Le Professeur Charles Marty-Ané *, chirurgien thoracique et son équipe viennent d’opérer le 600ème cancer du poumon sous assistance vidéo. Un score exceptionnel (plus d’un malade sur deux) alors qu’en France les lobectomies par thoracoscopie représentent moins de 13% des ablations du lobe pulmonaire contre 40% au Japon ou aux USA. Reconnue pour son leadership en oncologie thoracique, l’équipe du CHU de Montpellier a signé plusieurs communications et articles scientifiques dans des revues spécialisées.
Le cancer du poumon touche près de 40 000 personnes en France chaque année. S’il se situe en 4ème position pour la fréquence, il est en 1ère position pour la mortalité. La chirurgie reste le traitement de référence du cancer du poumon au stade localisé offrant les meilleures chances de guérison et de survie à long terme. La lobectomie (exérèse du lobe pulmonaire dans lequel se situe la tumeur) associée à un curage (ablation des ganglions lymphatiques) est l’intervention la plus fréquemment réalisée.
Le CHRU de Montpellier a été l’un des premiers établissements français à utiliser la thoracoscopie vidéo-assistée, une technique de chirurgie minimalement invasive qui consiste à introduire une caméra dans la cage thoracique pour guider l’opérateur et permettre l’ablation de la tumeur sans ouverture du thorax. Cette avancée remplace la plus classique thoracotomie qui correspond à une ouverture large du thorax et implique des sections musculaires et un écartement intercostal prolongé, généralement à l’origine de douleurs thoraciques post-opératoires invalidantes. Ces douleurs qui limitent la respiration et la toux peuvent conduire à un encombrement des voies respiratoires par les sécrétions bronchiques et être à l’origine d’une cascade de complications graves.
Depuis une quinzaine d’années, une nouvelle technique s’est développée pour la réalisation d’une lobectomie pulmonaire : la thoracoscopie vidéo-assistée. Comme pour une cœlioscopie pratiquée en chirurgie digestive, l’opérateur introduit dans la cavité thoracique au moyen de trois petites incisions (10 à 12 mm) un optique relié à une caméra ainsi qu’une instrumentation adaptée. Le chirurgien et son équipe visionnent sur un écran de télévision le déroulement de l’intervention qui est réalisée totalement à thorax fermé.
En fin d’intervention, une incision minimale élargissant l’une des trois incisions permet d’extraire la pièce opératoire. Cette technique permet de réaliser strictement la même intervention que celle réalisée lors de la chirurgie ouverte par thoracotomie.
Avantages des interventions par thoracoscopie
Parmi les bénéfices-patients reconnus à cette technique peu invasive, les spécialistes citent en priorité les douleurs post-opératoires réduites de même que les risques de complications et les séquelles, des suites opératoires simplifiées, une durée d’hospitalisation écourtée de moitié et une récupération plus rapide.
Indications
Essentiellement réservée aux tumeurs broncho-pulmonaires localisées, sans extension aux ganglions lymphatiques ou aux organes de voisinage, la thoracoscopie est particulièrement recommandée aux patients dont la fonction respiratoire est altérée ; plus fragiles, ils risqueraient davantage de complication post-opératoire avec une thoracotomie. Mais les lobectomies par thoracoscopie ne sont pas toujours réalisables du fait difficultés anatomiques non détectables avant l’intervention. En cours d’opération, il arrive que les chirurgiens transforment la thoracoscopie en une thoracotomie classique (5% des cas).
En savoir plus sur le cancer du poumon
Cause majeure de mortalité, le cancer du poumon est selon l’OMS la cause la plus fréquente de décès par cancer chez l’homme et se positionne après le cancer du sein chez la femme. Il est responsable de 1,3 millions de décès par an dans le monde. En France, selon l’Institut National de Veille Sanitaire, ce cancer concernerait près de 40 000 personnes chaque année, majoritairement des hommes et se situe en fréquence à la 4ème place après le cancer du sein, de la prostate et du côlon mais en première position pour la mortalité avec 30 000 décès par an.
La chirurgie reste le traitement de référence du cancer du poumon au stade localisé offrant les meilleures chances de guérison. L’intervention la plus fréquemment réalisée est la lobectomie (ablation du lobe dans lequel se situe la tumeur) associée à un curage (ablation des ganglions lymphatiques). Le traitement chirurgical peut être associé en pré ou en post-opératoire à la chimiothérapie ou à la radiothérapie.
*Le Pr Charles Marty-Ané , coordonnateur du département de chirurgie cardiaque, thoracique et vasculaire du CHRU de Montpellier. Il a été un des premiers en France à adopter cette technique mini-invasive au milieu des années 1990.