Benchmarker pour voir plus large…

…pour apprendre des autres, pour devenir meilleur ! Qu’apprend-on d’un tour d’Europe en 26 hôpitaux universitaires, implantés dans 8 pays et passés au crible d’un scanner comparatif portant sur 4 grands domaines : l’efficience de l’activité médicale, la productivité des personnels, la performance des fonctions support et la qualité ?

… pour apprendre des autres, pour devenir meilleur !
Qu’apprend-on d’un tour d’Europe en 26 hôpitaux universitaires implantés dans 8 pays et passés au crible d’un scanner comparatif portant sur 4 grands domaines : l’efficience de l’activité médicale, la productivité des personnels, la performance des fonctions support et la qualité ? Que les « disparités et convergences constatées » méritent une mise en perspective fine afin d’éviter toute conclusion hâtive. Les différences entre établissements doivent en effet tenir compte du contexte législatif, de l’environnement économique et des stratégies managériales.
D’où l’intérêt du décryptage proposé lors du séminaire organisé le 27 avril 2015 à Bruxelles dans le cadre de l’Executive Mastère en Management des Institutions de Soins et de Santé. Point de départ cette rencontre, une étude originale sur les hôpitaux européens conduite par le Boston Consulting Group.
Premiers enseignements
Une grande hétérogénéité des résultats parfois même des chiffres extrêmes pouvant varier du simple au quintuple. Comment expliquer ces différences ? Avant tout par la diversité structurelle induite par la législation et par les réformes des modes de financement adoptées par chacun des pays. « Et le management a aussi sa part » précise Francis de Drée, directeur général du CHU Brugmann. Sur la base de règles identiques, certains hôpitaux d’un même pays présentent des résultats très différents, conséquences d’une gestion plus ou moins volontariste.
L’ambulatorisation des traitements est un bel exemple. La mise en place des gestes marqueurs en France a permis à chaque équipe de se situer par rapport à une valeur de référence, puis d’adapter leur parcours de soins. « La vitesse d’adaptation est fonction du dynamisme des équipes… et d’une prise de conscience des disparités existantes. » poursuit-il.

Le benchmarking développé par le Boston Consulting Group montre des différences significatives : ainsi, la durée de séjour en soins aigus peut être réduite à 4,5 jours dans les pays nordiques, là où les hôpitaux du Benelux se situent plutôt autour de 6,5 jours. Autre exemple : le transfert de l’activité de traitement de l’hospitalier vers l’ambulatoire, évoqué plus haut, est réalisé de 37 à 80% selon les hôpitaux participants. En France, les chiffres montrent une faible d’optimisation des salles d’opération.

Côté logistique, des variations très importantes existent sur des indicateurs-clés. Les coûts de nettoyage, de lingerie et de restauration peuvent être multipliés par deux, voire par trois. En comparant les tableaux, le lecteur peut aussi être surpris de voir que le fait d’externaliser les fonctions logistiques (linge, repas…) ou de les assurer en interne ne génère pas forcément d’économies.

Ces observations ont amené de grands débats au sein des hôpitaux participants où il est clair que le travail d’optimisation peut encore être poursuivi, notamment en retravaillant les normes de travail (par exemple, la définition précise des zones de soins pour le nettoyage ou de l’offre alimentaire pour la restauration).

