SAINT-ETIENNE

Recherche clinique - La médecine, un métier tragique - 
Violence, travail et environnement

Numéro 6  - Mars 1999 
 

La recherche clinique

La recherche clinique constitue une vocation à part entière inscrite par le législateur dans la triple mission de soins d’enseignement et de recherche des Centres Hospitaliers Universitaires.

Pôle d’excellence, la recherche au CHU-Hôpitaux de Saint-Etienne affiche un bilan très honorable.

En 1997-1998, les sept projets présentés par le CHU-Hôpitaux de Saint-Etienne, sélectionnés par la Délégation Régionale à la Recherche Clinique*, ont tous été retenus par le Ministère de la Santé pour un budget total de 4 500 000 F, le plus gros budget accordé aux CHU de même taille.

L’impulsion déterminante du CHU
Au niveau local, pour encourager l’émergence de nouvelles équipes et aider à la mise en œuvre de projets de recherche de grande valeur scientifique mais que l’industrie pharmaceutique ne désire pas promouvoir, la Direction Générale du CHU a doté la recherche clinique de crédits propres. Une dotation annuelle de 500 000F a permis de financer 12 projets locaux en 95 et 10 en 96.
Et hors appels d’offres internes, le CHU-Hôpitaux de Saint-Etienne a financé 59 projets de recherche “orphelins” depuis 1991.

Une émulation collective autour de la recherche
L’enthousiasme des équipes, l’amélioration de la qualité scientifique des travaux, la constitution de réseaux locaux, régionaux et nationaux ont été favorisés par la mise en œuvre des appels d’offres. La volonté d’affirmer ainsi la vocation universitaire des CHU a créé une synergie entre le corps médical, le personnel paramédical et l’administration.

*L’élargissement des missions de la délégation régionale à la recherche clinique 
En 1997, le Ministère de la Santé avait décidé de donner une nouvelle impulsion à la recherche médicale en mobilisant les acteurs hospitaliers autour des innovations diagnostiques et thérapeutiques et en leur offrant la maîtrise des moyens financiers. Le Ministère a élargi les missions dévolues aux Délégations Régionales à la Recherche Clinique en leur transférant la responsabilité de sélection des projets dans le cadre de la définition d’une politique de site. Ces délégations sont composées de représentants de la direction, de personnels hospitalo-universitaires et de praticiens hospitaliers désignés par la Commission Médicale d’Etablissement et par le Conseil Scientifique de la faculté de médecine auxquelles viennent s’ajouter des praticiens des hôpitaux périphériques. Celles-ci doivent inciter les équipes hospitalières à proposer des dossiers et les aider à les mettre en forme et à respecter les bonnes pratiques cliniques et enfin évaluer les résultats obtenus.

Pour l’année 98-99, l’appel d’offres du Programme Hospitalier de Recherche Clinique (PHRC) lancé fin 98 concerne :
- la toxicomanie
- la lutte contre la douleur
- les soins palliatifs
- la gériatrie
- la psychiatrie
- les études d’impact de notre système de santé, à savoir l’évaluation par la recherche des stratégies diagnostiques et thérapeutiques les plus lourdes (greffes, stimulateurs cérébraux...), les études sur la santé des malades (courbes de survie...), par la recherche sur de nouveaux outils de mesure de la performance des établissements de soins (réseaux) et les effets des lois bioéthiques sur la démarche de recherche clinique afin de faire évoluer les dispositifs législatifs.
 

La médecine, un métier tragique

Colloque médecine interne

Médecine interne au carrefour de toutes les médecines
Le malade qui pose un problème de diagnostic difficile ou dont la pathologie relève de plusieurs spécialités ou qui souffre d’une maladie rare relève alors de la médecine interne. Les “internistes” se situent entre les spécialistes et les généralistes, leur savoir porte sur la médecine des ensembles et leur permet une prise en charge globale de la personne, dans sa dimension psychologique et sociale.

La souffrance n’est pas divisible.
Du 9 au 12 décembre 1998, 600 personnes se sont retrouvées en congrès à Saint Etienne pour étudier l’athérosclérose, la plainte mnésique, l’étude des formes familiales du lupus et du syndrome des antiphosphodiques, mais aussi pour s’interroger sur la médecine psychosomatique et les maladies génétiques à l’âge adulte. Les professeurs Hugues Rousset et Régis Gonthiers présidaient cette rencontre qui accueillait un invité inhabituel : le philosophe matérialiste André Comte-Sponville. 

La médecine, un métier tragique
Lors de la séance inaugurale André Comte-Sponville s’est interrogé sur la relation entre philosophie et médecine, sur la confusion entre bonheur et bonne santé et sur les liens qui soudent le corps et l’âme. Il a rappelé que la médecine est devenue une science, ce que ne sera jamais la philosophie, car “dès lors qu’un problème est scientifiquement résolu, il cesse d’être philosophique”. Selon lui, le fossé s’est encore creusé depuis que l’âme a trouvé ses thérapeutes en la personne des psychiatres. Enfin, interpellant les spécialistes qui utilisent des techniques scientifiques parfois lourdes et invasives, il les invite à “ne pas laisser la douceur aux médecines douces”.
Les médecins doivent être philosophes, plus que beaucoup de gens car confrontés au pire, ce qui fait de la médecine un métier tragique.” André Comte-Sponville.
 

Violence, travail et environnement


 

Le 27 novembre 1998, le Pr Michel Debout, chef du service de médecine légale au CHU de St Etienne et Président de l’association “violence, travail et environnement” organisait un colloque sur ce thème. 

300 personnes ont répondu à l’invitation : responsables d’entreprises dont les salariés sont victimes de violences, banques, transports, Education Nationale, grande distribution... et tous ceux qui les soutiennent, psychologues, médecins du travail, médecins hospitaliers, associations d’aide aux victimes, police, justice... Pour lutter contre la violence dans le travail, le service de médecine légale du CHU de Saint Etienne propose un véritable accompagnement. Le CHU Saint Etienne fait d’ailleurs figure de pionnier dans ce domaine car il a signé début 98, un protocole avec la Société de Transport de l’Agglomération stéphanoise (STAS) et l’Association d’Aide aux victimes d’agressions. Ce texte prévoit une intervention rapide afin d’assister les salariés victimes. 

Il n’est pas question qu’une victime soit laissée à l’abandon car rien n’est pire que ce sentiment.” Michel Debout
“L’agression devient une des premières causes d’arrêt de travail dans les entreprises de transport” explique Michel Debout. Aujourd’hui, l’entreprise prend conscience que la sécurité est l’affaire de tous. Nous intervenons pour préparer l’entreprise et ses cadres aux situations de violence et pour mieux mesurer leur retentissement humain, social et juridique “. Michel Debout est le rapporteur d’une étude sur les violences subies par les personnes au travail. Cette étude sera présentée devant le Conseil économique et social au printemps prochain.