Diarrhées aiguës des enfants : impact de la vaccination anti rotavirus

Première étude française réalisée en population durant deux ans sur plus de 4 600 nourrissons, Ivanhoé démontre l'efficacité du vaccin contre le rotavirus et son impact sur les services hospitaliers. Bien toléré par les nourrissons, ce vaccin n'a entraîné aucun effet indésirable notable et a divisé par deux le nombre d'hospitalisation pour gastro-entérite aiguë à rotavirus à Brest. Les résultats ont été présentés lors de la 29ème RICAI(Réunion interdisciplinaire de chimiothérapie anti-infectieuse)qui se tenait à Paris du 2 au 4 décembre 2009.

Première étude française réalisée en population durant deux ans sur plus de 4 600 nourrissons, Ivanhoé démontre l’efficacité du vaccin contre le rotavirus et son impact sur les services hospitaliers. Bien toléré par les nourrissons, ce vaccin n’a entraîné aucun effet indésirable notable et a divisé par deux le nombre d’hospitalisation pour gastro-entérite aiguë à rotavirus à Brest. Les résultats ont été présentés lors de la 29ème RICAI(Réunion interdisciplinaire de chimiothérapie anti-infectieuse)qui se tenait à Paris du 2 au 4 décembre 2009.

Responsable de 300 000 épisodes de diarrhées aiguës chez les enfants de moins de 5 ans, la gastro-entérite à rotavirus est plus sévère que les autres et engendre 18 000 hospitalisations par an, en France.

Menée lors de l’épidémie 2008-2009, l’étude IVANHOE – étude d’impact de l’administration d’un vaccin rotavirus buvable pentavalent – confirme l’efficacité et la bonne tolérance du vaccin.
1 – La campagne de vaccination par RotaTeq® a permis de diviser par 2 le nombre d’hospitalisations pour gastro-entérite aiguë à rotavirus des nourrissons de moins de 2 ans habitant la Communauté urbaine de Brest, ceci pour une couverture vaccinale d’environ 47 % (pour 3 doses).
2 – La vaccination a permis une réduction relative du risque (RRR) d’hospitalisation pour gastro-entérite aiguë à rotavirus chez les nourrissons vaccinés de 98 % (1), confirmant les résultats des essais cliniques.
3 – Enfin, aucun effet indésirable grave notable n’a été signalé suite à cette campagne de vaccination, deux cas d’invagination intestinale aiguë ont été notifiés, en adéquation avec le nombre attendu en l’absence de vaccination. Les impacts de la vaccination par RotaTeq® sur les infections nosocomiales et sur le gain économique engendré par la réduction du nombre d’hospitalisations sont en cours d’analyse.

Pour réaliser l’étude IVANHOE, une offre de vaccination généralisée et gratuite par RotaTeq® a été proposée de mai 2007 à mai 2009 à l’ensemble des nourrissons nés à Brest et à Landerneau depuis février 2007. Cette vaccination a été réalisée par les centres de PMI, les pédiatres libéraux et des médecins généralistes de la Communauté Urbaine de Brest

Depuis 2002, tout enfant hospitalisé pour GEA dans les services de pédiatrie du CHU de Brest bénéficie d’une recherche systématique de Rotavirus. Un recueil rétrospectif (2002 à 2006) de toutes les hospitalisations pour GEA a été réalisé. En décembre 2006, une surveillance prospective des hospitalisations pour GEA dans les unités de Pédiatrie du CHU de Brest (unique lieu d’hospitalisation du bassin de naissance) a été mise en place afin de colliger les données cliniques et virologiques. Ces données ont permis d’évaluer l’impact de la campagne de vaccination sur les hospitalisations pour GEA à rotavirus en 2007-2008, 2008-2009 par rapport aux données épidémiques de 2002 à 2007 sans vaccination Cette étude a été réalisée conjointement par les services de pédiatrie et le Centre d’investigation clinique (CIC) du CHU de Brest.

Pour évaluer l’impact de la vaccination sur les hospitalisations pour gastro-entérite aiguë à rotavirus, le Dr Arnaud Gagneur (2), du département de pédiatrie du CHU de Brest et le Pr
Emmanuel Oger (3), coordonnateur du CIC du CHU de Brest jusqu’à mi-2008 ont utilisé une nouvelle méthodologie : l’étude de cohorte prospective, avec une modélisation originale déterminée en fonction de l’ampleur de l’épidémie. « Notre modélisation permet de dire que la réduction des hospitalisations pour gastro-entérite aiguë à rotavirus semble liée à la vaccination et pas à autre chose (en particulier à une éventuelle variation saisonnière de l’épidémie) », précise le Dr Arnaud Gagneur. « En effet, des variations saisonnières (parfois importantes) d’une année à l’autre, peuvent modifier les résultats d’étude sur les gastro-entérites aiguës à rotavirus. »

