Double réimplantation réussie

oct 2001
Huit heures ont été nécessaires afin de réimplanter, simultanément, le bras droit et l'avant-bras gauche, sectionnés lors d'un accident du travail. Une intervention qui a mobilisé 12 personnes autour du Pr Dautel, chef du service de chirurgie plastique et reconstructrice de l'appareil locomoteur.
Un mois après l'événement, la réussite est desormais totale.


« La première chose que j'ai faite en me réveillant a été de regarder mes bras » confie Patrick H depuis sa chambre d'hôpital à Dommartin Les Toul. Sans doute aurions-nous eu le même réflexe s'il nous était arrivé la même chose.

Originaire de Denain près de Valenciennes, ce soudeur à l'argon était en déplacement le 13 septembre dernier à Rambervillers dans les Vosges. Sa mission ce jour-là : effectuer une opération de maintenance dans l'usine d'incinération de déchets. C'est en se penchant à travers une trappe pour récupérer son casque que l'ouvrier a eu les deux bras sectionnés quasi totalement par un piston revenu en mouvement. Egalement blessé à la tête, Patrick H est pourtant toujours conscient et peut voir ses collègues lorsqu'ils essayent de l'extraire du conduit. Il ne faudra pas moins de deux palans pour dégager le piston. « Je n'ai pas eu mal, mais j'ai vraiment cru que j'allais mourir » explique-t-il aujourd'hui assis dans son fauteuil, les deux bras recouverts de pansements.

6 heures d'intervention au bloc opératoire
A son arrivée vers 13h30 au service de chirurgie plastique et reconstructrice de l'appareil locomoteur, Patrick H est attendu par l'équipe du Pr Dautel. « Lorsque nous avons accueilli le patient, il était choqué, stressé et avait perdu pas mal de sang » explique le chef du service. Il est immédiatement transféré au bloc opératoire, « la première chose que nous avons faite a été de suturer la plaie du cuir chevelu ». L'équipe médicale composée de douze personnes (quatre chirurgiens, deux étudiants en médecine en cours de cursus (externes), deux médecins anesthésistes, une infirmière anesthésiste, une infirmière instrumentiste et deux infirmières ) met en place les deux microscopes opératoires. Chaque équipe pourra ansi travailler sans délais sur chacun des deux membres.
L'intervention commence vers 15h30. Elle se terminera à 21h30. Le caractère bilatéral de l'amputation oblige à mettre deux équipes médicales en action réparties sur chaque bras du patient. Le Pr Dautel détaille « A droite, l'amputation du segment huméral (l'os du bras) était quasi totale. Par ailleurs, les lésions étaient contaminées en raison du lieu de l'accident. En fait, seuls subsistaient les trois troncs nerveux en continuité, ce qui nous permettait de garantir le retour de la sensibilité nerveuse à terme ».

Arthrodèse raccourcissante

Afin d'éviter la nécrose (mort) des tissus, il est nécessaire de rapidement revasculariser le membre. Pour ce faire, les équipes médicales stabilisent l'os en implantant deux plaques avant d'effectuer un pontage artériel à l'aide d'un greffon saphène prélevé dans la jambe du patient. A gauche, les lésions étaient plus importantes, le bras est gravement écrasé avec de multiples fractures du radius (os de l'avant bras).
Seuls les tendons étaient encore en place « nous avons alors effectué une arthrodèse raccourcissante (réduction de la longueur de l'os) afin de faciliter les temps de reconstruction ultérieurs » poursuit le Pr Dautel avant d'ajouter « le caractère difficile d'une telle intervention tient au fait qu'il fallait opérer sur les deux bras en même temps car le temps jouait contre nous. » C'est ce qui fait la rareté d?une telle réussite, est qu'il est difficile de pouvoir mobiliser deux équipes en même temps avec deux microscopes opératoires. Il arrive malheureusement souvent que l'équipe chirurgicale doive faire le choix du membre qui a le meilleur pronostic.

Une heure de rééducation par jour

Aujourd'hui Patrick H est sorti des soins intensifs et a commencé sa rééducation depuis trois semaines à raison de deux fois une demi-heure par jour. Son visage s'éclaire lorsqu'il explique avoir déjà retrouvé la sensibilité du petit doigt gauche et pouvoir bouger son pouce du côté droit. Il récupère progressivement son autonomie et grâce à quelques bricolages asticieux sur ses orthèses, il est en mesure de manger et de se servir de la télécommande pour allumer la télé.

Pour ce mari et père d'un petit garçon de sept ans, le plus important est désormais de poursuivre sa rééducation auprès de sa famille dans sa région d'origine.



Pour plus d'information contacter :
Dr Bertrand DEMANGEON
Responsable de la Communication
CHU Nancy
29, av du Mal de Lattre de Tassigny
54035 Nancy cedex
Tél : 03 83 85 14 78
Fax : 03 83 85 11 88
Mel : b.demangeon@chu-nancy.fr


© Copyright Réseau CHU - 2001, tous droits réservés - dernière mise à jour le 22 octobre, 2001 Webmaster