AMIENS
Cardiologie : un pôle d'excellence - Le comité de pilotage
qualité - Inégalités régionales : Pas terrible,
la santé en Picardie
Numéro 4 - Septembre 1998
La cardiologie : un pôle dexcellence
Le traitement des pathologies cardiaques constitue une des priorités
régionales du CHU dAmiens. En 5 ans, le nombre des interventions
chirurgicales sous circulation sanguine extracorporelle a doublé
et dépassera les 450 en 1998. La rythmologie(1) et léchocardiographie
(2) progressent. Cependant, ces pôles dexcellence sappuient sur
une technologie onéreuse et malgré un coût en dessous
de la moyenne générale des CHU, le nombre dopérations
cardiaques est limitativement fixé.
La cardiologie
Les activités de soins de la cardiologie recouvrent les maladies
coronariennes, les troubles du rythme cardiaque, les valvulopathies, laccueil
des détresses cardiaques ainsi que lensemble des troubles systémiques.
En 15 ans dénormes progrès diagnostiques et thérapeutiques
ont rendu possible des interventions aux âges extrêmes de la
vie. Spécialités dans la spécialité, il existe
une cardiologie du nouveau-né et de la personne âgée
Aujourdhui, on envisage même les dilatations coronariennes jusquà
lâge de 75 ans.
Réduire les inégalités
Jean-Philippe Lesbre, professeur en cardiologie, sinsurge contre la
logique des quotas. Passé de 425 en 1997 à 460 en 1998, le
nombre d'opérations cardiaques autorisées se révèle
encore trop limité. On ne pourra parler de pôle dexcellence
en cardiologie tant quexistera le goulot détranglement que représente
le quota en chirurgie cardiaque. 64% des picards qui doivent se faire opérer
en cardiologie le font hors de notre région.
"Il est anormal quil y ait des listes dattente à Amiens
et que la prise en charge puisse être immédiate à Paris
qui est suréquipé." Pr Jean-Philippe Lesbre.
Un état de fait qui nest pas sans poser des drames humains
épouvantables lorsque lévolution clinique péjorative
se déroule hors de la proximité familiale.
Pour remédier à cette situation, il convient daugmenter
le nombre de lits de réanimation et de chirurgie cardiaques. Un
troisième bloc opératoire apparaît indispensable. Quant
au quota de 460, il devrait atteindre le plus rapidement possible un chiffre
voisin de 600. Cet effort est dautant plus nécessaire que la pathologie
cardiaque reste la première cause de mortalité en France
avec une surmortalité en Picardie de 12% par rapport à la
moyenne nationale.
Capacité du service
96 lits de médecine
18 lits de chirurgie cardiaque
Prix de revient moyen par intervention de chirurgie cardiaque : 52
700 F
La cardiologie : Un secteur onéreux
L activité de cardiologie est par nature un secteur où
le coût des approvisionnements en fournitures ou articles à
usage médical est élevé. Ainsi le prix dun stimulateur
cardiaque varie de 9 500 à 17 000 F pour un stimulateur mono
chambre et de 22 000 à 26 000F pour un stimulateur double chambre.
Le service de cardiologie en a posé 216 en 1997.
Le prix dun défébrillateur cardiaque est élevé
: entre 115 000F et 150 000F lunité. Le service de cardiologie
en a posé 7 en 1997 et envisage den commander 12 en 1998. Lefficacité
du défibrillateur automatique cardiaque est proche de 100% dans
le traitement de la mort subite dorigine rythmique. Mais son coût
ne permet pas une implantation systématique.
La réadaptation des malades
Beaucoup de cardiaques avaient tendance à se considérer
comme invalides à vie. Labsence de reprise du travail et un sentiment
de dévalorisation, dautant plus destructeur chez lhomme qui accorde
une grande importance à sa force physique, entretenaient un syndrome
dépressif. Depuis le développement de centres de réadaptation
comme celui de Corbie, le taux de reprise de travail a considérablement
augmenté. Il est de 71% chez les sujets ayant présenté
un infarctus du myocarde.
Le Centre de Corbie est né en 1995, du projet médical
du CHU et de la nécessaire restructuration du service de chirurgie
générale du Centre Hospitalier de Corbie. Lunité
de 10 lits accueille en ambulatoire les patients cardiaques convalescents.
La Santé du coeur
La démarche de prévention suppose un travail en profondeur
et le rappel de messages simples tels que le suivi de lhypertension artérielle,
de règles dhygiène alimentaire, le traitement de lhypercholestérolémie,
la lutte contre la sédentarité. Des actions sont menées
en partenariat avec la Fédération de Cardiologie. Ainsi,
le concours Cur et tabac réservé aux élèves
de CME, est destiné à dégager des messages de prévention.
Les Clubs Cur et Santé, implantés dans plusieurs villes,
tentent de prévenir et dexpliquer les conséquences des maladies
coronariennes. Le Parcours du Cur vise à lutter contre la sédentarité
et la Semaine du Cur attire lattention sur les facteurs de risques. Enfin,
des expositions ayant pour thème le cur et la femme ou lhypertension
artérielle se déroulent dans le hall du CHU.
(1) La Rythmologie étudie les anomalies de la formation
et de la conduction de linflux électrique à travers des
activités cardiaques (tachycardie). Son ambition est de prévenir
la récidive dune anomalie rythmique ou de ses conséquences
potentiellement tragiques.
(2) Léchocardiographie doppler est une technique dexploration
du cur par ultrasons, non invasive, sans risque pour le malade. Elle fournit
une étude anatomique et cinétique précise du système
cardio-vasculaire.
Accréditation
Le CHU dAmiens, soucieux de la qualité à lhôpital
a constitué son Comité de pilotage qualité.
Représentants du corps médical, paramédical, technique
et médico-technique guideront le CHU sur la voie de laccréditation.
A charge pour cette commission de fédérer toutes les initiatives
et dispositifs qui relèvent de la qualité (qualité
réglementaire, Assurance Qualité, évaluation médicale,
certification ISO...)
Un calendrier détaille les différentes étapes
pour 1998 :
Mars/avril : présentation de la démarche aux instances
et à lensemble des cadres et du personnel.
Mai : Enquête
Juin : Choix des axes du Projet Qualité par le Comité
de Pilotage
Septembre : Présentation aux instances.
Octobre : Présentation du Projet Qualité aux cadres et
à l'ensemble du personnel.
Décembre : Point de la situation auprès du comité
de pilotage et des instances.
La Santé en Picardie : Pas terrible !
Un récent rapport du Conseil Economique et Social de Picardie
a mis en évidence les retards pris dans cette région dans
le domaine de la santé. Loffre de soins y est inférieure
à la moyenne nationale (avant-dernier rang) et les effectifs médicaux
y sont les plus faibles (dernier rang). La dotation en équipements
lourds semble être le seul aspect satisfaisant.
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