Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

A Santexpo, des CHU de France en transition(s)

Pour la deuxième année consécutive, les 32 CHU ont affiché leur unité à l’occasion de Santexpo, salon qui a réuni du 23 au 25 mai l'écosystème de la santé. S’il est difficile d’évaluer les retombées réelles pour les établissements, ce rassemblement sur deux stands et une même bannière (CHU de France) aura eu le mérite de faire valoir un certain nombre de thèmes, dont les transitions numérique, écologique ou sociale au sein de l’hôpital. A défaut d’énumérer tout ce que nos caméras ont pu capter d’échanges sur ces trois jours, la rédaction vous propose de revivre dix temps forts.

1 – “Aux grands maux mots, les grands remèdes”

Mardi 11h00. C’est Le moment qui a lancé notre Santexpo : la présentation d’un partenariat entre Réseau CHU et l’Institut National de l’Audiovisuel. Une alliance inédite et concrète puisque cette collaboration avec l’INA doit déboucher sur une série vidéo qui racontera en sept épisodes une histoire de l’hôpital via des archives inédites. Le concept : prendre un mot de vocabulaire de l’hôpital et/ou de la santé (cigarette, infirmière, robotique etc.) et remonter le flot du temps avec lui. Une première bande-annonce, réalisée par Tristan Goasguen, monteur et réalisateur, a été diffusée pour l’occasion. Rendez-vous à l’automne ! 

Signature du partenariat entre Réseau CHU et l'INA. Crédit photo : Réseau CHU.

2 – La conférence de presse des trois présidents

Tradition oblige, les présidents des trois Conférences de CHU – représentées par Rémi Salomon (présidents de la Conférence des présidents de CME), Benoît Veber (président de la Conférence des doyens de faculté de médecine) et Philippe El Saïr (président de la Conférence des Directeurs Généraux) – se sont présentés à la mi journée face à la presse pour présenter les évolutions hospitalo-universitaires qui affectent aujourd’hui le système de santé. Un quart d’heure très institutionnel, au cours duquel Philippe El Saïr a souhaité faire passer un message : « On ne relèvera pas les grandes transitions que nous vivons (les crises sanitaires, le défi de la recherche ou la revitalisation de nos territoires grâce à l’innovation en santé) sans des CHU forts, renforcés dans leurs moyens et dans leurs rôles. » 

La conférence des trois présidents. Crédit photo : Réseau CHU.

3 – Le CHU de Toulouse en démonstration

L’urgence fait partie de l’ADN du CHU de Toulouse. Cinquante-cinq ans après la fondation du service d’aide médicale urgente (SAMU) par le Pr Louis Lareng, celui-ci a choisi SANTEXPO pour une piqûre de rappel qui a rapidement pris des allures de démonstration. A deux cents mètres du Stand F20 des CHU, il n’a fallu qu’une poignée de minutes au “Shelter” pour se déployer devant un public conquis. Dispositif unique en Europe, cet hôpital mobile, imaginé par les équipes d’urgence et du SAMU 31, se transforme en moins de 20 minutes en postes médical avancé pouvant recevoir jusqu’à 18 patients. Un joyau d’innovation qui a fait ses preuves durant la crise du Covid. Le directeur du CHU, Jean-François Lefebvre, accompagné du Pr Vincent Bounes a profité de cette vitrine pour présenter un autre projet innovant : la création pour 2024 d’un centre de simulation environnementale et neurosensorielle (voir notre article sur le sujet). Attentats, attaques chimiques, catastrophes naturelles, ce bâtiment exposera et entraînera par simulation les professionnels de santé aux conditions sensorielles et émotionnelles vécues en situation de crise (odeur de fumée, de sang…). 

Le "Shelter" en train d'être déployé. Crédit photo : Réseau CHU.

