Restructuration en orthopédie-traumatologie

Numéro 3 - Juin 1998 
 

Restructuration en orthopédie-traumatologie

Le département d’orthopédie-traumatologie est une grande première mais sa création ne s’est pas faite sans douleur.

Pourquoi ce département ?
En 1996, les affections de l’appareil locomoteur représentent globalement un pôle d’activité important pour le CHU soit 15% de la production des points ISA (Indice Synthétique d’Activité) ; néanmoins, la situation de l’ortho-traumatologie répartie en deux services distincts A et B apparaît préoccupante. En effet, si au cours des cinq dernières années, le nombre total de séjours a augmenté de 6,5% parallèlement au nombre de K opératoires programmés +7,6%, on assiste en revanche à une baisse de la durée moyenne de séjour passée de 8,78 à 7,6 jours en A et de 6,6 à 5, 6 jours en B. L’efficacité des prises en charge qui se traduit par une diminution du nombre des journées d’hospitalisation - 13% pénalise en définitive l’établissement avec un taux d’occupation des lits insuffisant, passé de 75,1% à 67,1%. C’est ainsi, qu’un déséquilibre a été progressivement créé entre les possibilités opératoires et les capacités d’hospitalisation. Or, cet écart ne pouvait être comblé par une augmentation de l’activité opératoire dans le cadre de l’organisation traditionnelle des blocs et des unités de soins. Sur le plan économique, la surcharge due à la fois au coût d’une structure surdimentionnée, en partie inadaptée à la nature réelle de l’activité et au relatif sous-emploi du plateau technique, constitue un handicap inquiétant pour l’avenir.
Dans cette situation, deux alternatives ont été envisagées :
- soit supprimer purement et simplement un grand nombre de lits sur la base de 92 patients en moyenne pour 137 lits.
- soit organiser autrement l’activité pour soigner plus dans la même enveloppe financière, tout en conservant la qualité.
Enfin, il convient, pour éclairer la réflexion, de considérer deux indicateurs particulièrement significatifs :
- l’augmentation des consultations spécialisées (hors traumatologie d’urgence) : + 15,94% avec des délais entre la consultation et l’intervention s’échelonnant de un à six mois.
- l’importance 61% et l’augmentation régulière +11,5% des courts séjours de 1 à 4 jours très majoritairement programmés.
Une rationalisation inévitable
La première mesure de rationalisation a consisté à réunir les deux structures pour optimiser l’utilisation des moyens et des compétences dans le cadre d’une organisation nouvelle répondant plus largement, à coût constant, à la demande de soins et permettant à chacun de ses membres de bénéficier des spécialités des autres. Cette option avait aussi l’avantage de créer enfin une synergie dans le domaine de la recherche en vue de l’accréditation universitaire.
Le projet de département tel qu’il a été présenté en septembre 1997 par le Pr. Claude Vielpeau se voulait une réponse à ces ambitions avec pour préoccupation de conserver le rôle de référence régionale dans la discipline et de s’adapter aux mutations à venir dans les dix prochaines années. Ce projet a été adopté par le Conseil d’Administration après avis favorable de la Commission Médicale d’Etablissement et une abstention majoritaire du Comité Technique d’Etablissement. Ses principales orientations sont :
- la création d’une unité d’hospitalisation programmée à durée déterminée,
- la fermeture de 23 lits,
- l’augmentation des capacités des blocs opératoires.
L’adaptation de l’organisation
Ce projet ambitieux, justifié et nécessaire pour assurer l’avenir de l’ortho-traumatologie apparaissait simple sur le papier, humainement, il s’est révélé délicat à construire. Les changements furent menés dans un délai très court sans que l’on puisse les accompagner d’actions de communication approfondies. Aujourd’hui, chaque chirurgien dispose de “plages opératoires” régulées à partir d’une programmation informatisée gérée par un des praticiens hospitaliers du département. Aucun lit n’est spécifiquement attribué à telle pathologie ou à tel praticien ; il n’y a plus de “ territoire réservé “. Dans le pôle d’excellence dont il est le référent : Main-poignet-nerf périphérique-microchirurgie, Hanche, Endoscopie et chirurgie du sportif, Rachis, le chirurgien est responsable du patient qu’il opère, il en assure le suivi et établit son dossier de sortie. Les unités sont placées sous la responsabilité quotidienne d’un chef de clinique assisté par un interne. 
Bien que rationnelle, cette organisation bouleversa la vie des services. L’absence de territoire provoqua un éclatement de la notion d’équipe, les protocoles et procédures eurent tendance à se multiplier avec un effet déstabilisateur sur le fonctionnement interne. Pour le personnel non médical, la fonte de deux services en un pôle commun d’activités a entraîné une diminution des effectifs et un redéploiement de postes à l’intérieur du département et au sein de l’établissement. Les réunions d’information et la démarche de volontariat adoptée se révélèrent insuffisantes. De ce manque de concertation naquit un sentiment de frustration voire de négation chez certains personnels. L’inquiétude s’était installée. Les responsables durent procéder à des désignations contraires aux voeux des agents. Chacun mesurait l’ampleur du bouleversement et appréhendait l’obligation de mobilité permanente. Le mixage des équipes remit en cause des habitudes de travail en commun et des affinités personnelles parfois vieilles de vingt ans.

Renforcer la cohésion
Inaugurée en novembre 1997, cette structure est en constante évolution. L’urgence dans laquelle elle fut créée a généré des dysfonctionnements que les équipes de soins sont obligées de résoudre au mieux dans l’intérêt des malades. Actuellement, la programmation de l’activité en hospitalisation programmée à durée déterminée est encore irrégulièrement répartie. Il existe aussi un déséquilibre dans le poids des prises en charge soignantes entre unités de soins ; l’hospitalisation traditionnelle assurant systématiquement le suivi des cas les plus lourds et des urgences. Enfin, il reste encore à trouver le ciment qui assurera la cohésion nécessaire au bon fonctionnement du département dont l’élément essentiel est la rencontre de tous les acteurs autour d’un objectif commun de réussite centré sur le malade.

Les chiffres à retenir
Baisse de l’occupation de 1992 à 1996
Taux d’occupation : - 8,6%
Journées : - 12,7% 
Séjours de plus de 4 jours : - 17,6 %
Durée moyenne de séjour : - 25 %
Augmentation de l’activité
Total des séjours : + 6,4 %
K opératoires programmés : + 7,6 %
Consultations spécialisées : + 15,9 %
Séjours de 1 à 4 jours : + 30,9 %

Le département en novembre 1997 : 
144 lits soit 23 de moins par rapport aux services antérieurs.
Les lits sont répartis en quatre unités :
- Trois unités d’hospitalisation classique (deux unités de 32 lits et une unité de 26 lits)
- Une unité d’hospitalisation programmée à durée déterminée de 24 lits