Chirurgie de la main, brûlologie et réassignation génitale : le service de chirurgie plastique, esthétique et reconstructrice du CHU de Poitiers, dirigé par le Pr Franck Leclère, conforte et développe trois nouveaux axes de prise en charge, tout en s’appuyant sur une offre de soins pluridisciplinaire.
C’est un nouveau type d’intervention que s’apprête à proposer le service de chirurgie plastique, esthétique et reconstructrice du CHU de Poitiers. Une offre de soins encore très peu développée dans les centres hospitaliers de l’Hexagone et de nombreux patient(e)s concerné(e)s qui restent en souffrance. Chirurgie du transexualisme, la vaginoplastie consiste en une réassignation génitale du sexe masculin vers le sexe féminin. Une activité de recours pour le CHU de Poitiers que le Pr Franck Leclère développera d’ici quelques mois. «Nous avons mis en place une réunion de concertation pluridisciplinaire constituée de psychiatres de ville et d’hôpital, d’un avocat spécialisé, de phoniatres, de chirurgiens ORL, urologues et plastiques, d’endocrinologues afin de définir le cadre médico-légal pour développer cette niche chirurgicale. Cette réunion de concertation pluridisciplinaire est un garde-fou et elle relaiera les demandes de prises en charge auprès de la Sécurité sociale, explique le chef de service. Cette activité, où les demandes sont fortes, permettra également de donner une étiquette internationale au CHU de Poitiers dans ce domaine.»
Après un clinicat à l’université de Berne en Suisse, le Pr Leclère a notamment travaillé, de 2013 à 2017, au sein du service de chirurgie plastique du CHU de Bordeaux où il a été formé à la réassignation génitale. Au sein du service de chirurgie plastique du CHU de Poitiers, qu’il a rejoint depuis près d’un an, le Pr Leclère assure aujourd’hui le suivi des patientes qu’il a opérées à Bordeaux (suivi gynécologique, urinaire…), proposant également des actes secondaires : retouches (lipofeeling, plastie de l’introitus), mise en place de prothèses mammaires… «Dès que la réunion de concertation pluridisciplinaire sera effective, nous pourrons pratiquer, au CHU de Poitiers, des actes primaires de vaginoplastie.» Une opération qui consiste en l’ablation des deux testicules et de la verge, la création d’un vagin (tapissé par la peau de la verge), d’un clitoris vivant et sensible, de petites et de grandes lèvres. Rappelons que pour cette transformation chirurgicale irréversible, un suivi psychiatrique préalable de deux ans est obligatoire.
Brûlures et pathologies de la main
Autres objectifs du service de chirurgie plastique du CHU de Poitiers : développer les prises en charge en matière de brûlologie sur des brûlures ne dépassant pas 20% de la surface corporelle et ne nécessitant pas de gestes de réanimation, et devenir, à terme, «un centre de la main de référence», en collaboration avec les orthopédistes. «Dans un premier temps, nous allons prendre en charge toutes les pathologies de la main froide – syndrome du canal carpien, doigts à ressaut, rhizarthrose, compression des nerfs périphériques… – et également les petites urgences», précise le Pr Leclère.
Le service compte actuellement quatre chirurgiens, dont le Dr Vincent Huguier et le Dr Intisar Ben Achour. Loin des clichés trop souvent relayés dans les médias,son activité ne se limite pas à la chirurgie esthétique. «Nous travaillons en collaboration avec de nombreux services : avec les chirurgiens digestifs pour réaliser des reconstructions après amputations abdominopérinéales ou dans le cadre de la chirugie post-bariatrique, avec les chirurgiens urologues pour les reconstructions du périnée, avec les chirurgiens ORL pour les reconstructions nasales, avec les chirurgiens gynéco pour les reconstructions mammaires (le CHU de Poitiers est le seul en Poitou-Charentes à proposer la technique autologue innovante du DIEP par exemple), ou encore avec les dermatologues dans le cadre de la carcinologie faciale…», illustre le Pr Leclère, très attaché à la «transvervalité» de sa discipline.
Recherche et enseignement
En s’appuyant sur le modèle SimLife*, et en collaboration avec le Pr Jean-Pierre Richer, le Pr Franck Leclère veut développer «un nouveau concept d’apprentissage» en microchirurgie autour du prélèvement et de l’anastomose de lambeaux libres, à destination des internes en médecine. Objectif : optimiser le geste, «l’un des plus compliqués en chirurgie plastique», dans le respect du temps opératoire. «C’est un apprentissage en situation de bloc, c’est-à-dire qu’il y a une courbe d’apprentissage qui se fait, mais sans limitation du nombre d’interventions», résume-t-il. «Un potentiel» que le Pr Leclère compte mettre à profit pour faire de «la recherche et de l’enseignement» : «Ces nouveaux paradigmes d’apprentissage répondent parfaitement à la réforme de l’internat.» Par ailleurs, le Pr Leclère est membre de l’unité Inserm U1189, dirigée par le professeur Serge Mordon, spécialiste de l’outil laser en chirurgie plastique, et travaille sur deux projets universitaires : l’un portant sur les microanastomoses vasculaires assistées par laser, le second sur le remodelage cartilagineux assisté par laser pour la correction d’oreilles décollées.
*Modèle de simulation unique sur cadavre revascularisé breveté par le laboratoire d’anatomie de la faculté de médecine et de pharmacie de l’université de Poitiers.