4 – Les CHU et la progressive conversion à l’impression 3D

Une des tables du mercredi matin a été consacrée aux innovations technologiques, et plus particulièrement à la constitution d’un réseau d’impression 3D entre les CHU. Le constat : si certains établissements (CHU de Brest, AP-HP, Hospices Civils de Lyon) possèdent leur propre plateforme opérationnelle, une multiplicité d’initiatives a été lancée ces dernières années. « L’idée reste désormais à accompagner ceux qui souhaitent se lancer, permettre à ceux qui font de l’impression 3D de monter en compétence, d’accompagner les CHU dans un réseau.« , explique Samuel Guigo, coordinateur de W.Print, la plateforme d’impression 3D du CHU de Reims. Mais… pour quoi faire ? Réponse concrète de ce dernier à notre micro : « A la base, j’ai fait de l’impression 3D sur un projet de recherche paramédicale où j’imprime une réplique d’anévrisme intracrânien. On entre dans quelque chose de très complexe et de très technique […] Mais ça va jusqu’à l’agent d’entretien qui a besoin d’un support pour son balais et qui lui permet de mieux travailler et d’améliorer ses conditions de travail. C’est cela le spectre de l’impression 3D« . 

Dr Alice Prevost, Peggy Leplat, Delphine Prieur, Samuel Guigo. Crédit photo : Réseau CHU.

5 – L’IHU Méditerranée Infection, nouveau départ

Difficile ces derniers temps de passer à côté de l’actualité des Instituts Hospitaliers Universitaires (IHU). Il y a quinze jours, le Président de la République Emmanuel Macron annonçait la création de douze nouveaux IHU, allongeant la liste des six établissements existants (trois à Paris, un à Strasbourg, un à Bordeaux, un à Marseille) dont la mission reste l’innovation en santé au service des patients. Ce 31 mai, on apprend que l’IHU Méditerranée Infection a été perquisitionné quelques jours après la parution dans le journal Le Monde d’une tribune signée par plusieurs médecins et pharmacologues dénonçant la “violation de règles élémentaires” dans le cadre d’essais cliniques menés en pleine épidémie de Covid. Si Didier Raoult s’invite toujours dans les débats, Émilie Garrido, Directrice de la Recherche en Santé de l’AP-HM, invitée à parler des IHU, l’assure : à l’IHU Méditerranée Infection, on est passé à autre chose.  » L’IHU de Marseille va très bien parce qu’il a été depuis dix-huit mois remis sur des rails à la fois par l’ensemble des membres fondateurs et par des décisions fortes de la part des deux ministères de tutelles [Santé / Enseignement supérieur et Recherche].« 

Émilie Garrido. Crédit photo : Réseau CHU.

6 – L’hommage à Carène

Mercredi 24 mai. Comme ce fut le cas la veille, une minute de silence a été observée par les milliers d’exposants et visiteurs vers midi, figeant ainsi le salon le temps d’un hommage à Carène, cette infirmière du CHU de Reims mortellement poignardée le dimanche précédant. 

Une minute de silence observée à SantExpo. Crédit photo : Réseau CHU.

7 – “A l’hôpital comme ailleurs, l’IA va devenir omniprésente”

Les mots sont signés Vincent Vuiblet. L’an dernier, ce Pr du CHU de Reims avait été invité sur le stand des CHU pour parler des entrepôts de données de santé. Cette année, le format table ronde a été délaissé pour celui de l’entretien, avec pour ambition d’aborder en trente minutes les grands enjeux de l’Intelligence artificielle en santé. Défi relevé haut la main par celui qui dirige l’Institut d’Intelligence Artificielle en santé Reims – Champagne – Ardennes : place du médecin, impact sur les métiers, responsabilité du diagnostic et de la prise de décision médicale, consentement du patient en cas de recours à l’IA dans le cadre du soin, état des lieux de la recherche française, investissement comme enjeu stratégique et de souveraineté etc. tous ces sujets furent balayés au cours de cette demie-heure passionnante que nous avons eu le plaisir d’animer. Quant à savoir si l’IA va devenir l’alpha et l’oméga de la santé de demain, voici la réponse du Pr Vincent Vuiblet : « Non, je ne crois pas. Néanmoins, ce qui est certain, c’est que l’IA se mêlera de tout, y compris de la recherche, du développement thérapeutique, du développement de technologies. L’IA va être omniprésente comme le numérique l’est déjà dans nos établissements depuis un certain nombre d’années. L’IA va de plus en plus grignoter sa position. Cela constitue un vrai enjeu, puisque plus ces outils algorithmiques seront présents, plus cela nous impose de les maîtriser et de les comprendre. » Passionnant on vous dit.   

