POITIERS
Interview de Jean-Pierre Dewitte, Directeur Général
- Don du Sang de cordon - Cancérologie
Numéro 6 - Décembre 1999
Interview de Jean-Pierre Dewitte, Directeur Général
.
Jean-Pierre Dewite, Directeur Général nommé
en septembre 98 à la tête du CHU de Poitiers, livre ses premières
impressions à CHU Magazine, le journal interne de l’établissement.
“Ce qui frappe au premier contact, c’est le côté accueillant
du CHU de Poitiers, l’hôpital est propre, bien entretenu et les personnels
ont une volonté marquée d’accueil. On trouve ici une valeur
humaine profonde. Nous ne sommes pas dans une usine à soins mais
on sent que la qualité de vie ici fait que les gens aiment leur
travail.”
Jean-Pierre Dewite évoque également les prochains chantiers.
“Il y a une grande dispersion des activités, les grands travaux
nécessaires à la mise à niveau de l’établissement
sont réalisés, il va nous falloir travailler à présent
sur l’organisation dans un souci de fédération et sur les
complémentarités entre services. Il faut dépasser
le cadre étroit de la notion de service pour avoir une vision plus
fédérative”
Enfin il analyse le rôle du CHU dans son environnement.
“Le Centre Hospitalier Universitaire est l’acteur principal de la restructuration
sanitaire de la région...Nous devons satisfaire nos missions de
proximité mais aussi assurer notre vocation d’établissement
de référence pour les autres structures, sans condescendance
mais en confortant cette mission. Nous avons d’autre part un rôle
à jouer dans le domaine de la santé publique. Sa promotion
ne peut se faire qu’en complémentarité avec la médecine
libérale. C’est une dimension sociale à ne pas négliger.”
Le Directeur Général souhaite également valoriser
le U du C.H.U. “En liaison étroite avec l’Université nous
devrons progresser en matière d’enseignement médical et paramédical
mais aussi en formation continue. Parallèlement nous allons conforter
en la structurant la recherche clinique. Nous avons là un virage
à prendre très rapidement.”
Don du sang de cordon : Donner la vie et en sauver une
autre
La greffe du sang de cordon est une pratique récente puisque
la première greffe remonte à 1987. Cette technique consiste
à utiliser le sang issu du placenta à la place de la moelle.
Les cellules médullaires du sang de cordon présentent des
qualités particulières, elle se multiplient en laboratoire
sans qu’il soit nécessaire d’ajouter des facteurs de croissance.
De plus, elles sont mieux tolérées par le receveur car elles
disposent d’une immaturité immunologique. Enfin, elles se prêtent
aisément à l’implantation d’un gène. On peut ainsi
traiter certaines maladies congénitales diagnostiquées in
utero.
Au CHU de Poitiers, les prélèvements de sang de cordon
se pratiquent depuis mai 1997. Plusieurs acteurs contribuent à
la réalisation de cette banque. D’abord les futures mères
volontaires que le Dr Dominque Alcalay, responsable du laboratoire d’histocompatibilité,
informe sur la nature de l’acte et sur la procédure à suivre
: un entretien médical et des analyses sérologiques du sérum
pour écarter toute possibilité de transmission des hépatites
B et C et du SIDA. L’équipe spécialisée intervient
ensuite, elle prélève le sang de cordon très rapidement
après l’accouchement. Enfin, le médecin traitant est aussi
impliqué puisqu’il devra, en accord avec la mère, signaler
par une mention spéciale figurant sur le carnet de santé,
toute maladie survenant avant les 3 premiers mois de la vie de l’enfant.
Un protocole rigoureux
Une numération de toutes les cellules est pratiquée.
On détermine alors le groupe tissulaire des cellules recueillies.
Le prélèvement est congelé au laboratoire de cryobiologie
dans les 24 heures. Les analyses virologiques de la mère sont effectuées.
On recherche aussi le groupe sanguin de l’enfant. Enfin six semaines après
l’accouchement, la mère devra refaire un bilan sérologique.
Ce n’est qu’après s’être assuré qu’il n’existe aucune
contre-indication chez la mère ni chez l’enfant que le produit obtenu
pourra être utilisé. Il sera alors stocké pendant des
mois ou des années sans s’altérer.
Peu de résultats
Entre le consentement de la future mère et le prélèvement
validé et congelé, plusieurs facteurs peuvent faire renoncer
à la poursuite du protocole. En effet, sur 140 recrutements en juillet
98, 56 cordons avaient été effectivement prélevés
et seulement 19 validés. Treize prélèvements étaient
en attente de validation et deux présentaient une contamination
bactériologique ce qui annulait leur validité. Huit prélèvements
n’avaient pas été congelés soit parce que leur volume
était insuffisant, soit parce qu’ils présentaient une contre-indication
biologique.
La majorité des cordons n’est pas prélevée
La principale cause de non prélèvement est l’accouchement
le week-end puisqu’il n’y a pas de technicienne d’astreinte pour la préparation
du prélèvement. Cet acte dure environ 3 heures avec la congélation.
Mais il peut y avoir d’autres raisons : une contre-indication médicale
ou biologique avant l’accouchement, une césarienne, une surcharge
de travail en salle, un accouchement par le siège...
Cancérologiel
Le CHU de Poitiers vient d’adhérer à la Fédération
Nationale de Cancérologie des Centres Hospitaliers Régionaux
et Universitaires*.
La fédération participe à l’élaboration
d’une politique de santé publique par la prévention, le dépistage,
le diagnostic, le traitement des cancers mais aussi par la création
de réseau et la coordination de l’action des CHU au niveau national.
Elle a également pour mission de favoriser la mise en commun de
protocoles, d’encourager la recherche et l’enseignement...de faire reconnaître
le rôle des CHU en matière de lutte contre le cancer. Enfin
elle intervient aussi dans les domaines de l’évaluation, de l’accréditation.
Recherche.
Michel Lucas, Président de l’Association pour la Recherche sur
le Cancer (ARC) est venu en novembre 98 au CHU de Poitiers pour participer
à une rencontre organisée autour des travaux de recherche
appliquée du Pr François Guilhot. A cette occasion, Michel
Lucas a précisé le nouveau fonctionnement de l’association
qui a consacré 70% des fonds versés à la recherche
en 1998. 26 projets ont reçu une subvention. Pour sa part, le Professeur
Guilhot a obtenu une subvention de 400 000F pour la mise au point d’une
nouvelle thérapeutique qui associe deux types de médicaments
: l’interféron et une chimiothérapie cytarabine. Sont concernés
les malades atteints de leucémie myéloide chronique soit
500 à 600 nouvelles personnes par an. La survie des patients ayant
ainsi traités est passée à 7 ou 8 ans voire 12 ans
pour certains. L’équipe de Poitiers collabore avec 66 services et
200 médecins sur l’ensemble du territoire.
*Date de création de la Fédération Nationale de
Cancérologie des CHRU : 20 juin 1998
Président : Pr Clavier, Président de la CME et Chef de
Service de Pneumologie de l’Hôpital Morvan du CHU de Brest
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