La situation financière des hôpitaux s’est très fortement dégradée en 2017, selon les premières estimations remontées aux Agences régionales de santé (ARS) par les établissements. "Le déficit serait de 1,5 milliard, soit 2% des budgets hospitaliers, un niveau dramatique et totalement inédit" s’alarme la FHF dans un communiqué en date du 18 décembre 2017. Et l’instance de rappeler qu’en 2016, le déficit avait été contenu à 470M€ en 2016.
Les raisons de la dégradation brutale des comptes hospitaliers
Au premier des causes : l’impact des plans annuels d’économie, près de 3 Mds d’€ en trois ans. Ils conduisent à une dégradation sans précédent des investissements et réduisent considérablement les moyens dédiés aux financements de ses missions d’intérêt général (soutien de la recherche, accès aux médicaments innovants…).
L’aggravation du déficit s’explique aussi par une activité tout au long de l’année moins dynamique que celle prévue lors de la construction des tarifs d’hospitalisation il y a un an. Ce modèle économique (choix de baisser les tarifs au début de l’exercice en anticipation de soi-disantes hausses d’activités) a conduit cette année à faire supporter aux hôpitaux un même niveau de dépenses incompressibles en regard d’un moindre niveau de ressources.
Face à cette dégradation financière et avec un objectif d’économie de 1,6 Mds d’€ en 2018, les établissements de santé vont se trouver pris en otage entre la qualité des soins qu’ils doivent à leurs patients, la préservation des conditions de travail et de l’emploi des équipes hospitalières et l’obligation du retour à l’équilibre des comptes.
La FHF s’inquiète du projet du Gouvernement "de faire payer aux hôpitaux le dynamisme des dépenses de ville", pour la 3ème année consécutive. Après n’avoir restitué aux établissements que 150 millions sur les 412 mis en réserve, il envisage maintenant de prélever le solde des crédits 2017 votés et destinés à financer les missions d’intérêt général pour éponger les effets de la convention médicale. Cette convention a été passée avec les professionnels de santé libéraux, et son coût a été initialement sous-estimé.
L’appel de la FHF
Pour que l’hôpital ne soit pas l’unique variable d’ajustement économique, la FHF par la voix de son président Frédéric Valletoux appelle les pouvoirs publics à verser au plus vite aux hôpitaux le solde des crédits qui leur revient et ce dans un souci de protection du système de santé français, véritable rempart social en période de crise économique.
La FHF demande aussi que soit engagée au plus vite les réformes de structure qui depuis des années ont été trop souvent reportées, réformées concernant :
– Le financement du système de santé et la relance de l’investissement,
– La fin des mesures catégorielles non financées,
– L’assouplissement des modes de gestion interne des établissements,
– Et la meilleure participation à la permanence des soins de l’ensemble des professionnels de santé, quel que soit leur statut…