Entretien entre le Pr Vincent Vuiblet et Adrien Morcuende. Crédit photo : Réseau CHU.

7 – La transition verte, incontournable 

En 2023, la transition se marie bien souvent avec « écologique » et « énergétique ». Et les organisateurs des tables rondes ne s’y sont pas trompés. Plusieurs rencontres ont été consacrées à cette incontournable question d’un système de santé plus durable, moins énergivore et pollueur. Les chiffres et les images ont suivi. « Dans un bloc opératoire, les déchets correspondent à ceux d’une famille de quatre personnes pendant une semaine.« , a expliqué le Dr Sonia Delaporte-Cerceau, Médecin Anesthésiste Réanimateur à l’AP-HP, convaincue que la clé réside dans l’idée que tous les soignants puissent se saisir du développement durable. D’écologie, il en aura été question avec la signature d’un pacte de transition que les 32 CHU auront fait signer au gouvernement, représenté par plusieurs ministres à Santexpo : François Braun, ministre de la santé et de la prévention, Agnès Firmin-LeBodo, ministre chargée de l’Organisation territoriale et des professions de santé, et Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la Fonction Publiques. 

François Roques, Marie-Therese Leccia, Frédéric Boiron. Table ronde animée par Frédéric Rimattei. Crédit photo : Réseau CHU.

8 – Le numérique fait évoluer le métier d’anapath’ mais pas que

Face au stand F20, un second espace CHU, plus modeste et dédié au recrutement, vit sa vie de salon. Lui aussi accueille des tables rondes. Et en ce mercredi après-midi, une discussion dédiée aux transformations numériques et leurs impacts sur les métiers de l’hôpital s’invite pour une heure. Les animateurs sont Romain Bourrelier, directeur de cabinet, de la communication et du mécénat au CHU de Caen Normandie et Marie Caron, directrice de cabinet et du Pôle Patient Attractivité au CHU d’Angers. Résumé de l’échange par cette dernière : « On s’est intéressés surtout aux transformations des services de soins qui sont les plus parlantes en termes de process et qui ont une partie digitalisation importante. On a parlé de la numérisation d’un service de réanimation du CHU de Dijon en essayant de montrer en quoi la numérisation transformait le travail des pros au quotidien, à la fois sur la sécurisation de la prescription des médicaments, des injectables, le plan de soin etc. qui sont essentiels pour ces services. Et nous avons abordé un autre process qui est un process médico-technique : la numérisation du process d’anatomopathologie du CHU de Caen. Donc là, on est sur un process différent qui transforme le métier de l’anapath’ et qui le modernise totalement. »

Table ronde : les ressources humaines au coeur des transitions numériques. Crédit photo : Réseau CHU.

9 – Un long chemin vers l’égalité professionnelle

Dans notre studio, nous avons reçu neuf personnalités du monde des CHU. Parmi celles qui nous ont le plus marquées, il y a le Dr Marie-France Olieric, Présidente de CME du CHR de Metz-Thionville et présidente de l’association Donner des ELLES à la santé, dont la mission est notamment « d’encourager le monde de la santé à changer son regard pour sortir des stéréotypes, pour lutter contre les discriminations, pour s’engager dans une démarche en faveur de la mixité« . Quid de l’égalité professionnelle à l’hôpital ? Si des démarches sont engagées à plusieurs échelons, il reste du boulot. « 8 femmes sur 10 se sont déjà senties discriminées de par leur sexe pour l’accessibilité aux postes à responsabilité, 16% des femmes se sont vues refuser un poste à responsabilité de part leur sexe, et sur ces femmes-là on a 40% qui se sont retrouvées face à un employeur ou supérieur qui avait peur des répercutions des contraintes familiales, et 30% parce qu’elles étaient en âge de tomber enceinte. […] On parle beaucoup des carrières dans les hôpitaux et cette question de la maternité, il ne faut plus que cela soit un problème« , a expliqué le Dr Olieric à notre micro. 

Dr Marie-France Olieric. Crédit photo : Réseau CHU.

