Etre ou ne pas être donneur
Les Hospices Civils de Lyon comme tous les CHU ont,
outre leur mission de soins, d'enseignement et de recherche une
mission d'information et de prévention. Dans le cadre de nombreuses
actions d'information, ils initient ou relaient des campagnes de
santé publique. En matière de greffe et par conséquent de prélèvement
d'organes, il leur appartient de donner à tous les citoyens concernés,
l'ensemble des informations nécessaires pour que chacun puisse exprimer
sa volonté d'être donneur ou de ne pas l'être s'il est un jour concerné
par cette question difficile. Dans un contexte juridique mal connu,
il est souvent difficile d'aborder le sujet, dans un moment où les
familles sont le plus choquées.
Pour une prise de position de son vivant
La famille d'une personne en mort encéphalique témoigne
de l'opposition de son parent au prélèvement d'organes dans 37%
des cas. Ce refus peut, soit refléter l'opinion du parent s'il en
a parlé de son vivant, soit constituer une réponse réflexe donnée
dans un moment de douleur extrême à une question qui n'a jamais
été abordée et devant laquelle les familles se trouvent totalement
démunies. Une prise de position claire et connue de chaque individu
permettrait une augmentation peut-être significative des prélèvements
et donc des transplantations.
Les adolescents comme vecteurs du dialogue
Les HCL qui relaient depuis plusieurs années auprès des
professionnels de la santé mais aussi auprès du grand public l'information
sur le don d'organes ont souhaité cibler les jeunes afin qu'ils
initient dans leur environnement, familial en particulier, le dialogue
et la réflexion.
Cinq Lycées de l'Académie de Lyon se sont portés volontaires pour
participer au concours organisé conjointement par les HCL et le
rectorat de Lyon autour du thème : le don d'organes. Il s'agit,
pour le département de l'Ain, du lycée Carriat à Bourg en Bresse,
pour la Loire du lycée du Forez à Feurs et du lycée privé St Paul
à St Etienne, et pour le Rhône du lycée Ampère et du lycée privé
les Lazaristes à Lyon. Dans ces établissements scolaires, les classes
terminales, sous la responsabilité de leur Professeur de philosophie,
ont réfléchi aux différentes questions que peut poser à un jeune
l'acceptation ou le refus de faire don de ses organes en cas de
mort brutale. En classe de philosophie, il ne saurait s'agir d'organiser
une quelconque propagande en faveur du don d'organes, avec comme
objectif d'obtenir des adhésions, dans une décision qui relève strictement
de la conscience de chacun.
Mais le programme de philosophie des diverses séries du baccalauréat
comporte l'étude d'un grand nombre de notions (ex : la conscience,
les passions, autrui, la mort, l'imagination, la religion, le droit,
le devoir, la personne, la liberté, etc...) au cours de laquelle
une réflexion concrète et actuelle sur le don d'organes, et au-delà
sur la bioéthique, ce qui donne aux élèves l'occasion d'argumenter
et d'échanger, sous la conduite de leur professeur, afin de se former
librement un jugement indispensable à leur vie d'adulte et de citoyen.
C'est donc bien philosophiquement que cette question du don d'organes
est abordée, comme pour toute autre question travaillée lors d'un
cours de philosophie.
Pour éclairer ce débat, que les élèves pourront tout naturellement
prolonger hors du cours, tout spécialement avec leurs parents, les
professeurs peuvent faire appel à des médecins et chirurgiens des
HCL capables d'apporter des éléments d'information (juridiques,
médicaux, éthiques) susceptibles d'alimenter la réflexion et d'enrichir
la discussion. Des élèves volontaires pourront même se rendre à
l'hôpital pour assister, sur écran, à des opérations.
Tout ce travail aboutira à une dissertation de concours, qui sera
parallèlement comptabilisé parmi les travaux annuels de la classe.
Le sujet, formulé à la manière des sujets de baccalauréat, proposé
par deux inspecteurs et deux professeurs de philosophie en classes
préparatoires, sera choisi en accord avec les représentants des
HCL, et corrigé par les concepteurs eux-mêmes.
Les HCL et l'Etablissement français des greffes s'associeront à
d'autres partenaires pour récompenser toutes les classes ayant participé
au concours et primer les cinq meilleures copies. Une cérémonie
de remise des prix aura lieu en mai prochain au rectorat.
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