, ou dans les liquides biologiques).
C'est en tenant compte de ces paramètres, et en s'appuyant
sur la méthodologie d'évaluation des risques et des expositions
individuelles validées avec les polluants professionnels, que
la consultation de pathologie professionnelle du CHU de Rouen
a proposé d'élargir son champ d'activité à la pathologie environnementale,
en collaboration avec les différentes spécialités impliquées
dans la prise en charge médicale des pathologies concernées.
* on utilise plus de 100 000 produits chimiques dont la toxicité
est parfois mal connue. L'exposition à un seul polluant est
rare, il s'agit le plus souvent de mélanges plus ou moins complexes.
Pour
plus d'information contacter :
Rémi Heym - Responsable de la Communication CHU
de Rouen
1 rue de Germont - 76031 Rouen Cedex
Tél : 02.32.88.80.00. - Fax : 02.32.88.87.86.
Mel : remi.heym@chu-rouen.fr
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