La vaccination rotavirus est recommandée dans de nombreux pays dont les Etats-Unis
Le vaccin rotavirus, disponible en France depuis 2007, est déjà largement utilisé dans de nombreux pays (Belgique, Finlande, Autriche…) où la vaccination rotavirus est recommandée. Ainsi, aux Etats-Unis, où cette vaccination fut recommandée en février 20068, RotaTeq®, seul vaccin disponible pendant 2 ans, a confirmé son efficacité et sa tolérance Résultat : en comparaison aux épidémies 2000-2006, les épidémies 2007-2008 & 2008-2009 ont été retardées, diminuées et raccourcies.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS), dans son relevé épidémiologique hebdomadaire du 5 juin 2009, recommande l’introduction de la vaccination dans tous les programmes de vaccination nationaux.
En France, trois sociétés savantes se sont positionnées favorablement pour la vaccination
rotavirus :
• Le Groupe francophone d’hépatologie, de gastroentérologie et de nutrition pédiatrique
(GFHGNP),
• L’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA),
• Le Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique (GPIP)
Ces deux dernières insistent notamment sur la nécessité d’une recommandation et d’une prise en charge de la vaccination contre le rotavirus par l’Assurance maladie afin de permettre son accès par toutes les familles.
En France, à ce jour, la vaccination rotavirus n’est pas recommandée.

Les gastro-entérites aiguës à rotavirus sont des épidémies virales qui touchent pratiquement tous les jeunes enfants

Pour les nourrissons : un risque majeur de déshydratation
Les gastro-entérites aiguës, généralement d’origine infectieuse, peuvent être provoquées par des virus, des bactéries (Salmonella, Yersinia…) ou des parasites. Dans les pays développés, comme dans les pays en voie de développement, le rotavirus est l’agent infectieux le plus souvent responsable des diarrhées sévères chez les jeunes enfants. Les gastro-entérites à rotavirus surviennent surtout entre l’âge de 3 mois et 3 ans.
En France, chaque année, le rotavirus est responsable de 300 000 épisodes de diarrhées aiguës chez les enfants de moins de cinq ans, dont 160 000 diarrhées sévères.
L’infection à rotavirus est pratiquement inévitable et les réinfections sont fréquentes.
Un même enfant peut être infecté plusieurs fois, le plus souvent par différentes souches de
rotavirus. A l’âge de cinq ans, pratiquement tous les enfants ont été contaminés au moins une fois par le rotavirus. Ces infections semblent inévitables pour tous les enfants sans distinction de culture ou de groupe socio-économique.
Il existe différentes souches de rotavirus définies par une combinaison des sérotypes G et P. Cinqsouches de rotavirus représentent plus de 90 % des souches en Europe : G1P1[8], G2P[4], G3P1[8], G4P1[8], G9P1[8].

Après un temps d’incubation court (1-3 jours), la contamination virale peut ne provoquer aucun symptôme chez l’enfant… ou au contraire des manifestations importantes avec une déshydratation majeure. Les infections aiguës à rotavirus se caractérisent généralement par des diarrhées (selles liquides et fréquentes – plus de trois par jour) accompagnées ou non de vomissements et parfois de fièvre. Ces symptômes durent de 3 à 8 jours.Les gastro-entérites à rotavirus sont plus sévères que les autres. La présence de ce virus est en soi un facteur de gravité, les enfants contaminés par ce virus ayant plus de risques de déshydratation20,21. Les symptômes liés à la déshydratation sont généralement en rapport avec la perte de poids. En dessous de 5 % de perte de poids, les symptômes sont quasi inexistants en dehors de la soif. Au-delà d’une baisse de 10 % du poids corporel, on peut constater : une persistance du pli cutané, une langue très sèche, une baisse de la quantité d’urine, un trouble de la conscience, une perte de connaissance, un choc hypovolumique… La complication majeure de cette infection est une déshydratation qui peut s’avérer fatale (13 à 14 décès par an en France d’après l’InVS)..

_______

(1)IC95 % : [83-100] (p<0,0001) (1/1895 vs 47/2102)
(2) Docteur Arnaud Gagneur, praticien hospitalier néonatalogiste dans le département de pédiatrie au CHU de Brest jusqu’en mai 2008. Aujourd’hui, il est détaché du CHU de Brest,et occupe le poste de clinicien-chercheur en vaccinologie, professeur adjoint à l’Université de Sherbrooke, dans l’unité de néonatalogie, département de pédiatrie, à Sherbrooke, Québec – Canada.
(3)Professeur Emmanuel Oger, Professeur de Pharmacologie Clinique, responsable du Centre d’investigation clinique (CIC) du CHU de Brest en 2007. Il est actuellement en poste au Centre Régional de Pharmacovigilance – CHU de Rennes, Service de Pharmacologie – INSERM CIC 0203 Faculté de Médecine – Université de Rennes 1.

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