Des internes militaires aussi !

Ils sont près de 2 000 chaque année en France à passer le concours pour devenir médecin militaire. Seuls 130 l’obtiennent. Goût de l’aventure, besoin de la discipline, recherche de la poussée d’adrénaline en situation d’urgence… Associer une dimension militaire à une formation médicale déjà ardue relève d’un choix personnel complexe dans une période où l’armée, en même temps que l’hôpital, est en pleine mutation. Le CHU de Nancy pour sa part en accueille près de 5 par semestre alors que de son côté, l’hôpital militaire offre pour la même période environ 8 places pour les internes civils. Rencontre avec le lieutenant Armelle Stephan-Carlier, médecin militaire en formation, et Alban Gervaise, radiologue militaire, qui ont effectué une partie de leur internat au CHU de Nancy.

Ils sont près de 2 000 chaque année en France à passer le concours pour devenir médecin militaire. Seuls 130 l’obtiennent. Goût de l’aventure, besoin de la discipline, recherche de la poussée d’adrénaline en situation d’urgence… Associer une dimension militaire à une formation médicale déjà ardue relève d’un choix personnel complexe dans une période où l’armée, en même temps que l’hôpital, est en pleine mutation. Le CHU de Nancy pour sa part en accueille près de 5 par semestre alors que de son côté, l’hôpital militaire offre pour la même période environ 8 places pour les internes civils. Rencontre avec le lieutenant Armelle Stephan-Carlier, médecin militaire en formation, et Alban Gervaise, radiologue militaire, qui ont effectué une partie de leur internat au CHU de Nancy.
Ce qui pousse ces futurs professionnels à opter pour la médecine militaire, c’est bien souvent le désir de s’orienter vers un métier atypique. Le médecin-capitaine Gervaise explique son choix : « Je me suis engagé à 18 ans, j’avais plein de rêves, j’avais envie d’aventure. » Un désir d’échapper à la banalité du quotidien qui a motivé aussi le lieutenant Stephan-Carlier : « Manœuvres, opérations extérieures, aide médicale à la population… la formation était des plus originales et me laissait penser que je pourrai sauver des gens en situation d’extrême urgence. » Autre incitation à rejoindre les rangs militaires, l’attirance certaine pour un cadre fixe rassurant, un fort esprit de cohésion, un certain sens du devoir et, qui sait, le port de l’uniforme avec le célèbre galon brodé sur du velours rouge ou encore la tenue bleue ressemblant à l’uniforme de la marine.

C’est en Terminale que les élèves sont recrutés sur concours pour intégrer l’Ecole de Santé des Armées (ESA) située à Lyon-Bron (le site de Bordeaux étant désormais fermé). Les étudiants admis rejoignent les bancs des universités de médecine des villes respectives. Au concours de fin de première année, ils doivent impérativement être dans le numerus clausus pour poursuivre leur formation médicale qui ressemble à n’importe quel cursus civil : tous les cours sont dispensés à la faculté de médecine, il faut réussir l’Examen Classant National en fin de 6e année et choisir une spécialité.

Armelle Stephan, interne militaire en Médecine Physique et Réadaptation le confirme : « L’ESA complète la formation médicale civile en y ajoutant des spécificités comme des semaines de formation militaire en camp mais aussi des cours complémentaires pour préparer le concours de 1re année, puis l’examen national classant à partir de l’étude de cas cliniques. » Avant d’intégrer l’école, les élèves passent quelques semaines à s’exercer au tir, au parcours d’obstacles, autrement dit parcours du combattant, aux marches en forêt et de nuit. Ils découvrent les principes de la correspondance militaire et le respect de la hiérarchie. Des initiations à la vie militaire qu’ils renouvèleront fréquemment au fil de leur cursus. A l’ESA, plus de la moitié des étudiants sont des femmes rejoignant en cela la tendance générale des cursus de médecine. Le service de santé des armées est d’ailleurs la partie de l’armée où les femmes sont les plus représentées.

Au moment de l’internat et du choix d’une spécialité, soit le futur médecin opte pour la spécialité « médecine générale » et doit exercer son internat dans un hôpital militaire pendant 3 ans, tout en effectuant des stages dans un CHU. Il sera ensuite affecté à une Unité de Gendarmerie, de l’Armée de terre, de l’air, ou de la marine où il sera responsable du suivi médical sur place mais aussi dans ses déplacements, y compris à l’étranger dans le cadre d’une opération extérieure (ou théâtre d’opération). Là-bas, il sera chargé du suivi des militaires, de l’aide médicale à la population locale et de l’encadrement du rapatriement des blessés en France.
 Soit, le futur médecin choisit une spécialité et à côté de son internat dans un hôpital militaire, il pourra effectuer, grâce à des partenariats, des stages dans des établissements civils. C’est ce que fait Armelle à l’Institut Régional de médecine physique et de Réadaptation de Nancy pour bénéficier d’une plus grande spécialisation en rééducation locomotrice. Par la suite, un médecin militaire spécialisé comme elle, prend ses fonctions dans un des 9 Hôpitaux d’Instruction des Armées de France.
C’est le cas d’Alban Gervaise après 3 stages d’internat au CHU de Nancy (en Neuroradiologie et en Radiologie) et 1 an en tant qu’assistant chef de clinique. Souvent, les internes militaires apprécient d’intégrer un CHU pour bénéficier de l’expertise de ses professionnels. En effet, les hôpitaux militaires proposent une bonne formation générale sans permettre une formation hyper spécialisée comme dispensée au sein des hôpitaux universitaires.  

Pendant leur internat, ils doivent encore participer chaque année à un ou deux modules de médecine militaire de deux semaines environ ayant lieu à Paris Val de Grâce. On y retrouve de la médecine du sport, de l’épidémiologie, mais aussi un module sur la médecine tropicale (effectué à Marseille). « Autrefois, les médecins coloniaux avaient à faire à des infections spécifiques comme la maladie du sommeil ou le paludisme… cette tradition de médecine tropicale se poursuit », explique Armelle. D’autres modules portent sur les blessures de guerre (plaies par armes à feu, traumatismes causés par des engins explosifs improvisés, accidents de la voie publique) ou sur les risques NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique).  En fonction de leur spécialité, les internes savent qu’ils seront amenés à se déplacer en opération extérieure. Si les chirurgiens ou les anesthésistes militaires suivent souvent une Unité à l’étranger, les radiologues comme Alban Gervaise restent généralement en France. « Les images prises par les scanners en Afghanistan ou au Tchad sont directement envoyées aux radiologues des HIA par réseau informatique. »

Pendant tout leur internat, ces futurs médecins militaires sont lieutenants. Une fois leur thèse passée, ils seront capitaines. A eux ensuite de progresser tout au long de leur carrière, selon les notations attribuées par les supérieurs. Mais bien souvent, ils ont d’autres motivations et d’autres ambitions que de gravir les échelons…

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