TOULOUSE

La médecine, l'hôpital et la société - Prise en charge de la douleur - Rythme cardiaque
 

Numéro 6 - Mars  1999 
 

La médecine, l’hôpital et la société

Suite à la publication des palmarès et guides sur les hôpitaux, le CHU de Toulouse a mené une réflexion dans son journal interne sur l’évolution des relations entre la médecine, l’hôpital et la société. En voici quelques extraits :

“Le consumérisme se généralise, le malade devient un client qui veut des garanties de qualité et de sécurité dans tous les domaines pour éclairer son choix. Les établissements hospitaliers doivent relever ce défi et mettre en place les stratégies et organisations nécessaires... C’est une révolution culturelle dans le monde médical car la pratique repose sur une conception historiquement individualiste de la médecine. Or le médecin ne peut plus se contenter d’assener sa vérité médicale à son patient, il doit informer, expliquer, faire partager sa conviction. C’est un nouveau comportement, une autre forme de pratique médicale, plus collégiale, s’appuyant sur un réseau de compétences. Parallèlement, on passe d’une obligation de moyens à une obligation de résultats. Entre les deux sont apparues l’obligation d’information et de précaution... La communication en direction des usagers comme du personnel soignant est devenue essentielle...”  Daniel Moinard, Directeur Général

“Sciences et Avenir a utilisé les données disponibles pour satisfaire une demande légitime et à laquelle le ministère de tutelle aurait dû répondre. Un certain retard a été pris en France, ce qui justifie le travail de fond que mène l’ANAES. Les sociétés savantes ont aussi un rôle à jouer dans cette évaluation. Les Conférences des directeurs généraux et des présidents de CME qui ont formulé des réserves sur la méthode utilisée par Sciences et Avenir, travaillent à faire progresser cette démarche... La qualité a toujours été recherchée dans l’exercice médical, elle dépend non seulement de l’acte médical mais aussi de son environnement. La qualité relève d’une approche globale dans laquelle entrent aussi bien la restauration que le sourire de l’infirmière. La difficulté est donc grande à évaluer cet ensemble.”  Jacques Ghisolfi, Président de la CME

L’enquête de Sciences et Avenir a le mérite d’aller ou d’essayer d’aller au cœur du problème de la qualité des soins, alors que trop souvent, notamment dans la démarche d’accréditation, on se préoccupe de questions que l’on peut, pour beaucoup, qualifier de “marginales” par rapport à l’objectif essentiel de la médecine... Et pour le futur mieux vaudrait répondre à l’incontournable besoin d’information avec des moyens adéquats, que se retrancher dans une critique stérile des moyens utilisés par cette revue“. Pr Jean Escat.

“Nous devons être admiratifs du travail que trois journalistes ont été capables de réaliser en quelques mois. Toutefois, ce travail reste imparfait car les trois critères utilisés sont discutables ou tout au moins insuffisants pour rendre compte de la qualité d’un hôpital. Le manuel d’accréditation compte 200 critères alors que les Américains en sont à 1200... Chacun doit comprendre que la démarche qualité, l’évaluation des pratiques, sont les seuls critères qui valoriseront l’hôpital de demain “ Bernard Guiraud-Chaumeil, Président de l’ANAES.

“Vitrine du monde, formidable réservoir de scoops médiatiques aux retentissements affectifs et sociaux considérables, l’hôpital, lorsque la crise se déclare, doit s’attendre en toute logique à être aussitôt porté sur le devant de la scène médiatique... Investir en communication préventive, c’est gagner du temps, établir des positions claires sur un terrain connu et maîtrisé. Ceci suppose un progrès culturel, un état de vigilance permanent et la mise en place d’outils adaptés et disponibles. La gestion de l’exception se prépare dans celle du quotidien.”
Marie-Claude Sudre, Déléguée à la Communication.
 
 

Prise en charge de la douleur


 

Trop longtemps oubliée, la lutte contre la douleur est aujourd’hui une priorité nationale. Douleur post-opératoire, douleur chronique ou aiguë en pédiatrie ou en gériatrie, la prise en charge de la douleur n’est pas un concept théorique ; elle nécessite une organisation, des infrastructures et des compétences. La douleur est désormais inscrite au programme des études médicales et du personnel soignant. Au CHU de Toulouse, les initiatives se multiplient, elles reflètent un profond changement de mentalité.

Le centre d’évaluation et de traitement de la douleur apparaît comme le point d’orgue du dispositif hospitalier toulousain. 

Unique en Midi-Pyrénées, le centre regroupe une consultation multidisciplinaire et des lits d’hospitalisation.
Il remplit également un rôle de recherche d’enseignement universitaire et de formation. La plupart des patients sont adressés par des médecins généralistes. Les praticiens de ce service répondent quotidiennement à la demande extérieure et se déplacent aussi dans l’hôpital. 

Rechercher la souffrance c’est encourager l’écoute auprès de chaque patient. “Nous venons de vivre 25 années d’une médecine hypertechnique, plaide le Pr Lazorthes, Chef du Centre de la douleur. Nous avons fait des progrès, certes, mais nous sommes aussi devenus des techniciens d’organes, plutôt que des praticiens prenant en charge la globalité du patient. C’est oublier qu’il y a dans notre métier deux parts égales, l’humanisme et la technique”.
 

La technique de radiofréquence au service du traitement des troubles du rythme cardiaque


 

Le rythme cardiaque répond à des impulsions électriques qui peuvent se dérégler et entraîner son accélération. Une anomalie (le flutter auriculaire qui siège dans l’oreillette droite) provoque des palpitations. Pour rétablir un rythme normal, les équipes médicales font appel à la technique de radiofréquence : une sonde remontée directement dans le cœur par voie veineuse ou artérielle supprime le foyer ou le circuit anormal. Les lésions mesurent 2 à 3 mm ce qui impose une extrême précision tant de la part du médecin que du matériel. 
Les résultats obtenus sont excellents : en 18 mois, 200 patients ont bénéficié de ce traitement dans les hôpitaux de Toulouse avec un pourcentage de réussite avoisinant les 90% sur le flutter auriculaire et un taux de récidive faible. 

La radiofréquence tient ses promesses
Invasive mais peu risquée, onéreuse mais très efficace, cette technique permet d’éviter des traitements médicamenteux au long cours. D’autres indications sont étudiées notamment dans la fibrillation auriculaire.  
La radiofréquence, initiée en France par l’équipe de Bordeaux au début des années 90, a été développée à Toulouse par le Dr Serge Boveda, praticien hospitalier du service de cardiologie de l’hôpital Rangueil, en étroite collaboration avec le Dr Marc Delay. Le Dr Bovéda est aujourd’hui coordinateur du réseau européen pour le traitement des arythmies cardiaques (RETAC). Le RETAC organisera son séminaire en 1999, à Toulouse.