A Tours, des IDE formés à de nouvelles missions sur la santé sexuelle

Le récent protocole de coopération intitulé « Consultation de santé sexuelle par l’infirmier(ère) » a permis, pour la première fois au sein d’un CHU, la mise en place d’une formation dédiée aux professionnels des CeGIDD, CPEF et des Centres de Santé Sexuelle.

Le récent protocole de coopération intitulé « Consultation de santé sexuelle par l’infirmier(ère) » a permis, pour la première fois au sein d’un CHU, la mise en place d’une formation dédiée aux professionnels des CeGIDD, CPEF et des Centres de Santé Sexuelle.
C’est une première en France ! Le CHRU de Tours vient de lancer une formation sur la santé sexuelle à destination des infirmiers diplômés d’Etat (IDE) qui travaillent dans les Centres Gratuit d’Information, de Dépistage, de Diagnostic du VIH et des IST (CeGIDD), les Centres de Planification et d’Education Familiale (CPEF) et les Centres de Santé Sexuelle. Cette formation, qui élargit les compétences de ces professionnels, est née du protocole de coopération « Consultation de santé sexuelle par l’infirmière », dont le déploiement sur l’ensemble du territoire national a été autorisé par le ministère des Solidarités et de la Santé le 29 octobre dernier.

Dix actes dérogatoires pour améliorer le parcours de santé en matière d’IST

C’est en effet un arrêté qui a fixé le périmètre de ce protocole et en a détaillé les dix actes dérogatoires. Ces derniers concernent, pour l’essentiel d’entre eux, le dépistage du virus du SIDA, des hépatites (VHB, VHC, VHA), et des IST ; le suivi des usages sous traitement préventif du VIH (PrEP) avec renouvellement de la prescription et du suivi biologique ; la prise en charge d’accident d’exposition sexuelle avec délivrance et prescription d’une trithérapie d’urgence (traitement post exposition ou TPE), suivi de l’usager comprenant le renouvellement des prescriptions du traitement et des analyses biologiques ; la délivrance d’une contraception d’urgence (prescription de préservatifs, pose et retraits d’implants contraceptifs) ; la vaccination contre les hépatites (VHB, VHA) et le papillomavirus (HPV). 
Les objectifs de ce protocole sont clairs : améliorer la prise en charge des patients – y compris les personnes les plus vulnérables ou éloignées du soin –  tout en réduisant les délais d’attente, les risques de perdus de vue et les opportunités de dépistage. En matière d’IST (VIH et hépatites virales), cela passe concrètement par une meilleure information, prévention, dépistage, prise en charge et orientation. Par ailleurs, l’idée est d’améliorer l’accès aux méthodes contraceptives, de réduire le nombre de grossesses non désirées, de mieux prévenir les risques liés à la sexualité comme les violences et les discriminations, et d’augmenter la couverture vaccinale. Mais pour une mise en œuvre dans les centres gratuits et anonymes dédiés (CeGIDD, CPEF), il est évidemment indispensable de former au préalable les personnels paramédicaux. Une opportunité dont se sont emparés le COREVIH Centre-Val de Loire et le CHRU de Tours.

Une valeur ajoutée dans la prise en charge des patients

Un groupe de travail, organisé par le COREVIH Centre Val de Loire, a ainsi rassemblé différents acteurs de santé sexuelle de la région Centre-Val de Loire pour coconstruire une formation adaptée et répondant au cahier des charges du protocole national. Programmée sur neuf jours de janvier à juin 2022, elle s’articule autour de plusieurs modules : un module obligatoire qui reprend la règlementation, les missions des CeGIDD/CPEF, la prise en charge psycho-social des usagers, et la santé sexuelle ; et quatre modules spécifiques auxquels les infirmier(e)s  s’inscrivent en fonction des actes dérogatoires qu’ils ou elles souhaitent effectuer –  Dépistage / Accident d’Exposition Sexuelle / Traitement Post Exposition ; PrEP (traitement préventif du VIH) ; Contraception féminine et masculine ; Vaccination.
Un programme complet qui constitue un vrai plus dans la prise en charge des patients. Le Dr Guillaume Gras, Président du COREVIH Centre-Val de Loire et coordinateur du CeGIDD 37, salue cette avancée : « ce nouveau protocole est une évolution à la fois fondamentale et symbolique dans l’offre de soins de santé sexuelle », permettant la transmission d’ «une base de formation commune entre différents acteurs IDE du territoire, de simplifier et d’élargir l’offre notamment auprès des publics cibles et de focaliser l’exercice médical sur des activités spécifiques. » Et d’ajouter, « ce protocole et sa mise en place sont particulièrement attendus par les usagers, leurs représentants et les professionnels. »

Cette formation devrait être renouvelée tous les ans. Crédit photo : CHU de Tours

Trente intervenants pour trente IDE inscrits

Toujours sur le plan opérationnel, c’est à Céline Goëthals, cadre de santé qui accompagne les équipes du CHRU de Tours dans leur démarche interprofessionnelle, qu’on doit la coordination de l’ensemble de cette formation faisant intervenir une trentaine d’intervenants aux expériences et compétences diverses. Vingt-quatre d’entre eux sont des professionnels du CHRU de Tours. Les six autres sont issus d’autres établissements et structures associatives, comme le CHR d’Orléans, l’association AIDES, le CPEF 37, France Victimes 37, Maison de protection des familles d’Indre et Loire-Gendarmerie.
Du côté des inscrits à la formation, on compte trente infirmiers diplômés d’Etat venant d’horizons divers. Dix-huit sont issus des CeGIDD de l’ensemble de la région. S’ajoutent à cela les secrétaires du CeGIDD et du CPEF de Tours, premières interlocutrices des usagers à leur arrivée dans la structure.
Les organisateurs prévoient d’ores et déjà de renouveler cette formation chaque année, avec une ouverture à l’extérieur de la région Centre-Val de Loire.
La rédaction avec le CHRU de Tours
Les CeGIDD en quelques chiffres
Ils existent depuis 2016
Pour leur 1er année de fonctionnement, 317 CeGIDD habilités par l’ARS
Soit 167 sites principaux et 150 antennes
72% sont gérés par un centre hospitalier
85% des publics accueillis appartiennent à une population identifiée comme à risque d’exposition aux IST

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