Depuis le 2 novembre 2013, les équipes médicales toulousaines expérimentent une nouvelle prothèse gonflable dotée d’un sac rempli de gel empêchant tout risque d’endofuite une fois l’anévrisme de l’aorte abdominale opéré. Cet essai clinique est conduit dans le cadre d’un protocole international aux Etats-Unis et dans quelques pays d’Europe. En France, Toulouse est le seul CHU impliqué. Ce nouveau matériel représente un espoir pour les milliers de personnes concernées par cette affection*.
Les atouts de la nouvelle prothèse qui bénéficie déjà de la norme CE
. la facilité de pose : la prothèse étant « gonflable », sa mise en place ne nécessite plus d’ouverture de l’artère, elle se fait par voie percutanée au niveau fémoral,
. son concept : une fois installée dans le sac anévrismal, la prothèse est remplie d’un gel (polymère) qui comble l’ensemble du sac. Ainsi, le sac anévrismal est figé par le gel, l’anévrisme est « prisonnier », empêchant toute circulation sanguine par des artères collatérales, donc de risque de rupture secondaire.
La prothèse étant introduite sans ouverture de l’artère, les suites interventionnelles se révèlent plus simples et la durée d’hospitalisation plus courte. Le suivi est également allégé avec une échographie par an contre un scanner annuel avec injection d’iode et exposition aux rayons
L’anévrisme de l’aorte abdominale (AAA)
L’aorte est la plus grosse artère du corps humain, elle amène le sang du cœur aux organes et aux membres. L’aorte abdominale est la partie de cette artère qui se trouve au niveau de l’abdomen. Dès qu’il y a une dilatation de l’aorte, on parle d’anévrisme. Au-delà d’un certain diamètre, la pression peut entraîner une rupture fulgurante de l’anévrisme ou des complications très graves de la circulation. En France, la rupture de l’anévrisme de l’aorte abdominale est deux fois plus meurtrière (environ 7 500 décès/an) que les accidents de la route (3 645 en 2012). C’est le diamètre de l’anévrisme qui détermine le traitement chirurgical ou interventionnel avec la mise en place d’une prothèse aortique. Plusieurs critères sont étudiés pour le choix de la prise en charge, notamment l’aspect et la taille des vaisseaux.
Le traitement par prothèses
Actuellement, quand l’anévrisme mesure plus de 5 cm de diamètre, deux solutions thérapeutiques sont envisageables :
1. soit une chirurgie classique dite « ouverte » par une incision (laparotomie) avec abord direct de l’aorte et mise en place d’une prothèse synthétique cousue,
2. soit par voie endovasculaire avec abord de l’artère fémorale, sans ouverture de l’abdomen, qui va permettre de mettre en place une prothèse recouvrant la zone anévrismale et remplacer la partie de l’aorte dilatée. Il s’agit d’une solution de « tubage », moins agressive que l’abord direct, à privilégier pour les patients les plus fragiles lorsque l’anatomie de l’aorte est compatible. Dans la solution thérapeutique par voie endovasculaire, le sac anévrismal reste en place avec d’éventuelles artères collatérales (lombaires et mésentérique) qui peuvent continuer à alimenter le sac de sang (endofuites) et ainsi maintenir une pression dans le sac avec un risque de rupture à distance de l’intervention – pour 15 % des patients. Dans ce cas, une nouvelle intervention endovasculaire ou chirurgicale doit être réalisée pour thromboser l’anévrisme restant. Contrairement à la prothèse traditionnelle, le nouveau dispositif comporte un sac rempli de gel qui empêche tout afflux de sang.
CHU de Toulouse – Hôpital de Rangueil
Equipes médico-chirurgicales interventionnelles : Pr. Hervé Rousseau (Radiologie et Imagerie Médicale), Dr Bertrand Saint-Lèbes (Chirurgie Vasculaire – Pr. Jean-Pierre Bossavy), Dr Claude Conil (Anesthésie)
Equipes associées : Service de Médecine Vasculaire (Pr. Alessandra Bura-Rivière), Service de Cardiologie A (Pr. Michel Galinier, Pr. Jérôme Roncalli)
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*Selon le dernier rapport d’ HAS, la prévalence des anévrismes l’aorte abdominale (AAA) dans la population générale française serait de 0,22 % (estimation basée sur le nombre de patients consultant un médecin généraliste et ayant un AAA récemment découvert ou connu), et l’incidence des cas diagnostiqués et opérés était comprise entre 6 000 et 7 000 AAA/an (estimation basée sur le nombre de sujets traités pour un AAA en 2009–2010). Elle a augmenté de 29 % entre 2006 et 2010.
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