Cardiologie : dépister l’artériopathie asymptomatique pour sauver des vies

Quand une étude en cache une autre et révèle les bénéfices d’un dépistage simplissime... De manière fortuite, l’étude GENES (Génétique EN Europe du Sud) vient de déboucher sur une découverte inattendue « le dépistage simple et systématique de l’artériopathie silencieuse (maladie des artères) peut éviter de graves accidents cardiaques».

Quand une étude en cache une autre et révèle les bénéfices d’un dépistage simplissime… De manière fortuite, l’étude GENES (Génétique EN Europe du Sud) vient de déboucher sur une découverte inattendue « le dépistage simple et systématique de l’artériopathie silencieuse (maladie des artères) peut éviter de graves accidents cardiaques». Toujours en cours, l’étude GENES a permis de collecter depuis 12 ans un vaste matériel de recherche qui fera l’objet de publications futures mais d’ores et déjà les statistiques ont mis en lumière une information précieuse : la corrélation entre la présence d’une artériopathie périphérique asymptomatique de patients coronariens et l’augmentation de 70 % de leur mortalité par rapport aux patients coronariens sans artériopathie. Il est ainsi démontré qu’un dépistage simple et systématique de l’artériopathie silencieuse et la mise en place d’un traitement adapté classique vis-à- vis de l’athérosclérose diffuse peut sauver de nombreuses vies.

L’artériopathie asymptomatique est donc un facteur pronostique majeur chez le patient coronarien stable. Son dépistage est réalisé par la mesure de la pression artérielle systolique à la cheville et au bras et le calcul de l’indice de pression systolique. La simplicité de l’examen pourrait conduire à sa réalisation systématique par le médecin généraliste ou spécialiste, comme c’est le cas dans de nombreux pays, permettant ainsi de sauver de nombreuses vies.

Une publication sur cette découverte est en cours de parution dans l’American Journal of Cardiology.

GENES : 1 600 patients répartis en deux cohortes

Lancée en 1999-2000 à l’initiative du CHU de Toulouse et pilotée par le Professeur Jean Ferrières, l’étude GENES recherche les gènes responsables ou protecteurs de l’infarctus du myocarde. Pour le savoir deux cohortes de sujets ont été recrutées : 800 patients coronariens stables (ayant réalisé une coronarographie pour un diagnostic ou un suivi post incident cardiaque) et 800 sujets sains tirés au sort en Haute-Garonne.
Les 800 patients coronariens stables ont bénéficié d’un examen simple nécessitant uniquement un stéthoscope : la mesure de la pression artérielle systolique à la cheville et au bras et le calcul de l’indice de pression systolique (rapport entre les deux mesures).
Parmi ces 800 patients, trois groupes avaient été déterminés et suivis pendant une moyenne de 7,2 ans :
– 1er groupe : patients coronariens ne décrivant aucune douleur dans les jambes et indice de pression systolique normal (sujet référence de l’étude)
– 2ème groupe : patients coronariens avec un antécédent connu de maladie artérielle des jambes
– 3ème groupe : patients coronariens ne se plaignant pas de douleur dans les jambes mais avec anomalie de l’indice de pression systolique
Résultats : le groupe n°3 a 1,7 fois plus de risque de mourir dans les 7 ans que le sujet référence. Dans ce groupe, l’artériopathie est totalement asymptomatique puisque le patient ne se plaint d’aucune douleur dans les jambes. Sans le dépistage, l’artériopathie serait restée silencieuse. 

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