Cancer de la plèvre : la recherche en ferme expérimentale

Avant d'essayer un nouveau traitement chez l'homme, il faut en vérifier l'efficacité et prouver sa sécurité c'est pourquoi le test chez l'animal demeure une étape incontournable. Maillon essentiel entre la découverte et son application humaine, la chirurgie expérimentale permet de valider l'intérêt de la technique et les performances du matériel.

Avant d’essayer un nouveau traitement chez l’homme, il faut en vérifier l’efficacité et prouver sa sécurité c’est pourquoi le test chez l’animal demeure une étape incontournable. Maillon essentiel entre la découverte et son application humaine, la chirurgie expérimentale permet de valider l’intérêt de la technique et les performances du matériel.

Centre unique en France, la plateforme zootechnique expérimentale de l’Etablissement National d’Enseignement Supérieur Agronomique de Dijon (ENESAD), implantée sur le Pôle Agricole de Pouilly en Auxois, s’étend sur 2,6 hectares. Le bâtiment des écuries dédié aux expériences de l’ENESAD a la capacité d’héberger une vingtaine de chevaux. Le bâtiment de chirurgie expérimentale se compose d’un hébergement pouvant accueillir 10 animaux de taille moyenne (type porc, mouton), en box individuel, 1 salle d’opération totalement équipée pour tout type d’animaux, avec ses salles annexes (pour l’anesthésie, stockage de matériel, habillage des chirurgiens) et un système de transport pour les animaux anesthésiés. Le coût global des 2 bâtiments et aménagements extérieurs s’élève à 1 148 310 euros toutes dépenses confondues.

Un centre d’avant-garde pour la chirurgie expérimentale chez le grand animal
D’avant garde par rapport aux autres centres européens elle dispose d’installations spécifiques pour la chirurgie expérimentale chez le grand animal (actuellement des recherches sont en cours chez des porcs et des chevaux), mais aussi pour tous les soins pré et postopératoires chez l’animal. Le suivi est assuré en permanence par un personnel vétérinaire et animalier formé spécifiquement à cette tâche. Enfin, son implantation sur l’axe autoroutier Paris – Lyon et à proximité de Dijon, tout en restant dans un cadre rural, en fait un lieu idéal pour la recherche expérimentale.

Construite par la communauté de communes de l’Auxois Sud en partenariat avec l’ENESAD avec l’aide de l’Etat, de l’Europe, du Conseil Régional, du Conseil Général, de la Chambre d’agriculture et du CHU, ce centre développera une activité de recherche de haut niveau. C’est pourquoi le CHU de Dijon est immédiatement devenu le partenaire privilégié de l’ENESAD.

La plateforme zootechnique répond aux doubles contraintes réglementaires liées à la recherche et à l’expérimentation animale
La plateforme zootechnique et l’activité expérimentale respectent strictement la réglementation et les directives du Conseil de l’Europe (directive 86/609/CEE du Conseil, du 24 novembre 1986 et convention STE 123) et leur transposition en droit français (Art. R.214-91 et suivants du Code Rural, décret n°2001-131 du 8 février 2001, arrêté du 19/04/88, décret du 6/06/01 et décret du 6/02/01) concernant l’expérimentation animale et les caractéristiques des installations qui lui sont destinées. Elle répond à des normes de sécurité et de confort animalier qu’aucune autre installation ne possède à l’heure actuelle en France : surface disponible pour chaque animal, milieu ambiant, salles d’expérimentation et leurs annexes, chauffage, éclairage, contrôle de l’humidité, la périodicité de l’entretien, alimentation, litières, etc… Des contrôles sont régulièrement assurés par la Direction Départementale des Services Vétérinaires qui délivre une autorisation et une accréditation particulières. Les activités de recherche sont approuvées par un Comité d’Ethique de l’expérimentation animale, crée selon le décret n°2005-264 du 22 mars 2005.

Le développement des programmes de chirurgie expérimentale
Des équipes de chercheurs de la région (CHU de Dijon, Université de Bourgogne et INSERM) mènent depuis des années des projets de chirurgie expérimentale en cancérologie, ayant déjà abouti à d’intéressants résultats publiés dans des revues internationales ; par exemple, dans Annals of Surgery 2006 ; 244(1):106-12: « High intra-abdominal pressure enhances the penetration and antitumor effect of intraperitoneal cisplatin on experimental peritoneal carcinomatosis ». En cours, un programme sur le traitement des cancers de la plèvre mené par une équipe mixte de chercheurs en cancérologie : le Service de Chirurgie Digestive, Thoracique et Cancérologique du CHU de Dijon et de l’Université de Bourgogne (Professeurs J.P.Favre, A.Bernard, P.Rat et P.Ortega Deballon) et de l’INSERM (Pr B.Chauffert). Cette équipe se compose de chirurgiens, cancérologues, anesthésistes, vétérinaires et infirmières.

