POITIERS

Recherche en cancérologie : le chromosome Philadelphie - Consultation infirmière en ORL - Des soins pour tous

Numéro 5  -  Décembre 1998 
 

Recherche en cancérologie : le chromosome Philadelphie


.
De nombreuses anomalies responsables affectent les chromosomes humains et sont à l’origine de certains cancers. 
Le laboratoire de génétique cellulaire et moléculaire du CHU de Poitiers et le département d’hématologie et d’oncologie développent actuellement un projet de recherche visant à améliorer le suivi thérapeutique de la leucémie myéloïde chronique. Ce cancer qui atteint les cellules souches de la moëlle osseuse et donc, par voie de conséquence, certains globules blancs est dû à une translocation chromosomique, c’est-à-dire à un échange de matériel génétique entre deux chromosomes. Cette translocation donne lieu à un caryotype anormal dans lequel apparaissent non plus deux paires de chromosomes 9 et 22 mais un chromosome 9 et un chromosome 22 normaux et deux chromosomes hybrides 9-22 (dont l’un est appelé le chromosome Philadelphie).
“Aujourd’hui, l’analyse des chromosomes ne suffit plus, explique Alain Kitzis, professeur à la faculté de médecine et de pharmacie de l’Université de Poitiers et directeur de laboratoire. Nous avons donc mis en place une méthode permettant de quantifier le gène hybride ber-abl, présent sur le chromosome Philadelphie. Nous utilisons des techniques de biologie moléculaire et en particulier la PCR (polymerase chain reaction). Par réaction, ce gène ou une partie de celui-ci est amplifié de manière considérable ce qui permet sa détection même s’il n’est présent qu’en très petite quantité. On peut ainsi détecter un globule blanc anormal sur 100 000 voire sur 1 000 000.”

Un meilleur suivi de l’efficacité thérapeutique
Jean-Claude Chomel, praticien hospitalo-universitaire dans le laboratoire de génétique cellulaire et moléculaire a développé le dosage du gène ber-abl par biologie moléculaire. Il a ensuite mis en place un diagramme pour suivre l’évolution de la quantité de gène ber-abl dans le temps. Ce procédé lui permet de distinguer non plus deux mais trois états d’évolution de la leucémie myéloïde chronique. Il existe en effet un stade intermédiaire d’évolution de la maladie, apparemment stable pour le médecin mais en réalité non satisfaisant pour le biologiste moléculaire. Le rôle de ce dernier est alors d’informer le thérapeute qui pourra modifier le traitement afin d’obtenir une meilleure efficacité.
Les travaux sont réalisés avec le soutien financier de l’Arc..
Cette recherche a fait l’objet d’une publication dans LEUKEMIA en 1998.
 

Consultation infirmière en ORL

 

L’annonce d’une intervention chirurgicale mutilante est toujours un choc pour le patient et son entourage. De plus, le futur opéré n’a pas toujours le temps de formuler les questions qui lui viennent à l’esprit durant la consultation médicale. 
L’infirmière qui écoute : point de référence du malade et de sa famille
La consultation infirmière a été créée sur l’initiative des soignantes afin de faciliter l’expression des souhaits, des craintes, des incompréhensions du malade et de sa famille. Durant un entretien d’une à deux heures, l’infirmière reprend les explications concernant l’intervention. Elle répond aussi aux interrogations concernant le retour à domicile, la rééducation vocale, l’avenir professionnel, le sevrage alcoolotabagique, les remboursements... L’infirmière présente ensuite le service et les professionnels qui vont s’occuper du malade. Ainsi informé, préparé, rassuré, le patient redevient un acteur dans son processus de santé. 

De l’énergie pour faire face
Pour la personne trachéotomisée et son entourage, les moments de découragement ne manquent pas mais ils ont au moins l’assurance d’avoir une interlocutrice toujours disponible pour des conseils de diététique, d’hygiène ou tout simplement pour rassurer. Moins de stress, une meilleure communication au sein de l’équipe, un enrichissement réciproques... sont les bienfaits de cette nouvelle façon d’aborder les soins. 
Actuellement, les infirmières travaillent au renforcement du réseau médecin traitant-infirmière libérale car ces collaborateurs de la vie quotidienne participent aussi à la réinsertion du malade.
 
 

Des soins pour tous : les différentes étapes du projet ville-hôpital


 

Il ne suffit pas de poser un diagnostic ni d’écrire une ordonnance, encore faut-il s’interroger pour savoir si la personne qui est en face de nous a les moyens matériels et psychologiques de suivre un traitement” reproche Ghislaine Beneteau assistante sociale au CHU de Poitiers et elle poursuit “ Lorsque les revenus d’une personne sont trop faibles, celle-ci retarde le moment de se faire soigner car, sans couverture sociale ni mutuelle, les soins reviennent à un prix exorbitant surtout les soins dentaires ou d’opticien. “ 
Pour répondre le plus efficacement possible à la demande de soins des populations démunies, le CHU de Poitiers a initié des partenariats avec les interlocuteurs privilégiés que sont la DASS, la Ville de Poitiers et les organisations humanitaires. 

Des points d’accueil diversifiés et des services sur mesure
Dès octobre 1996, une convention a été passée avec la DASS pour les hospitalisations de moins de trois jours de personnes sans résidence stable, étrangers sans titre de séjour, gens du voyage. 
Depuis un an, une cellule spécialisée composée d’une assistante sociale et d’un agent administratif offre un accueil et une prise en charge immédiate aux personnes en difficulté, ce service leur évite de déambuler d’un guichet à l’autre et d’expliquer plusieurs fois leur situation. Les soins nécessaires sont dispensés avant même que les droits sociaux soient totalement rétablis. Cette cellule travaille en tandem avec la cellule précarité de la sécurité sociale, ce qui permet de résoudre rapidement et efficacement des démarches qu’un patient n’aurait pas eu le courage d’entamer. De plus, quand les difficultés financières persistent, le traitement prescrit est délivré par la pharmacie du CHU. 20% des personnes reçues par la cellule d’accueil spécialisé sont suivis durant plusieurs mois, temps nécessaire au rétablissement de tous leurs droits. La cellule s’attache aussi à former le personnel administratif et soignant pour qu’il puisse identifier ces patients et leurs besoins. 
Il existe enfin un autre point d’accueil en ville tenu par Médecins du Monde qui propose des consultations gratuites aux personnes en rupture avec la société. En 1997, les relations avec les spécialistes hospitaliers ont été formalisées par la mise à disposition de 15 d’entre eux. Une convention individuelle précise qu’ils effectuent leurs consultations dans les locaux du centre ville sur leur temps d’intérêt général. 

L’ouverture l’an prochain du Pôle Santé Social permettra de développer le travail en réseau avec la médecine libérale, la ville et le secteur associatif à vocation sociale et humanitaire. Le CHU de Poitiers y contribuera dans le domaine médical et social.