Réunir les informations médicales de 2 000 patients souffrant du cancer colorectal, opérés en Ile-de -France et suivis dans une vingtaine de services d’oncologie colorectale de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), soit au total 300 000 données. Tel est l’exploit du projet COINCIDE, portant le nom la cohorte. Objectif : appréhender les disparités au sein d’une maladie très hétérogène afin de formuler des propositions visant à améliorer le traitement et le suivi des patients. Pour exploiter au mieux ces précieuses observations, l’AP-HP a mis en place un partenariat avec Quinten, société spécialisée dans l’analyse de données médicales avec le soutien du laboratoire Roche. Grâce aux enseignements issus de ces bases, les chercheurs ont pu montrer l’importance de l’indice de masse corporelle dans le dépistage et émettre des propositions pour affiner compte-rendu « standardisé ».
Le projet « COINCIDE » : un projet multicentrique inédit
L’analyse des données apporte une vision plus juste de la réalité de la prise en charge du cancer colorectal opéré en Ile-de-France. Avec une base complétée par 20 services de l’AP-HP, comprenant 150 paramètres différents sur 2000 patients (soit 300 000 données), l’analyse s’est révélée complexe en raison du volume de données à analyser et de leur hétérogénéité.
« Le challenge de réunir des chirurgiens et d’utiliser les financements de recherche autour d’une collecte de données n’était pas gagné. A force de ténacité et de persuasion, ce projet a pu fédérer des équipes des hôpitaux de l’Assistance-Publique Hôpitaux de Paris et générer une cohorte de 2000 patients » explique le Pr Marc Pocard – responsable de l’activité cancérologie au sein du service de chirurgie digestive du Pr Valeur, Hôpital Lariboisière-AP-HP.
« L’analyse de gros volumes de données cliniques est un enjeu important pour la santé publique. Les projets tels que COINCIDE permettent en effet d’évaluer l’impact des stratégies thérapeutiques. Nous avons proposé aux cliniciens le montage de ce partenariat innovant, gagnant pour les médecins chercheurs et in fine, les patients » indique Florence Ghrenassia, Directrice de l’Office du Transfert de Technologie et des Partenariats industriels de l’AP-HP
Faire progresser la cancérologie grâce à l’analyse des données
La société Quinten a extrait deux premières hypothèses qui pourraient donner lieu à des avancées majeures tant en matière de dépistage que de traitement chirurgical.
En plus de l’âge et du sexe, l’Indice de Masse Corporelle serait un critère supplémentaire à prendre en compte pour mieux dépister le cancer colorectal
Les résultats produits par Quinten suggèrent que l’IMC (Indice de Masse Corporelle) serait un facteur de risque de certaines localisations de cancer dans des contextes bien déterminés. En effet, certaines sont particulièrement fréquentes chez des profils de patients en situation de sur ou de sous-poids, en fonction de son âge et de son sexe. Si ce résultat est confirmé, le dépistage connu sous sa forme actuelle pourrait être encore plus efficace.
L’analyse standardisée de la pièce opératoire permettra un acte chirurgical plus précis
L’analyse anatomo-pathologique de la pièce opératoire peut être restituée de deux manières distinctes : une retranscription d’un compte-rendu oral non structuré dont le contenu peut varier d’un expert à l’autre, ou un compte-rendu « standardisé » commun à tous les experts. Si les deux continuent de coexister, l’analyse a montré que le compte-rendu « standardisé » permet de récolter un plus grand nombre d’informations importantes, tout en relevant la pertinence de certaines informations des rapports non structurés qui ne figurent généralement pas dans les rapports standardisés. L’analyse a donc permis de compléter le rapport standardisé, ce qui devrait permettre de suivre leurs patients dans de meilleures conditions.
Aujourd’hui Quinten poursuit son travail d’analyse en collaboration avec l’AP–HP dans le cadre d’un suivi à plus long terme de la cohorte COINCIDE. « L’analyse des données de l’étude COINCIDE est à de nombreux égards exceptionnelle. C’est en effet l’une des premières fois qu’autant de services de l’APHP ont mutualisé leurs données dans le cadre d’une cohorte. Ceci s’avère particulièrement intéressant, en particulier pour ce qui concerne l’analyse des disparités géographiques et des différences de pratiques entre les centres hospitaliers » explique Alexandre Templier – co-fondateur de Quinten
La poursuite de ce travail doit en effet permettre d’une part de valider les résultats de cette première analyse et d’autre part d’émettre de nouvelles hypothèses permettant d’améliorer la prise en charge du cancer colorectal.
N.B. la collecte, le traitement et l’utilisation de ces données anonymisées sont réalisées après autorisation de la Commission nationale de l’informatique et des libertés CNIL