Dépression : le CHU de Nancy, Centre Expert dans les troubles bi-polaires

L’Organisation Mondiale de la Santé n’en fait pas mystère : la dépression sera la première cause de handicap professionnel dans les dix prochaines années. L’OMS anticipe dans cette projection, les conséquences de la dépression pathologique qui n’a rien à voir avec la «réaction dépressive», un processus normal d’adaptation à la réalité qui touche 90% des gens au cours de leur vie. Ce « passage à vide » marque une étape nécessaire en diverses circonstances, comme le deuil par exemple. Il indique et concrétise la perte d’un « objet symbolique » investi affectivement. Au CHU de Nancy, la prise en charge des pathologies dépressives relève du service Psychiatrie et Psychologie Clinique qui a été homologué Centre Expert dans les troubles bi-polaires en 2010. Ses équipes accueillent des patients adressés pour 1/3 par des généralistes, 1/3 par des psychiatres et 1/3 par d’autres biais y compris la prise de rendez-vous directe. Pourtant, selon le chef de service, Jean-Pierre Kahn, psychiatre, les maladies dépressives restent sous diagnostiquées « en particulier chez les hommes à cause de préjugés culturels ». Explications.

L’Organisation Mondiale de la Santé n’en fait pas mystère : la dépression sera la première cause de handicap professionnel dans les dix prochaines années. L’OMS anticipe dans cette projection, les conséquences de la dépression pathologique qui n’a rien à voir avec la « réaction dépressive », un processus normal d’adaptation à la réalité qui touche 90% des gens au cours de leur vie. Ce « passage à vide » marque une étape nécessaire en diverses circonstances, comme le deuil par exemple. Il indique et concrétise la perte d’un « objet symbolique » investi affectivement. Au CHU de Nancy, la prise en charge des pathologies dépressives relève du service Psychiatrie et Psychologie Clinique qui a été homologué Centre Expert dans les troubles bi-polaires en 2010. Ses équipes accueillent des patients adressés pour 1/3 par des généralistes, 1/3 par des psychiatres et 1/3 par d’autres biais y compris la prise de rendez-vous directe. Pourtant, selon le chef de service, Jean-Pierre Kahn, psychiatre, les maladies dépressives restent sous diagnostiquées « en particulier chez les hommes à cause de préjugés culturels ». Explications.
Le service de Psychiatrie et de Psychologie Clinique de l’établissement, situé sur le site de Brabois, comprend deux unités ouvertes et une unité de soins protégés destinés aux patients que l’on doit protéger contre eux-mêmes. Ces lieux de soins différents accueillent pourtant des personnes souffrant de la même pathologie : la dépression, à ne pas confondre avec la tristesse et encore moins avec le coup de blues ou le découragement.
« La dépression, c’est un ensemble de maladies qui peut avoir de multiples causes, développe le Pr Kahn. Des causes endogènes, génétiques, chimiques et environnementales c’est-à-dire humaines, sociologiques et affectives. Quoi qu’il en soit, l’actuelle insécurité globale de la société dans laquelle nous vivons est un facteur contributif. » En effet, l’être humain se caractérise par sa recherche de la sécurité bien avant celle de son autonomie. Ajouter à cela que toutes les formes d’addiction (alcool, drogues, etc.) sont des facteurs de vulnérabilité accrue. « 15% des Français feront une fois dans leur vie un épisode dépressif majeur. Si toutes les catégories de la population sont concernées, il y a deux fois plus de femmes que d’hommes » fait remarquer le chef de service. « A cela plusieurs explications : la maladie est sous diagnostiquée par une formation qui reste insuffisante des médecins généralistes et sa réalité est mal acceptée par un public masculin qui confond virilité et invulnérabilité ! »
« La dépression, dont le risque principal est de voir la personne qui en est atteinte mettre fin à ses jours (plus de 10% des dépressifs), se caractérise par une tristesse disproportionnée (en langage savant il faut parler d’anhédonie correspondant à l’incapacité de ressentir des émotions positives), un ralentissement psychomoteur (difficultés à se concentrer, à réfléchir mais aussi un corps qui fonctionne au ralenti ou à l’inverse agitation, euphorie exagérée) et une perturbation des fonctions physiologiques : sommeil contrarié, perte de l’appétit et perte du désir » énumère le Dr Philippe Aïm, assistant du chef de clinique.

Autant de dépressions, autant de prises en charge différentes

Forts de cette réalité, les médecins du CHU de Nancy ont pour première mission de mettre le patient en confiance et de le rassurer sur l’écoute qu’il va recevoir. Cette qualité de l’écoute s’appuie sur la disponibilité du spécialiste et le décryptage du dit, du non-dit, des mots, des silences et des maux. Le principal écueil à éviter pour les équipes médicales, c’est la récidive possible des patients qui se croient tirés d’affaire et arrêtent prématurément leur traitement médicamenteux et/ ou psychologique. «  L’important c’est de soigner les personnes pour qu’elles aillent bien et non pas pour qu’elles aillent mieux ! » argumente le Pr Jean Pierre Kahn « Une dépression sur deux est récidivante. Or un traitement, pour être efficace, doit être pris au moins pendant 6 mois selon les recommandations internationales. »
Sur la prise en charge psychologique, trois grandes écoles co-existent au CHU qui toutes, ont pour objectif de soutenir le patient dans la quête de changement dans sa propre vie, véritable terreau de l’amélioration de son état de santé. Il y a les approches d’inspiration psychanalytique qui recherchent les causes psychologiques de la pathologie, les méthodes cognitivo-comportementales qui s’attaquent aux symptômes de la maladie et l’hypnose qui s’attache à la recherche de solutions individuelles. Enfin, pour les patients victimes d’état dépressif sévère et résistant aux traitements médicamenteux, l’électroconvulsivothérapie est pratiquée au CHU de Nancy. Seul établissement équipé en Lorraine pour la permettre, elle consiste à envoyer un choc électrique au cerveau du patient en état d’anesthésie générale brève.
Malgré les progrès dans la connaissance de la pathologie, la dépression reste une maladie qui met « mal à l’aise ». Les instances internationales de santé publique d’abord qui voient dans la multiplication du nombre des victimes les effets nocifs d’une organisation collective anxiogène. Les médecins généralistes ensuite qui, les premiers, constatent la variété des symptômes psychosomatiques révélateurs de stress dans leur clientèle. Les individus enfin, souffrant d’une pathologie aux causes et aux effets si complexes que beaucoup la résument par ces mots « Je ne me reconnais plus moi-même… »

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