Plaidoyer pour des comparaisons internationales qui améliorent la qualité
Cette étude – la première du genre au niveau européen – fournit des comparatifs fort utiles pour que les CHU européens puissent se situer entre eux et mieux cerner l’environnement réglementaire et ses incidences sur l’organisation.
Ces retours ont aussi permis d’explorer la viabilité de l’outil de comparaison. Ainsi l’efficience et la productivité sont des critères nécessaires mais pas suffisants pour exprimer le service rendu par les CHU. Pour affiner ces données, il faut rapporter ces deux indicateurs au résultat médical et aux coûts mis en œuvre pour l’obtenir ; l’évaluation devant allier qualité et performance économique.
La lecture de ces retours permet de dégager des constats d’ordre général que les amateurs de classement pourront méditer : il n’y a pas de système idéal. « Chacun a mis l’emphase sur certains facteurs ou priorités tandis que d’autres indicateurs n’ont pas été examinés » commente Francis de Drée, directeur général du CHU Brugmann.
Et quelques préconisations éclairantes : « préférer la rémunération aux résultats des actes plutôt qu’aux actes, c’est-à-dire la valeur apportée au patient et pour éviter le travers inflationniste, intégrer les structures hospitalières dans des réseaux, centraliser les fonctions supports, engager le personnel dans des coopérations transversales qui suivent le parcours du patient, instaurer une vraie gestion de la production médicale » préconise Bruno Van Lierde, président du Boston Consulting Group de Bruxelles.
Marie-Georges Fayn
Télécharger le tableau comparatif (A à H CHU anonymisés implantés dans 8 pays européens)
Pour en savoir plus sur les disparités et convergences des hôpitaux européens contacter
Bruno Van Lierde, Président, Boston Consulting Group, vanLierde.Bruno@bcg.com

Commentaires

Il n’y a pas encore de commentaire pour cet article.

Sur le même sujet

Simuler un attentat ou une tempête pour préparer aux situations d’urgence 

Après l’impressionnant déploiement du “Shelter”, hôpital mobile du CHU de Toulouse, ce fut au tour du projet “SENS” d’être présenté lors de la dernière édition de SantExpo. SENS, ou autrement dit un centre de simulation environnementale et neurosensorielle de 140 m2, ayant la capacité de recréer diverses situations extrêmes pour préparer au mieux les professionnels de l’urgence à des crises majeures. Un projet attendu sur le site de l’hôpital Purpan en 2024.

A Santexpo, des CHU de France en transition(s)

Pour la deuxième année consécutive, les 32 CHU ont affiché leur unité à l’occasion de Santexpo, salon qui a réuni du 23 au 25 mai l’écosystème de la santé. S’il est difficile d’évaluer les retombées réelles pour les établissements, ce rassemblement sur deux stands et une même bannière (CHU de France) aura eu le mérite de faire valoir un certain nombre de thèmes, dont les transitions numérique, écologique ou sociale au sein de l’hôpital. A défaut d’énumérer tout ce que nos caméras ont pu capter d’échanges sur ces trois jours, la rédaction vous propose de revivre dix temps forts.

Vincent Vuiblet : “L’IA va profondément modifier l’ensemble des fonctions hospitalières.” 

Connaissance des maladies, aide aux diagnostics, dépistage précoce, prise en charge des patients, prédiction de l’efficacité des traitements ou encore suivi des épidémies… dans la santé comme dans d’autres domaines, l’Intelligence artificielle est promise partout. Si les perspectives semblent vertigineuses, difficile de saisir ce que cette évolution technologique, que certains appréhendent comme une “révolution”, implique réellement. A l’occasion de SantExpo, nous avons interrogé Vincent Vuiblet, Professeur de médecine au CHU de Reims et directeur de l’Institut d’Intelligence Artificielle en Santé Champagne Ardenne depuis 2020, sur ce sujet particulièrement d’actualité. L’occasion pour lui de nous éclairer, de balayer aussi un certain nombre d’idées reçues et de fantasmes.

Le CHU de Bordeaux aux petits soins avec ses nouveaux internes

Le 15 mai dernier, deux cent six nouveaux internes ont été accueillis au Grand Théâtre, bâtiment phare de la capitale girondine et propriété du CHU de Bordeaux. Un événement en grandes pompes voulu par Yann Bubien, peu de temps après son arrivée en tant que Directeur général.

A saint-Étienne, cette nouvelle clinique soigne les champions comme les sportifs du dimanche

Ouverte depuis novembre dernier, la Clinique Universitaire du Sport et de l’Arthrose (CUSA) accueille dix-sept praticiens travaillant de concert pour soigner les problématiques qui entourent l’appareil locomoteur. Et si son plateau technique de pointe voit défiler les sportifs de haut niveau comme les amateurs, c’est une autre population, touchée par l’arthrose et autres douleurs articulaires, qui prend massivement rendez-vous. Reportage.