Le 3 juin 2019, le service d’oncologie hématologique et thérapie cellulaire du CHU de Poitiers a réalisé le premier traitement par immunothérapie à base de CAR-T cells. A la tête de cette équipe, le Pr Xavier Leleu, présente cette innovation, actuellement en cours de test et exclusivement réservée aux patients atteints d’une forme grave de cancer, réfractaire aux traitements habituels, ou en rechute.
La nouvelle thérapie consiste à modifier génétiquement, en laboratoire, certaines cellules immunitaires appelées les lymphocytes T, afin de les munir d’un récepteur, le CAR (chimeric antigen receptor), pour traquer les cellules cancéreuses et les détruire. Dans le système immunitaire, ces lymphocytes ont déjà ce rôle. Cette technique ne fait que leur offrir une nouvelle arme pour détruire plus efficacement les cellules cancéreuses, une fois réinjectées.
Concrètement, comment ça se passe ?
« Les lymphocytes du patient sont prélevés dans le sang à partir d’une ponction de leurs veines. Ces lymphocytes sont ensuite envoyés aux Etats-Unis où ils subissent une modification en laboratoire. Ensuite les lymphocytes T sont multipliés de manière à pouvoir disposer d’une grande quantité reprogrammés. Ces temps de reprogrammation, puis de multiplication, durent environ trois semaines à un mois. Au terme de cette multiplication, le patient recevra une chimiothérapie de préparation dont l’objectif est de réduire le nombre de lymphocytes T du patient (ceux qui fonctionnent mal). Quelques jours après, les lymphocytes T reprogrammés (CAR-T) sont reinjectés au patient. Ils vont alors, au contact de la tumeur, reconnaître spécifiquement les cellules tumorales et s’activer pour détruire ces cellules malignes. En plus de leur redoutable efficacité, ces cellules ont une longue durée de vie ce qui leur permet d’éradiquer des cellules cancéreuses qui réapparaitraient après plusieurs mois, voire plusieurs années. »
Quelles sont les suites du traitement par CAR T-cells pour le CHU de Poitiers ?
« Au CHU de Poitiers, le CAR T-cell est inscrit dans le cadre d’un essai thérapeutique. Plusieurs patients de Poitiers mais aussi d’autres régions de France sont demandeurs et éligibles à ce traitement d’avenir en cancérologie. Le coût de la prise en charge d’un patient traité par CAR T-cells est de 350 000 euros, financé aujourd’hui par l’industrie pharmaceutique. Bien que ce montant semble important, il reste malgré tout inférieur au coût d’un traitement en cancérologie sur plusieurs années, qui peut parfois atteindre les 200 000 euros par an et par patient. Le CAR T-cell se réalise lui avec une seule injection, dont l’action est unique et dix fois plus active et efficace que les traitements connus. Elle serait également active sur plusieurs mois, voire même plusieurs années, ce que les essais cliniques doivent confirmer. »