Réduire l’incidence et l’impact de l’AVC en améliorant sa prise en charge. C’est la mission que s’est donnée l’organisation européenne (ESO) qui rassemble les chercheurs spécialisés dans l’étude de l’AVC. Réunis à Glasgow en Ecosse du 17 au 19 avril 2015, ils assistent à l’intervention du Pr Serge Bracard, neuroradiologue interventionnel du CHRU de Nancy. Pour la 1ère fois, les résultats médicaux de l’étude THRACE menée en collaboration avec les Centres d’Investigation Clinique Epidémiologie Clinique et Innovation Technologique de l’établissement sont présentés à un public d’experts internationaux. Ils confirment l’intérêt de conjuguer thrombolyse intraveineuse et thrombectomie intracrânienne. Explications
1/3 des AVC sont graves car provoqués par l’occlusion d’une artère par un caillot. Depuis, 2003, les patients qui en sont victimes peuvent être traités par une thrombolyse intraveineuse (injection d’un médicament intraveineux qui dégrade le thrombus (caillot)). Or, lorsque l’artère est grosse et le caillot important, l’efficacité est souvent insuffisante. D’où la thrombectomie intracrânienne : un geste mécanique qui consiste à remonter l’artère fémorale à partir de l’aine jusqu’au niveau cérébral pour capturer ou aspirer le caillot et rétablir le flux sanguin proposée pour traiter ces cas. L’étude THRACE lancée en 2010, financée par le programme de Soutien aux Techniques Innovantes Coûteuses du ministère de la Santé, visait, sur son volet médical, à comparer la thrombolyse seule à la thrombolyse suivie d’une thrombectomie. 26 centres ont participé. Aujourd’hui, ce volet médical de l’étude vient d’être clos prématurément par le comité de surveillance après l’inclusion de 412 patients (le deuxième panel le plus important au niveau mondial) car les résultats souhaités ont été atteints. Ils sont considérés comme définitivement positifs, même s’il reste 17 patients à suivre (le dernier jusque fin mai 2015) qui compléteront, mais ne changeront pas, les résultats.
Conclusion médicale de THRACE : la thrombectomie intracrânienne apporte un surplus significatif de patients autonomes à 3 mois après un AVC sévère. Au total, sur l’ensemble des patients étudiés en France, un peu plus de la moitié n’avait aucune séquelle gênante dans leur vie quotidienne au bout d’un trimestre grâce à la prise en charge par les 2 techniques combinées. Ce traitement par la thrombectomie, dont peuvent bénéficier tous les patients sans limite d’âge, se fait dans certains centres seulement – 38 en France – et doit intervenir dans l’heure qui suit la thrombolyse intraveineuse. Sa réussite nécessite donc une organisation pointue sur un territoire donné qui prenne en compte les transferts de patients et l’intervention d’équipes entraînées et expertes. Actuellement, en Lorraine, seul le CHRU de Nancy offre cette possibilité 24h/24 permettant l’accueil des patients victimes d’un AVC venant des autres Unité Neuro-vasculaires de la région après une consultation par télémédecine.
La deuxième partie de l’étude THRACE porte maintenant sur l’évaluation médico-économique de cette thrombectomie que les chercheurs internationaux s’accordent maintenant à considérer comme le standard du traitement des AVC graves. A Nancy, elle va être portée par le CIC-EC dirigé par le Pr Francis Guillemin. Il faut maintenant évaluer le coût de chaque étape de cette double prise en charge, rapporté au temps de prise en charge du patient, et le comparer avec un traitement classique, pour déterminer si la thrombectomie est véritablement « coût-efficace ». Cette double approche (fybrinolyse + thrombectomie) pourra alors être considérée comme une véritable amélioration de santé publique pouvant être appliquée à tous les patients qui en ont besoin. Réponse fin 2015.
En savoir + sur ESO : http://www.eso-stroke.org
Dix-neuf projets de recherche hospitalo-universitaires dévoilés au CHU Healthtech Connexion Day
A l’occasion de la deuxième édition du CHU Healtech Connexion Day, qui s’est tenu à Marseille le 20 novembre dernier et rassemblé près de huit-cents personnes, dix-neuf projets lauréats de recherche hospitalo-universitaires (RHU) ont été annoncés. La majorité d’entre-eux ont été directement coordonnés par un CHU.