Lutte contre la douleur - Drogue et sécurité routière - Commission de conciliation - Sida : dépistage auprès des patients d'un praticien atteint par le VIH - Nomination de Daniel Moinard à la tête du CHU de Toulouse 

Numéro 3  -  Juin 1998 
 

Une lutte quotidienne contre la douleur 

 

Le 7 mars, Bernard Kouchner annonçait un plan anti-douleur de trois ans. Au CHU de Poitiers, un centre récolte les fruits de neuf ans de combat sans trêve. 
Créé en 1989, le centre de traitement anti-douleur prend en charge des patients souffrant aussi bien du cancer, du sida que de migraine ou de lombalgie. L’équipe de quatre médecins (anesthésiste-réanimateur, acupuncteur, psychiatre et spécialiste de la douleur) examine, évalue et soigne la douleur chronique, qu’elle soit organique ou psychologique. Plusieurs thérapies sont adoptées pour circonscrire le mal : le traditionnel examen clinique, la réglette analogique, les tests d’évaluation et bien évidemment l’écoute. Le soulagement de la douleur est rendu possible grâce aux traitements médicamenteux, aux neurostimulateurs, aux patchs et à la relaxation. Prochainement, le centre sera équipé d’un matériel biofeedback qui permettra au patient de constater de manière visuelle ou sonore l’atténuation de sa douleur. 
Les mentalités évoluent - la recherche progresse  
Même si les médecins sont encore influencés par la culture judéo-chrétienne et considèrent la douleur comme normale, bon nombre d’entre eux ont déjà pris conscience de la nécessité de lutter contre la souffrance. Actuellement ce sont entre 350 à 500 médecins qui obtiennent chaque année un diplôme de traitement de la douleur. Pour les aides-soignantes et les infirmières au contact permanent avec les malades douloureux, le besoin de les soulager est devenu une priorité. Au service de cancérologie, elles ont été les premières à se former et à prendre l’initiative d’appeler le centre anti-douleur. Désormais les unités de pédiatrie, de dermatologie, d’hématologie, de gériatrie et d’ORL font aussi appel aux services de ces experts. 

Les comportements des professionnels évoluent et la recherche continue. 
“ La tendance actuelle est de fabriquer des conditionnements pédiatriques pour toutes ces technologies. En effet, la douleur des bébés n’est reconnue et donc traitée que depuis très peu de temps “ constate le Pr Diallo responsable du centre anti-douleur. 
Le réseau ville-hôpital  
Le recrutement du centre anti-douleur est principalement externe, 70% des patients sont adressés par des médecins généralistes. L’information circule entre praticiens hospitaliers et libéraux. En effet, il est important de renseigner le généraliste des traitements administrés à l’hôpital. “ Quand vous posez une pompe à morphine à un patient, mieux vaut que son généraliste soit au courant... “ précise le Pr Daban. 
Rencontre avec le public  
En avril, un colloque a réuni tous les spécialistes de la douleur. Entre deux conférences, les professionnels de la santé et le grand public avaient la possibilité de se familiariser avec les médicaments anti-douleurs : antalgiques, anti-inflammatoires, différentes pompes... “ Dans certains cas, la douleur peut être considérée comme une véritable maladie qui progressivement use le patient et finit par avoir des répercussions psychologiques “ explique le Pr Diallo. 
 

Drogue et sécurité routière 

 

Patrick Mura, médecin biologiste au CHU de Poitiers, préside la commission “ drogue, psychotropes et sécurité routière “, instance chargée de la préparation du projet de loi sur le cannabis au volant. Cet expert est formel : “ Au volant, le cannabis est le plus dangereux des stupéfiants visés par la loi : cannabis, héroïne et dérivés, cocaïne, amphétamines”
Parmi les principaux risques répertoriés on retrouve : la baisse de la vigilance, l’augmentation du temps de réflexe, l’altération de la coordination. Ces résultats proviennent d’ une étude menée dans cinq régions de France, sur cent soixante quatre accidents de la circulation graves ou mortels. “  Dans 16% des cas, des traces de cannabis ont été retrouvées dans les prélèvements, dans 3,50% des cas, les conducteurs avaient consommé une autre drogue, héroïne, amphétamine ou cocaîne et 60% d’entre eux avait aussi une quantité excessive d’alcool dans le sang “. Des conclusions qui serviront de base de réflexion au prochain débat parlementaire sur l’instauration d’un dépistage de la drogue lors d’accidents graves. 

Le CHU de Poitiers vient de mettre en place une commission de conciliation qui pourra être saisie par les malades ayant eu un problème à l’occasion d’une hospitalisation ou pendant un traitement. Le médiateur médical se mettra alors en relation avec le médecin concerné et devra apporter toutes les réponses aux questions. Le traitement des contentieux sera assuré par cette commission où l’on retrouve les deux administrateurs représentant les usagers. 
 

Sida : dépistage des patients d'un praticien atteint par le VIH 

Il y a neuf mois, le CHU de Poitiers lançait une campagne de dépistage général auprès des 938 patients d’un praticien atteint par le VIH et la tuberculose. Les tests étant confidentiels, seuls 40% des résultats sont connus. Ils n’indiquent aucune contamination. 
 

www.CHU-Poitiers.fr 

 

Le CHU de Poitiers en 150 pages Web. Les internautes sauront tout sur cet établissement, son histoire, renseignements pratiques, plan, photo des pavillons, descriptions des activités, listes des praticiens et coordonnées de chaque service. A terme, avec l’informatisation des médecins libéraux et l’arrivée de la carte Sésame Vital 2, le site internet du CHU deviendra un vecteur de diffusion de la formation continue, d’information sur les dossiers médicaux, données cryptées et accessibles aux seuls professionnels concernés grâce à la carte santé à puce. 
 

Nomination 
 
Daniel Moinard aura passé au total 22 ans au CHU de Poitiers. Directeur Général depuis 1992, il avait découvert l’établissement au début de sa carrière en tant que Directeur adjoint durant 16 ans. 
A 51 ans, il est nommé directeur général du CHU de Toulouse, le quatrième de France. Lors de la cérémonie de départ, chacun s’accordait pour reconnaître les mérites de ce “ bâtisseur “ et rendre hommage aux qualités humaines de Daniel Moinard, homme ouvert, sachant prendre les bonnes décisions au bon moment. “ En quittant le CHU de Poitiers, je laisse une partie de mon coeur. Je lui reste profondément, viscéralement attaché. Je continuerai bien sûr, de  l’extérieur et discrètement à suivre son développement. Je suis confiant en son avenir, en dépit des contraintes inévitables que nous vivons aujourd’hui. “ 
Le travail est loin d’être terminé. Si l’inauguration des satellites coeur-poumons et plateau technique est proche, le dernier projet reste à réaliser : Ramener la faculté de médecine sur le site de la Milétrie.