D’autres unités du CHU et de l’Université vont les suivre : l’équipe de chirurgie orthopédique des Professeurs P.Trouilloud et E.Baulot (avec un programme de recherche sur les prothèses osseuses articulaires), de gynécologie du Professeur P.Sagot (avec un programme de recherche sur la statique pelvienne ou descente d’organes), d’odontologie et stomatologie du Docteur D.Perrin.

Au delà de l’expérimentation, ce nouveau site «haut de gamme» pour la chirurgie animale complexe est appelé à devenir un centre d’enseignement et de formation. Une fois les nouvelles techniques mises au point, des chirurgiens de toute la France seront invités à venir les découvrir et les appliquer.

La plateforme expérimentale de l’Etablissement national d’enseignement supérieur agronomique se définit comme un nouveau pôle scientifique d’intérêt au service de la recherche, pour le bénéfice des malades.

Commentaires

Il n’y a pas encore de commentaire pour cet article.

Sur le même sujet

Simuler un attentat ou une tempête pour préparer aux situations d’urgence 

Après l’impressionnant déploiement du “Shelter”, hôpital mobile du CHU de Toulouse, ce fut au tour du projet “SENS” d’être présenté lors de la dernière édition de SantExpo. SENS, ou autrement dit un centre de simulation environnementale et neurosensorielle de 140 m2, ayant la capacité de recréer diverses situations extrêmes pour préparer au mieux les professionnels de l’urgence à des crises majeures. Un projet attendu sur le site de l’hôpital Purpan en 2024.

A Santexpo, des CHU de France en transition(s)

Pour la deuxième année consécutive, les 32 CHU ont affiché leur unité à l’occasion de Santexpo, salon qui a réuni du 23 au 25 mai l’écosystème de la santé. S’il est difficile d’évaluer les retombées réelles pour les établissements, ce rassemblement sur deux stands et une même bannière (CHU de France) aura eu le mérite de faire valoir un certain nombre de thèmes, dont les transitions numérique, écologique ou sociale au sein de l’hôpital. A défaut d’énumérer tout ce que nos caméras ont pu capter d’échanges sur ces trois jours, la rédaction vous propose de revivre dix temps forts.

Vincent Vuiblet : “L’IA va profondément modifier l’ensemble des fonctions hospitalières.” 

Connaissance des maladies, aide aux diagnostics, dépistage précoce, prise en charge des patients, prédiction de l’efficacité des traitements ou encore suivi des épidémies… dans la santé comme dans d’autres domaines, l’Intelligence artificielle est promise partout. Si les perspectives semblent vertigineuses, difficile de saisir ce que cette évolution technologique, que certains appréhendent comme une “révolution”, implique réellement. A l’occasion de SantExpo, nous avons interrogé Vincent Vuiblet, Professeur de médecine au CHU de Reims et directeur de l’Institut d’Intelligence Artificielle en Santé Champagne Ardenne depuis 2020, sur ce sujet particulièrement d’actualité. L’occasion pour lui de nous éclairer, de balayer aussi un certain nombre d’idées reçues et de fantasmes.

Le CHU de Bordeaux aux petits soins avec ses nouveaux internes

Le 15 mai dernier, deux cent six nouveaux internes ont été accueillis au Grand Théâtre, bâtiment phare de la capitale girondine et propriété du CHU de Bordeaux. Un événement en grandes pompes voulu par Yann Bubien, peu de temps après son arrivée en tant que Directeur général.

A saint-Étienne, cette nouvelle clinique soigne les champions comme les sportifs du dimanche

Ouverte depuis novembre dernier, la Clinique Universitaire du Sport et de l’Arthrose (CUSA) accueille dix-sept praticiens travaillant de concert pour soigner les problématiques qui entourent l’appareil locomoteur. Et si son plateau technique de pointe voit défiler les sportifs de haut niveau comme les amateurs, c’est une autre population, touchée par l’arthrose et autres douleurs articulaires, qui prend massivement rendez-vous. Reportage.