Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Amylose héréditaire : l’espoir d‘un nouveau traitement grâce à un découverte marseillaise

Une nouvelle mutation responsable d'amylose a été identifiée par une équipe marseillaise suite aux investigations à long terme menées chez un patient et plusieurs membres de sa famille. Cette découverte ouvre la voie à un nouveau traitement. Les résultats de l’étude internationale coordonnée par le Dr Noémie Jourde-Chiche et le Pr Sophie Valleix ont fait l'objet d'une publication dans la revue scientifique Nature Communications*
Une nouvelle mutation responsable d’amylose a été identifiée par une équipe marseillaise suite aux investigations à long terme menées chez un patient et plusieurs membres de sa famille. Cette découverte ouvre la voie à un nouveau traitement. Les résultats de l’étude internationale coordonnée par le Dr Noémie Jourde-Chiche et le Pr Sophie Valleix ont fait l’objet d’une publication dans la revue scientifique Nature Communications*.
L’amylose est une maladie rare caractérisée par la déposition de petits filaments protéiques dans les organes (rein, cœur, foie, tube digestif…), qui altère leur fonctionnement. Plusieurs types de protéines peuvent former des fibrilles amyloïdes, dont des protéines mutées responsables d’amylose héréditaire. 
Dans le Centre de Néphrologie et Transplantation Rénale du Pr Berland, à la Conception, une famille atteinte d’amylose héréditaire a été suivie sur plusieurs générations. Les membres de la famille atteints souffraient dès l’âge de 25-30 ans d’une sécheresse oculaire et buccale, d’une hypertension artérielle, d’une insuffisance rénale chronique progressive pour laquelle certains ont été greffés, et d’une atteinte cardiaque. Ces patients ne présentaient aucune des mutations connues jusqu’alors pour être responsables d’amylose, et leur profil lipidique révélait des particularités avec un taux bas de triglycérides et une élévation du HDL-cholestérol). 

L’étude conduite entre 2000 et 2015 a permis d’identifier la mutation du gène codant pour une protéine synthétisée par le foie et impliquée dans le métabolisme des lipides : l’apolipoprotéine C3. Les membres de la famille atteints d’amylose étaient porteurs de la mutation, et la protéine mutée a été retrouvée dans tous les prélèvements tissulaires de ces patients. 
L’intérêt majeur de l’identification de cette protéine mutée est qu’il existe un médicament connu pour diminuer sa synthèse hépatique : le fénofibrate. Un traitement par fénofibrate a donc été proposé aux patients atteints, dans le but de diminuer la production hépatique d’apolipoprotéine C3  et de ralentir voire arrêter la formation des dépôts amyloïdes dans les organes. La surveillance rénale, cardiaque, et la quantification des dépôts amyloïdes par scintigraphie au cours des années à venir permettra d’évaluer l’efficacité de cette stratégie. 
La mutation de l’apolipoprotéine C3 va également pouvoir être recherchée dans les familles de patients atteints d’amylose héréditaire pour lesquelles aucune mutation génétique n’a été identifiée jusqu’ici.
Ces résultats ont pu être obtenus grâce à une collaboration internationale dans laquelle sont intervenus le Dr Noémie Jourde-Chiche qui exerce en Néphrologie à la Conception et au « Vascular Research Center of Marseille » et se spécialise sur les atteintes rénales des maladies de système et sur les anomalies cardio-vasculaires et endothéliales au cours des maladies rénales chroniques. Elle a coordonné avec le Pr Valleix (généticienne à Cochin, AP-HP) un travail collaboratif entre médecins spécialistes de l’AP-HM (Pr Habib et Dr Renard en Cardiologie à la Timone, Dr Gayet en Médecine Interne à la Timone, Pr Daniel en Anatomie Pathologique à la Timone), et de nombreux chercheurs français, européens et américains, pour caractériser cette nouvelle amylose. 
  
*« D25V apolipoprotein C-III variant causes dominant hereditary systemic amyloidosis and confers cardiovascular protective lipoprotein profile ».
Auteurs : Valleix S, Verona G, Jourde-Chiche N, Nédelec B, Mangione PP, Bridoux F, Mangé A, Dogan A, Goujon JM, Lhomme M, Dauteuille C, Chabert M, Porcari R, Waudby CA, Relini A, Talmud PJ, Kovrov O, Olivecrona G, Stoppini M, Christodoulou J, Hawkins PN, Grateau G, Delpech M, Kontush A, Gillmore JD, Kalopissis AD, Bellotti V. Nat Commun. 2016 Jan 21;7:10353. doi: 10.1038/ncomms10353).
http://fr.ap-hm.fr/actu/decouverte-sur-une-maladie-rare-au-centre-de-nephrologie-de-la-conception-ap-hm

Commentaires

Il n’y a pas encore de commentaire pour cet article.

Sur le même sujet

L’ICI, nouveau temple de la cancérologie

Le CHU de Brest vient d’inaugurer son nouvel Institut de Cancérologie et d’Imagerie, surnommé ICI. Ce centre, promesse d’un hôpital centré sur l’humain et doté d’une technologie de pointe, est amené à devenir l’un des fers de lance européens dans le traitement du cancer, avec une capacité de 50 000 patients par an.

Dossier : La maladie de Parkinson 

Décrite pour la première fois dans An Essay on the Shaking Palsy (1817) par James Parkinson, un médecin anglais, la maladie de Parkinson, mentionnée souvent en abrégé « Parkinson », est une maladie neurodégénérative irréversible d’évolution lente. La maladie s’installe ainsi au cours d’une longue phase asymptomatique de plusieurs années. Les premiers symptômes ne se font en effet ressentir que lorsque 50 à 70% des neurones dopaminergiques du cerveau sont détruits. Ils se déclarent essentiellement progressivement sous la forme d’un tremblement de repos, d’un ralentissement des mouvements et d’une raideur musculaire. Néanmoins, de nombreux troubles moteurs et non moteurs peuvent s’ajouter à la liste, devenant de réels handicaps dans le quotidien de ceux qui la subissent.

Voici comment le CHU de Rennes agit pour contrer Parkinson

Ce jeudi 11 avril a lieu la Journée internationale de la maladie de Parkinson. L’occasion pour les CHU de valoriser leur implication sur ce sujet, notamment à travers les Centres Experts Parkinson (CEP) affiliés. Le Centre Hospitalier Universitaire de Rennes ne manque pas à l’appel, mettant en valeur des actions qui garantissent à la fois une offre diagnostique simplifiée et une prise en charge multidisciplinaire, adaptée au profil de chaque patient.

L’IHU toulousain dédié au vieillissement officiellement lancé

L’Institut Hospitalo-Universitaire HealthAge a officiellement été lancé le 2 avril à Toulouse. Porté par le CHU, l’Inserm et l’Université Toulouse III – Paul Sabatier, cet IHU, le seul exclusivement dédié au vieillissement en France, se donne pour ambition de contribuer au vieillissement en bonne santé des populations et de devenir le centre de référence européen en Géroscience.

Un patient Parkinsonien entreprend le tour du monde à la voile 

Le 10 septembre dernier a retenti le “top départ” des quatorze monocoques participant à l’Ocean Globe Race 2023, une course à voile en équipage autour du monde. A bord du voilier Neptune, deux personnages : le Dr Tanneguy Raffray, ophtalmologue à la retraite, et Bertrand Delhom, ancien moniteur de voile atteint de la maladie de Parkinson. Leur aventure, jalonnée de nombreux défis, est suivie de près par plusieurs professionnels de santé du CHU de Rennes, dont l’avis est à entendre dans le podcast “Qui ose vivra !”