10 – La santé via le prisme des réseaux 

Quatre. Ils étaient quatre personnalités du monde de l’hôpital à se présenter sur le stand des CHU pour participer à une table ronde dédiée à l’influence en santé sur les réseaux sociaux. Et si leurs vidéos Insta ou YouTube sont vues par des centaines de milliers d’abonnés, c’est parce qu’ils en sont des acteurs importants. Jules Fougère alias ped.urg sur Instagram (pédiatre), Marine Lorphelin (médecin et ex miss France), Léa Moukanas (présidente de l’association Aïda qui améliore la qualité de vie des jeunes touchés par un cancer) et Laurent Belain alias Lolo le soignant sur Tik-tok (soignant au CHU de Montpellier) ont conversé durant une heure, abordant notamment la vulgarisation des connaissances médicales à destination du grand public, les fake-news ou encore les limites de l’influence. Le modérateur de cette table ronde était Yann Bubien, DG du CHU de Bordeaux, dont la passion pour la com’ n’est plus un secret pour personne. 

Yann Bubien, Marine Lorphelin, Léa Moukanas, Jules Fougère, Laurent Belain (Lolo le soignant). Crédit photo : Réseau CHU.

Adrien Morcuende et Océane Rolland 

Commentaires

Il n’y a pas encore de commentaire pour cet article.

Sur le même sujet

L’ICI, nouveau temple de la cancérologie

Le CHU de Brest vient d’inaugurer son nouvel Institut de Cancérologie et d’Imagerie, surnommé ICI. Ce centre, promesse d’un hôpital centré sur l’humain et doté d’une technologie de pointe, est amené à devenir l’un des fers de lance européens dans le traitement du cancer, avec une capacité de 50 000 patients par an.

Dossier : La maladie de Parkinson 

Décrite pour la première fois dans An Essay on the Shaking Palsy (1817) par James Parkinson, un médecin anglais, la maladie de Parkinson, mentionnée souvent en abrégé « Parkinson », est une maladie neurodégénérative irréversible d’évolution lente. La maladie s’installe ainsi au cours d’une longue phase asymptomatique de plusieurs années. Les premiers symptômes ne se font en effet ressentir que lorsque 50 à 70% des neurones dopaminergiques du cerveau sont détruits. Ils se déclarent essentiellement progressivement sous la forme d’un tremblement de repos, d’un ralentissement des mouvements et d’une raideur musculaire. Néanmoins, de nombreux troubles moteurs et non moteurs peuvent s’ajouter à la liste, devenant de réels handicaps dans le quotidien de ceux qui la subissent.

Voici comment le CHU de Rennes agit pour contrer Parkinson

Ce jeudi 11 avril a lieu la Journée internationale de la maladie de Parkinson. L’occasion pour les CHU de valoriser leur implication sur ce sujet, notamment à travers les Centres Experts Parkinson (CEP) affiliés. Le Centre Hospitalier Universitaire de Rennes ne manque pas à l’appel, mettant en valeur des actions qui garantissent à la fois une offre diagnostique simplifiée et une prise en charge multidisciplinaire, adaptée au profil de chaque patient.

L’IHU toulousain dédié au vieillissement officiellement lancé

L’Institut Hospitalo-Universitaire HealthAge a officiellement été lancé le 2 avril à Toulouse. Porté par le CHU, l’Inserm et l’Université Toulouse III – Paul Sabatier, cet IHU, le seul exclusivement dédié au vieillissement en France, se donne pour ambition de contribuer au vieillissement en bonne santé des populations et de devenir le centre de référence européen en Géroscience.

Un patient Parkinsonien entreprend le tour du monde à la voile 

Le 10 septembre dernier a retenti le “top départ” des quatorze monocoques participant à l’Ocean Globe Race 2023, une course à voile en équipage autour du monde. A bord du voilier Neptune, deux personnages : le Dr Tanneguy Raffray, ophtalmologue à la retraite, et Bertrand Delhom, ancien moniteur de voile atteint de la maladie de Parkinson. Leur aventure, jalonnée de nombreux défis, est suivie de près par plusieurs professionnels de santé du CHU de Rennes, dont l’avis est à entendre dans le podcast “Qui ose vivra !”