Dépression : nouvel espoir pour les 30% de patients résistants aux traitements standards

En France, malgré la quarantaine de variétés d’antidépresseurs, près d’un tiers des patients résistent à ces traitements. Pour comprendre ces résistances, deux études cliniques ont été menées par des équipes pluridisciplinaires associant recherche clinique et fondamentale, l’une à Marseille, l’autre à Montréal*, sur des patients souffrant de dépression. « En suivant l’évolution des symptômes par une mesure biologique, cette recherche a permis de démontrer l’implication d’une protéine, le facteur de transcription Elk-1, dans la dépression et la résistance au traitement » indique le Dr Belzeaux. Cette découverte qui marque une avancée dans la compréhension de la maladie et ouvre sur de nouvelles stratégies thérapeutiques a fait l’objet d’une publication dans Nature Medicine du 7 mai 2018.
En France, malgré la quarantaine de variétés d’antidépresseurs, près d’un tiers des patients résistent à ces traitements. Pour comprendre ces résistances, deux études cliniques ont été menées par des équipes pluridisciplinaires associant recherche clinique et fondamentale, l’une à Marseille, l’autre à Montréal*, sur des patients souffrant de dépression. « En suivant l’évolution des symptômes par une mesure biologique, cette recherche a permis de démontrer l’implication d’une protéine, le facteur de transcription Elk-1, dans la dépression et la résistance au traitement » indique le Dr Belzeaux. Cette découverte qui marque une avancée dans la compréhension de la maladie et ouvre sur de nouvelles stratégies thérapeutiques a fait l’objet d’une publication dans Nature Medicine du 7 mai 2018.
Nouvelle piste thérapeutique
Régulant l’expression de très nombreux gènes directement au sein de la cellule, cette protéine joue un rôle important dans la modification des émotions et du comportement. « Aujourd’hui les antidépresseurs ont globalement tous le même mode d’action : ils agissent à la surface des cellules sur des récepteurs ou des transporteurs. La protéine Elk-1 intervient de manière originale, à l’intérieur même de la machinerie cellulaire, ce qui représente une vraie alternative en termes de mécanisme » explique le Dr Eleni Tzavara (Directeur de Recherche Inserm à Paris) qui a coordonné l’étude et mené les travaux de validation préclinique chez des modèles animaux.
Vers un suivi thérapeutique personnalisé 
Ces travaux ont mis en évidence que la protéine Elk-1 est un biomarqueur sanguin facile à suivre au cours du temps. « Ce marqueur pourrait être un bon indicateur du pronostic de la dépression et aider à la décision thérapeutique tel que le changement de traitement anticipé pour éviter l’échec thérapeutique».ajoute l’expert
Déstigmatisation 
Désormais caractérisée par un biomarqueur, la dépression devient une maladie comme les autres ; un pas en avant dans la déstigmatisation de la maladie mentale, trop souvent victime de préjugés.  « Il est Important pour les patients qu’une recherche scientifique sur la dépression soit publiée », souligne le Dr Belzeaux. « Cela prouve que c’est une pathologie « comme une autre », qui peut être mise en évidence par des biomarqueurs, et que les mécanismes biologiques de la dépression peuvent être corrigés ». 
Et demain…
Il faudra encore attendre de nombreux travaux et obtenir une validité suffisante pour envisager la commercialisation de nouveaux traitements d’ici quelques années. Le Dr Belzeaux, le Dr Tzavara de Paris et leurs collaborateurs sont engagés dans de nouveaux travaux de recherche dans le cadre d’un appel à projet européen.  Il s’agit d’étudier les raisons du déraillement biologique qui provoque la dépression, notamment en mesurant les effets du stress social ou des traumatismes de l’enfance. 
*Cette recherche est le fruit d’une collaboration entre des équipes de recherche du réseau de la Fondation FondaMental associant l’Institut de Biologie Paris-Seine (IBPS) (CNRS-Inserm-Sorbonne Université), l’Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille, l’Institut de Neurosciences de la Timone (Université Aix-Marseille /CNRS), l’Institut universitaire en santé mentale Douglas (Université McGill) et l’Université Paris-Descartes. 
Contact : Dr Raoul BELZEAUX 
raoul.belzeaux@ap-hm.fr

Commentaires

Il n’y a pas encore de commentaire pour cet article.

Sur le même sujet

Dossier : L’obésité

Elle concerne 17% des adultes en France, a des origines multiples et peut entraîner de nombreuses complications – cardiovasculaires, hépatiques, rénales, respiratoires, dermatologiques, cancers, diabète – : cette maladie, c’est l’obésité. Alors que la journée mondiale le l’obésité a eu lieu le le 4 mars, la rédaction a souhaité lui consacrer un dossier.

CHU de la Réunion, se préparer au cyclone

Au cours de la nuit du 20 au 21 février dernier, l’île de la Réunion a évité le choc qu’aurait pu causer le cyclone baptisé Freddy, finalement passé à environ 190 km de ses côtes. Face à l’alerte orange, le CHU de la Réunion a lancé son plan cyclone pour anticiper les conséquences d’une potentielle catastrophe. Retour sur les mesures mises en place.

MARADJA, une décennie à accompagner les jeunes atteints de cancers

En France, environ neuf cent adolescents (15-18 ans) et mille quatre cent jeunes adultes (18-25 ans) sont touchés chaque année par le cancer. Au CHU de Bordeaux, un lieu particulier leur est destiné, MARADJA (Maison Aquitaine Ressources pour Adolescents et Jeunes Adultes), qui fête ses dix ans. Nous y avons rencontré Lucile Auguin, traitée à vingt-trois ans pour une leucémie aiguë.

Lactarium Raymond Fourcade, la page se tourne à Bordeaux

Le 5 décembre dernier, sur le site de l’hôpital Haut-Lévêque (Pessac), était posée la première pierre du futur Lactarium Raymond Fourcade. Le projet qui sera livré l’an prochain, 1200 m2 de bâti neuf doté d’équipements dernier cri, doit venir “conforter la place du CHU de Bordeaux comme le plus important lactarium au niveau national” ; et prendre le relais de l’actuel site de production basé à Marmande (Lot-et-Garonne), en fonctionnement depuis près d’un demi-siècle et que le CHU avait acquis en 2012.