Numéro 1 - Décembre 1997

 

Les Infections NosocomialeS.

L'état des lieux : une enquête de prévalence

Menée en janvier 1996, une enquête de prévalence a permis de réaliser un " instantané " des infections nosocomiales au CHU.

Sur les 1 846 patients hospitalisés, 12,9% présentaient une ou plusieurs infections nosocomiales. Un chiffre qui peut paraître élevé mais qui s'explique par le caractère exhaustif du recensement effectué en particulier dans les unités de long et moyen séjour.

Médecine court séjour : 10,3%.

Sur ce total, près d'un tiers des infections avaient été acquises dans un autre service du CHU ou dans un autre établissement.

Réanimation et soins intensifs : 21,8%

Dont près de la moitié acquise ailleurs.

Chirurgie : 6,9%

Moyen séjour et rééducation :

18,8% de patients infectés nosocomiaux. Plus d'un tiers de ces infections avaient été contractées ailleurs.

Long séjour : 16% infectés nosocomiaux

Facteur de motivation pour l'ensemble du personnel, cette enquête permet de mieux cibler les causes d'infections nosocomiales et d'organiser les actions correctives adaptées.'hygiène est avant tout un préducation et d'évolution des pratiques.

L'hygiène est avant tout un problème d'éducation et d'évolution des pratiques

 

Le corps médical a sa part de responsabilité. Il a eu du mal à accepter qu'il puisse être source d'infections. Il a témoigné une hyperconfiance aux antibiotiques qui s'avèrent aujourd'hui inefficaces sur certaines bactéries multi-résistantes.

Ce n'est qu'en 1988 que la France a créé des Comités de Lutte contre les Infections Nosocomiales.

 

Le Comité de Lutte contre les Infections Nosocomiales

Le CLIN est l'organe central, responsable de l'organisation, de la lutte, de la prévention et de la surveillance des infections nosocomiales. Le CLIN travaille sur des thèmes de fond ou d'actualité comme la sécurité des actes à haut risque d'infections (sondage, cathétérisme vasculaire, la sécurité des zones potentiellement exposées, les techniques de désinfection....) Ces experts valident également les protocoles d'hygiène.

Enfin, ils remettent un rapport annuel au Directeur Général et au Président de la CME qui est ensuite transmis au C. CLIN et à la DDASS.

Chaque service devant programmer une diminution des infections nosocomiales, le CLIN les aide à coordonner leurs actions de prévention, de surveillance et de formation des personnels.

Pour mener à bien ce travail, le CLIN s'appuie sur l'unité d'hygiène qui vient de publier son livret d'hygiène, sur le GIRHH: Groupement d'Intervention Rapide en Hygiène Hospitalière et sur un réseau de 26 référents infirmiers en hygiène à la Fédération de Gérontologie.

Les 12 membres du CLIN : 10 praticiens, un pharmacien chef et une infirmière générale.

En quelques années, le dispositif de lutte contre les infections nosocomiales du CHU a élevé le niveau de sensibilisation à l'hygiène de son personnel.

Le lavage des mains : une règle d'hygiène élémentaire

 

L'unité d'hygiène

Créée en 1994, l'Unité d'Hygiène travaille en étroite collaboration avec le CLIN et l'ensemble des services hospitaliers. Cette unité comprend une technicienne surveillante chef, une infirmière hygiéniste et une secrétaire à temps partiel. A la demande du CLIN, l'unité d'hygiène participe à la mise en oeuvre de la politique de prévention des risques infectieux, aux contrôles d'environnement, d'hygiène générale, à l'élaboration et l'évaluation des protocoles.

Ses interventions dans les services dépendent des infections signalées. Dans tous les cas l'observation du terrain reste essentielle pour comprendre les raisons de la non application des protocoles : équipement inadéquat, insuffisance de connaissances sur les normes d'hygiène, changement de comportement difficile à adopter...

L'infirmière hygiéniste travaille également en collaboration avec le service biomédical, la restauration, la direction des affaires économiques pour le choix du matériel, la pharmacie, l'institut de formation en soins infirmiers...L'unité d'hygiène a mis au point un livret d'hygiène qui regroupe l'ensemble des fiches techniques et des protocoles d'hygiène validés par le CLIN. Leur respect dépend de la motivation et de l'implication du personnel.

A ce titre le travail des infirmiers référents de la Fédération de Gérontologie est exemplaire et pourrait être repris dans les autres unités.

La Fédération de Gérontologie dispose d'un réseau de 26 infirmiers référents en hygiène. Constitués en relais dès 1995 à l'occasion de l'enquête de prévalence, ils interviennent pour informer les équipes, les sensibiliser au respect des protocoles, recenser les problèmes d'infection et alerter l'Unité d'Hygiène et le CLIN. En 1997, leurs objectifs portent sur la prévention des escarres et l'évaluation du matériel de protection.

 

Groupement d'Intervention Rapide en Hygiène Hospitalière

Créé en 1992, le GRIHH rassemble la quasi totalité des services du CHU : de la logistique à la pharmacie en passant par les services médico-techniques, les services de soins et les écoles. Le GIRHH élabore des protocoles de soins, des techniques de nettoyage et de désinfection. Après validation par le CLIN, ces procédures sont ensuite présentées à toutes les équipes.

Groupement d'Intervention Rapide en Hygiène Hospitalière

Créé en 1992, le GRIHH rassemble la quasi totalité des services du CHU : de la logistique à la pharmacie en passant par les services médico-techniques, les services de soins et les écoles. Le GIRHH élabore des protocoles de soins, des techniques de nettoyage et de désinfection. Après validation par le CLIN, ces procédures sont ensuite présentées à toutes les équipes.

 

Seuls des équipements adaptés permettront d'appliquer les mesures adéquates

Le lavage des mains après chaque visite nécessite l'installation de points de lavages dans les chambres en commençant par les services à haut risque. L'isolement quant à lui requiert un aménagement particulier de plusieurs chambres dans chaque unité. Enfin le signalement de tout porteur de bactéries multi-résistantes implique la création d'un jeu d'étiquettes autocollantes de différentes tailles symbolisant le lavage des mains.

II est actuellement prouvé que la dépilation avant une intervention chirurgicale ne doit plus se pratiquer avec le traditionnel rasoir mais avec une tondeuse ce qui diminue le risque de survenue des infections de plaie opératoire.

 

Les bactéries multi-résistantes

Des bactéries sont progressivement devenues multi-résistantes à presque tous les antibiotiques connus avec un risque à court terme de résistance totale qui conduirait à une impasse thérapeutique. Ainsi, en France 30 à 40% des staphylocoques dorés sont résistants à la Méticilline, or ce taux tombe à 0,1% au Danemark grâce aux mesures systématiques d'isolement ou à une organisation stricte. L'élaboration d'une politique de maîtrise de la diffusion de ces bactéries constitue donc une priorité pour le CLIN.

 

Le coût des infections nosocomiales

En Europe, elle représenteraient 2 à 5 % des journées d'hospitalisation en court séjour, coûteraient en moyenne 6 à 9 000F. par cas et aborberaient 30 % du budget total consacré aux antibiotiques.