Des consultations post-greffe à distance

Depuis 3 ans, certains transplantés rénaux volontaires consultent à distance leur praticien via écran interposé, dans le cadre de l'étude Télégraft. A Nantes, 84 personnes greffées renseignent elles-mêmes des paramètres médicaux sur une tablette. Ces données intégrées à leur dossier sont analysées par l'équipe. Les échanges avec le praticien ont lieu lors de téléconsultations. A la clé : une sécurité pour les patients qui bénéficient d'un suivi expert et peuvent donner l'alerte en cas de complication et un service pratique qui leur évite bien des déplacements au service de néphrologie du CHU. Explications..

Depuis 3 ans, certains transplantés rénaux volontaires consultent à distance leur praticien via écran interposé, dans le cadre de l’étude Télégraft. A Nantes, 84 personnes greffées renseignent elles-mêmes des paramètres médicaux sur une tablette. Ces données intégrées à leur dossier sont analysées par l’équipe. Les échanges avec le praticien ont lieu lors de téléconsultations. A la clé : une sécurité pour les patients qui bénéficient d’un suivi expert et peuvent donner l’alerte en cas de complication et un service pratique qui leur évite bien des déplacements au service de néphrologie du CHU. Explications…
Après une greffe rénale, certains patients peuvent désormais bénéficier de consultations de suivi à distance : « Divat, notre outil de suivi des transplantés, comporte une base de données collectées depuis 1994, explique le Pr Magali Giral, néphrologue. Nous l’avons utilisée comme outil de prédiction sur le devenir des patients transplantés, notamment quant au risque de rejet. Huit paramètres sont pris en compte, qui nous permettent de déterminer parmi nos patients lesquels présentent un risque de rejet fort ou faible dans l’année suivant la transplantation, puis à huit ans. Selon le risque estimé, la prise en charge est différente, le suivi plus ou moins intensif. »
Le projet Télégraft concerne les patients présentant un faible risque de rejet. La moitié d’entre eux, parmi les volontaires, sont équipés d’une tablette personnalisée qui leur permet de renseigner eux-mêmes avant le rendez-vous certains paramètres médicaux (tension, diurèse…). Ces données sont automatiquement intégrées dans le dossier médical au lieu d’être mesurées en consultation classique. Le praticien en dispose donc au moment de l’échange à distance, par connexion sécurisée (programmée comme un rendez-vous « normal ») entre la tablette du patient et l’ordinateur du médecin : « Cela représente un gain en confort important pour les personnes qui doivent parfois parcourir une longue distance pour un rendez-vous souvent très court. » Le patient peut aussi utiliser sa tablette pour donner l’alerte s’il présente des signes cliniques anormaux.
À ce jour, 84 greffés ont été recrutés à Nantes depuis le démarrage, en 2012, de l’étude qui prévoit l’inclusion de 250 patients à Nantes, 700 pour les trois centres*. 235 téléconsultations ont déjà été réalisées. Les résultats seront publiés en 2018 : « L’analyse médico-économique sera l’un des paramètres d’évaluation de l’intérêt du projet. En ce qui concerne l’intérêt pour le patient, nous savons déjà que les participants manifestent une forte satisfaction. Être libérés de la contrainte de se déplacer quatre fois dans l’année participe certainement de l’amélioration de leur qualité de vie. Nous envisageons d’aller plus loin en proposant aux patients présentant un fort risque de rejet un suivi renforcé en intercalant des téléconsultations entre les consultations classiques. Ce système pourrait aussi s’étendre aux pathologies chroniques, par exemple. »
Précurseur en matière de nouvelles technologies, l’unité de transplantation rénale est entièrement informatisée depuis 1996. Pascal Daguin, informaticien, est membre de l’équipe et développe les outils et applications spécifiques requises**. L’une d’elles permet même aux patients de connaître leur rang dans la file d’attente des consultations, via leur smartphone !
* Télégraft est une étude multicentrique, à laquelle participent le CHU de Lyon et l’hôpital Necker à Paris, pour évaluer une prise en charge par téléconsultation versus un suivi standard de patients transplantés rénaux en fonction d’un score de risque précoce d’échec de greffe.

** Clé USB patient pour simplifier l’accès au portail internet dédié au protocole Télégraft, application mobile, module spécifique intégré au dossier de spécialité, pont de visioconférence et, bientôt, évolution de l’application télégraft application mobile plus générique compatible iPhone, Android, tablettes…
Contacts : 02.40.08.74.53

Commentaires

Il n’y a pas encore de commentaire pour cet article.

Sur le même sujet

Dossier : L’obésité

Elle concerne 17% des adultes en France, a des origines multiples et peut entraîner de nombreuses complications – cardiovasculaires, hépatiques, rénales, respiratoires, dermatologiques, cancers, diabète – : cette maladie, c’est l’obésité. Alors que la journée mondiale le l’obésité a eu lieu le le 4 mars, la rédaction a souhaité lui consacrer un dossier.

CHU de la Réunion, se préparer au cyclone

Au cours de la nuit du 20 au 21 février dernier, l’île de la Réunion a évité le choc qu’aurait pu causer le cyclone baptisé Freddy, finalement passé à environ 190 km de ses côtes. Face à l’alerte orange, le CHU de la Réunion a lancé son plan cyclone pour anticiper les conséquences d’une potentielle catastrophe. Retour sur les mesures mises en place.

MARADJA, une décennie à accompagner les jeunes atteints de cancers

En France, environ neuf cent adolescents (15-18 ans) et mille quatre cent jeunes adultes (18-25 ans) sont touchés chaque année par le cancer. Au CHU de Bordeaux, un lieu particulier leur est destiné, MARADJA (Maison Aquitaine Ressources pour Adolescents et Jeunes Adultes), qui fête ses dix ans. Nous y avons rencontré Lucile Auguin, traitée à vingt-trois ans pour une leucémie aiguë.

Lactarium Raymond Fourcade, la page se tourne à Bordeaux

Le 5 décembre dernier, sur le site de l’hôpital Haut-Lévêque (Pessac), était posée la première pierre du futur Lactarium Raymond Fourcade. Le projet qui sera livré l’an prochain, 1200 m2 de bâti neuf doté d’équipements dernier cri, doit venir “conforter la place du CHU de Bordeaux comme le plus important lactarium au niveau national” ; et prendre le relais de l’actuel site de production basé à Marmande (Lot-et-Garonne), en fonctionnement depuis près d’un demi-siècle et que le CHU avait acquis en 2012.