Déstigmatiser la psychiatrie et la réintégrer parmi les disciplines médicales

Inscrire la psychiatrie comme une « discipline d’avenir », la réintégrer parmi les disciplines médicales, dédramatiser les soins spécialisés apportés aux patients, répondre aux défis de l'enseignement et de la recherche. Tels étaient les principaux objectifs du colloque de Besançon des 16 et 17 avril qui répondent aux enjeux déjà définis par la Ministre de la Santé lors du congrès de l’Encéphale du 26 janvier 2018. Cette rencontre a réuni plus de 150 participants, représentants et responsables nationaux des médecins, généralistes et spécialistes en psychiatrie, libéraux, publics et universitaires, des chercheurs, des directeurs d’hôpitaux, des équipes soignantes, des patients et de leurs familles.

Inscrire la psychiatrie comme une « discipline d’avenir », la réintégrer parmi les disciplines médicales, dédramatiser les soins spécialisés apportés aux patients, répondre aux défis de l’enseignement et de la recherche. Tels étaient les principaux objectifs du colloque de Besançon des 16 et 17 avril qui répondent aux enjeux déjà définis par la Ministre de la Santé lors du congrès de l’Encéphale du 26 janvier 2018. Cette rencontre a réuni plus de 150 participants, représentants et responsables nationaux des médecins, généralistes et spécialistes en psychiatrie, libéraux, publics et universitaires, des chercheurs, des directeurs d’hôpitaux, des équipes soignantes, des patients et de leurs familles.
Soumis aux mêmes impératifs que les autres spécialités, à savoir optimiser les parcours de soins et les financements et organiser l’enseignement et relever les défis de la recherche, la psychiatrie doit en plus savoir dédramatiser les soins spécialisés apportés aux patients. Sur ce point, le colloque a fait ressortir trois orientations principales.

D’abord, faire évoluer l’image de la psychiatrie et des pathologies qu’elle soigne.

En effet, lorsqu’on parle de psychiatrie, on pense d’emblée à des pathologies lourdes, à des patients « enfermés » ou ne pouvant pas être guéris, et c’est notamment à cause de ce préjugé ancré dans les mentalités que certains patients ne vont pas consulter ou ne le disent pas à leurs proches, par honte ou par crainte d’un jugement négatif.
Il est temps de cesser cet amalgame entre maladie mentale et folie : la psychiatrie soigne les troubles anxieux et dépressifs, les troubles bipolaires de l’humeur, les troubles psychotiques, ou encore les troubles du comportement alimentaire et les conduites addictives, maladies souvent évolutives qui concernent plus d’une personne sur quatre dans la population.

La deuxième orientation touche à la place de la psychiatrie au sein des territoires de santé.

Grâce à la politique de secteur, l’hospitalisation n’est pas la seule alternative : plus de 80% des activités se déroulent en ambulatoire, marquant le caractère pionnier d’une démarche vers les territoires, que la médecine entend développer pour l’ensemble des disciplines.
La psychiatrie est le précurseur des alternatives à l’hospitalisation, des réseaux de soins et de santé, de l’ouverture sur la ville et la société, mais elle reste encore trop souvent à l’écart des autres spécialités, tout particulièrement de la médecine générale, et il est essentiel qu’elle s’en rapproche.
Sa place au sein des groupements hospitaliers de territoires, des communautés psychiatriques de territoires, des projets territoriaux de santé mentale dans le cadre de projets territoriaux de santé, en fait l’un des moteurs de l’évolution du système de santé, du développement de la prévention, de la gradation des soins, des parcours de soins, et de leurs financements.
Avec l’évolution de la tarification à l’activité, avec la prise en compte de facteurs géopopulationnels et de ses missions particulières, la psychiatrie peut, elle aussi, effectuer une distinction dans la gestion des pathologies aiguës et au long cours, entre sanitaire, soins de suite et de réadaptation, et médico-social.
Le rôle de l’ensemble des acteurs du soin doit être reconnu et valorisé : celui des équipes infirmières, avec les "infirmiers en pratique avancée", celui des psychologues cliniciens à inscrire dans les professions de santé et celui des patients et de leur entourage dans une démarche de véritable démocratie sanitaire.

Le développement de l’enseignement et de la recherche, nécessite une augmentation du nombre d’enseignants et de chercheurs

L’enseignement en psychiatrie polyvalente offre dorénavant des options vers la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, vers la psychiatrie du sujet âgé, de même que des formations spécialisées transversales partagées avec d’autres disciplines, notamment vers l’addictologie, les troubles du sommeil, la médecine légale.
En ce qui concerne la médecine générale et tout le cursus des études médicales, il est important que la psychiatrie y soit inscrite dans les enseignements et les propositions de stages.
Pour la formation des autres intervenants, on peut souligner l’intérêt de diplômes d’université et de masters transversaux, associant infirmiers, psychologues, médecins, à d’autres acteurs des métiers du médico-social ou de la justice, permettant des échanges et une culture partagée.
En ce qui concerne la recherche, la variété et l’imbrication des facteurs associés aux troubles psychiatriques plaide pour l’inter et la transdisciplinarité : les approches des neurosciences, de l’épigénétique à l’imagerie fonctionnelle, et celles des sciences humaines et sociales, psychologiques et sociologiques, doivent être considérées pour construire une discipline intégrative.
Il est nécessaire de mieux associer recherche clinique et recherche fondamentale, de multiplier le nombre d’unités labellisées, de participer davantage à des programmes européens et internationaux, mais aussi d’en augmenter les budgets pour la faire bénéficier de moyens identiques à ceux d’autres pays européens ou des Etats-Unis.

Considérer l’être humain dans sa globalité, sans séparer le corps et l’esprit, le somatique et le psychique, est essentiel, et il faudrait inscrire les parcours de soins dans les parcours de vie, en soulignant que la santé a de nombreux autres déterminants que l’absence de maladie : cela nécessite une prise de conscience et une volonté de l’ensemble de la société !
Consulter la synthèse du colloque sur le site du CHU de Besançon
Ce colloque professionnel était porté par le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Besançon avec :
•    le Collège national des universitaires de psychiatrie (CNUP)
•    l’Union nationale des familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam)
•    la Fédération nationale des associations d’usagers en psychiatrie (FNAPSY)
•    l’Association des établissements du service public de santé mentale (AdESM)
•    la Conférence des présidents des commissions médicales d’établissements (CME) de CHS
•    la Fédération hospitalière de France (FHF)
•    l’Agence régionale de santé (ARS) de Bourgogne-Franche-Comté
•    la Ville de Besançon
•    l’Université Bourgogne Franche-Comté (UBFC)
•    la Fondation Fondamental
•    la Fondation Pierre Deniker pour la recherche et la prévention en santé mentale
Et en partenariat avec :
•    l’Association française fédérative des étudiants en psychiatrie (AFFEP)
•    l’Association hospitalière de Bourgogne Franche-Comté (AHBFC)
•    l’Association des jeunes psychiatres et des jeunes addictologues (AJPJA)
•    l’Association universitaire franc-comtoise pour la recherche en psychiatrie (AUFCRP)
•    les Invités au festin
•    la Société collégiale de psychiatrie de Franche-Comté (SCPFC)
•    le Syndicat national des médecins des hôpitaux publics (SNAM-HP)
•    le Syndicat universitaire de psychiatrie (SUP)

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