Les immunoglobulines préviennent-elles les complications
infectieuses suite à une allogreffe de moelle osseuse géno-identique
?
"Les immunoglobulines ne sont pas des médicaments anodins
ni dénués de risques puisqu'ils présentent notamment des problèmes
d'intolérance immédiate et d'insuffisance rénale. De plus ils
coûtent très cher et leur utilisation est très disparate d'un
centre de greffe à l'autre. Il est donc essentiel de savoir si
ce traitement sert à quelque chose" déclare le Pr Catherine Cordonnier
du service d'hématologie clinique d'Henri-Mondor, investigateur
coordonnateur de cet essai avec le professeur Eliane Gluckman,
chef du service de greffe de moelle osseuse à Saint-Louis.
Or il n'existe aucun consensus sur ce traitement, ni en France,
ni dans le monde. Pour connaître leur efficacité réelle, une étude
randomisée en double insu a été lancée en 1998 dans 23 centres
français de greffe. L'AP-HP est promoteur de cet essai financé
par son programme hospitalier de recherche clinique.
Un travail réalisé avec les infirmières
L'étude porte sur la comparaison de dosages différents
et inclut un bras placebo. Ce bras indispensable sur le plan méthodologique
a posé des problèmes techniques car les immunoglobulines produisent
de la mousse dans la perfusion ! C'est pourquoi le Pr Catherine
Cordonnier a travaillé avec la pharmacie centrale des hôpitaux
afin de trouver le moyen de cacher les flacons et les tubulures
de perfusion tout en garantissant une grande sécurité lors de
l'administration du produit.
Ce travail de mise au point a été réalisé avec l'aide des infirmières
des services de greffe de moelle osseuse et les pharmaciens hospitaliers
qui effectuent les reconstitutions des immunoglobulines. La logistique
de l'essai étant assurée par la Délégation Régionale à la Recherche
Clinique.
La méthodologie
L'étude porte sur 200 patients et quatre types de bras
(un bras placebo, un bras à 50mg/kg/semaine, un bras à 250mg,
un bras à 500mg) répartis dans les 23 centres français de greffe
de moelle osseuse.
Des patients recevront ce traitement avant et après la greffe
de J-7 à J+100. Les équipes étudieront non seulement le nombre
et la gravité des épisodes infectieux durant les six premiers
mois, mais aussi la fréquence des réactions éventuelles du greffon
contre l'hôte. Après deux ans d'essai, les trois-quarts des patients
ont été inclus dans l'étude. Les résultats seront connus en automne
2000.
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