Juin 2008, un homme de 66 ans est admis en urgence en cardiologie au CHU Arnaud de Villeneuve à Montpellier. Il souffre de graves problèmes cardiaques ne pouvant attendre ou obtenir une greffe de cœur et les équipes du Département d’Anesthésie Réanimation du Pr Colson et de Chirurgie Cardiaque de l’Hôpital Arnaud de Villeneuve choisissent d’implanter le dispositif nommé INCOR. Ce patient est parvenu à la plus longue durée observée en France avec un INCOR, 6 ans de support cardiaque sans anomalies.
Depuis, 32 personnes en insuffisance cardiaque terminale ou en choc cardiogénique ont bénéficié du même protocole assuré par l’équipe de Chirurgie Cardiaque et Transplantation du Pr Albat. Certains ont pu être transplantés par la suite et 15 sont actuellement suivis mensuellement en consultation par les équipes du CHRU de Montpellier.
La plupart d’entre eux ont pu retourner à domicile après une hospitalisation d’environ un à deux mois avec un suivi de prise en charge en lien avec le médecin traitant et une infirmière libérale.
Au départ, financés par le CHRU de Montpellier ou par inclusion dans un projet national de « Soutien aux Thérapeutiques Innovantes et Coûteuses » (STIC), ces implants sont, pour la plupart, pris en charge par la sécurité sociale.
Ce dispositif et les autres pompes similaires utilisées (Heartmate 2 et Heartware) appartiennent à une nouvelle génération d’assistance cardiaque mécanique composée d’une pompe d’assistance mono-ventriculaire gauche intracorporelle reliée par un câble abdominal à une alimentation par batteries externes. Ils permettent le retour à domicile des patients contrairement aux systèmes préexistants.
Les avantages des pompes d’assistance mono-ventriculaire
Depuis 6 ans, les pompes d’assistance mono-ventriculaire gauche ainsi que l’activité d’assistance circulatoire de courte et de longue durée évoluent, offrant un large éventail de techniques disponibles et maitrisées pour améliorer encore la durée et la qualité de vie du patient.
Malgré le caractère non pulsé du débit cardiaque qui en pratique ne pose aucun problème si ce n’est la difficulté de mesurer la pression artérielle par la méthode conventionnelle. Les risques de complications (principalement hémorragiques, thrombotiques avec AVC et infectieux) sont nettement diminués sans toutefois disparaître complètement. La récupération et réhabilitation postopératoires sont plus rapides. Les caractéristiques du dispositif par sa légèreté, sa longévité et sa sécurité permettent un retour à domicile et une autonomisation parfaite du patient assisté. L’autonomie sur un jeu de batteries varie de 6 à 12h.
Cette prise en charge s’adresse aux patients atteints d’insuffisance cardiaque terminale ou en choc cardiogénique ne pouvant attendre ou bénéficier d’une greffe de cœur et dont le pronostic vital est engagé. La décision doit faire l’objet d’une concertation pluridisciplinaire (cardiologues, chirurgiens cardiaques, anesthésistes-réanimateurs).
Montpellier, un des CHU les plus innovants dans le domaine de la chirurgie cardiaque, thoracique et vasculaire
Sur l’Assistance Cardiaque Mécanique (ACM) et l’insuffisance cardiaque, les CHU de Toulouse et Bordeaux ont une activité proche du CHRU . Cependant, à Montpellier 75% des implantations du CHRU sont faites en situation aiguë tandis que les CHU de Toulouse et Bordeaux réalisent 75 à 80% de leurs implantations de façon élective, donc à moindre risque. Cela souligne à la fois la performance de la filière d’urgence cardiologique amenant un maximum de patients à l’ACM, mais aussi la nécessité de mieux informer les autres centres en région des indications de l’ACM pour en faire bénéficier les patients éligibles, handicapés par leur insuffisance cardiaque.
Le dispositif d’Assistance Cardiaque Mécanique (ACM)
Avant 2008 en France, l’assistance cardiaque mécanique (ACM) consistait en une assistance avec ventricules artificiels pneumatiques externes (dits « paracorporels ») reliés à une console massive bénéficiant d’une faible autonomie (1 à 2 heures). Cette technique était possible uniquement pour un patient en attente de transplantation cardiaque sans possibilité de retour à domicile. Elle reste encore indiquée en cas de défaillance bi-ventriculaire mais est de moins en moins utilisée en raison des risques élevés de complications.
Après une période de préparation et de formation des équipes, les premières implantations d’ACM intracorporelles à débit continu (non pulsé) ont été réalisées au CHRU de Montpellier en Juin 2008. Cette nouvelle génération d’ACM permet une assistance monoventriculaire gauche exclusivement par la mise en place d’une pompe plus petite pouvant être intégrée dans le thorax et générant un débit continu (soit pompe axiale type vis sans fin, soit pompe centrifuge). Le dispositif comprend une canule d’admission insérée à la pointe du ventricule gauche, le corps de pompe et une canule de sortie suturée à l’aorte ascendante, à la sortie du cœur, pour la réinjection du débit sanguin généré par la pompe. Le cœur natif est laissé en place et peut continuer à fonctionner malgré la présence de la pompe, son travail étant soulagé par l’ACM.
Pour les CHU, le spectre de l’impasse financière
Dans un communiqué rendu public ce lundi 2 octobre, la Conférence des Directeurs Généraux de CHU s’alarme de la mauvaise situation financière des CHU français, imputable selon elle aux surcoûts en termes de ressources humaines et aux effets de l’inflation. Et redoute une dégradation rapide si l’Etat ne fait rien.