Dossier : l’arthrose

L'arthrose touche dix millions de Français. Crédit : Adrien Morcuende
L’arthrose est une maladie articulaire qui touche dix millions d’individus en France. Si 65% d’entre eux ont plus de soixante-cinq ans, il n’en reste pas moins qu’une diversité de causes implique également le développement de la maladie chez les plus jeunes.

L’arthrose, c’est quoi ? 

La maladie touche les articulations, principalement au niveau des mains, du rachis, des genoux et des hanches. De fortes douleurs se manifestent alors, ainsi qu’une masse liquide au niveau de la cavité articulaire. Il s’agit, le plus souvent, d’une inflammation de la membrane synoviale (intérieure à l’articulation), une destruction du cartilage et un remodelage de la partie osseuse située sous ce dernier, aussi appelée os sous-chondral.

Les différents types d’arthrose

Il est possible de différencier deux variantes de cette pathologie : l’arthrose primitive lorsqu’elle est idiopathique. Ce type d’arthrose, considéré comme une “usure” et généralement associé au vieillissement du corps, est décelé dans le cas d’un diagnostic localisé. Néanmoins, elle peut également apparaître sur de multiples articulations et dans ce cas, il s’agit d’une arthrose primitive généralisée. 

À contrario, elle est classée secondaire quand une éthiologie est établie ou, en d’autres termes, lorsqu’elle est causée par un facteur spécifique comme une blessure, le développement de l’obésité, l’inactivité du corps, la génétique ou encore une inflammation causée par une maladie tiers. Dans ce cas, il est possible de contracter de l’arthrose à un âge jeune. 

Ces deux types d’arthrose affichent les mêmes symptômes et les mêmes traitements. Toutefois, il est important de noter que l’arthrose secondaire peut être prévenue et évitée avec une hygiène de vie saine et une activité physique régulière. 

Les symptômes 

Le plus souvent, l’arthrose apparaît petit à petit, s’installant graduellement d’articulation en articulation. La douleur et l’impression de raideur (après une période d’inactivité du corps) apparaissent en premier lieu. Des sensations de frottements, de crépitements et de fortes douleurs peuvent survenir lors du port de charges lourdes et / ou à l’occasion de déplacements. Des spasmes et rétractions musculaires peuvent s’y ajouter. Lorsque la maladie se développe, cela cause une réduction de la mobilité articulaire. 

Dans certains cas, les zones du corps qui sont touchées gonflent, comme dans le cas de l’arthrose fémorotibiale (genou). Ce gonflement est causé par une irritation de la membrane synoviale, ce qui détériore le cartilage. 

Enfin, il est possible de voir ces zones être déformées ou subluxées, notamment au niveau des mains. L’arthrose érosive, localisée à cet endroit, implique une synovite ainsi que le développement de kystes au niveau des articulations interphalangiennes proximales ou distales.

Les causes de développement de l’arthrose

Lorsqu’elle est causée par un motif indépendant au vieillissement, de multiples facteurs peuvent comporter un risque, comme un excès de pression sur les articulations (en cause, une augmentation des “contraintes mécaniques, une surcharge pondérale, le port fréquent de charges lourdes, une activité physique trop intense ou la pratique mal contrôlée de certains sports” selon l’Inserm). Des instabilités métaboliques (diabète, obésité, hypertension artérielle, dyslipidémies), des maladies articulaires (chondrocalcinose, goutte, rhumatismes inflammatoires), des maladies osseuses (ostéonécrose aseptique), des anomalies anatomiques (déviations de l’axe de la jambe, dysplasies de hanche) ou encore la génétique peuvent être des facteurs de risque.

L'arthrose maladie chronique dégénérative aux "origines traumatiques, génétiques, familiales." Crédit Photo : A.M

Incidences et comorbidités

La maladie peut en effet être influencée par un ensemble de facteurs systémiques et métaboliques liés les uns aux autres. Par exemple, un individu en surpoids ou en situation d’obésité va développer certaines cellules comme des adipokines ou acides gras qui vont avoir une incidence sur l’apparition et le développement de la pathologie. De même, une inflammation de bas grade aura un résultat similaire sur le corps. Grâce à ces constatations, il serait possible de comprendre le lien existant entre la survenue de l’arthrose et la zone où elle s’installe. 

Le diagnostic

Après un examen clinique, une série de radiographies dites standards est nécessaire pour diagnostiquer l’arthrose. En cas de maladie, on peut observer une réduction de l’interligne articulaire, une augmentation de la densité de l’os sous-chondral, le développement de kystes sous-chondraux, une modification de la structure osseuse ou encore un épanchement articulaire. 

Evolution de la maladie

Il est impossible de prévoir l’évolution de l’arthrose. Sans que l’on ne sache vraiment pourquoi, elle peut même se résorber seule. Parfois, l’arthrose est silencieuse et ne se décèle qu’à travers la radiographie (et non la douleur). De même, sa progression peut être assez lente pour ne pas constituer une importante souffrance chez le patient. 

Traitements et soins

Dans un premier temps, des traitements symptomatiques non-médicamenteux et visant à réduire la progression de la maladie peuvent être proposés. En cas de surpoids, il est nécessaire d’entreprendre une perte de masse graisseuse et la pratique d’une activité physique régulière, dans les moments où le corps ne fait pas trop souffrir le patient. Il est recommandé d’éviter les charges, d’adapter son environnement pour faciliter ses déplacements, prendre appui sur une canne en cas de poussées inflammatoires et porter des semelles orthopédiques lorsqu’une gonarthrose est diagnostiquée. 

Dans un second temps, il est possible de prescrire des traitements médicamenteux ou des solutions chirurgicales pour soulager la douleur qui peut parfois se montrer trop intense et omniprésente au quotidien. Parmi les médicaments proposés, des antalgiques (dont du paracétamol) mais aussi des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) pris par voie orale ou sous forme de gel, en cas de fortes douleurs. 

Le médecin peut également injecter des anti-inflammatoires dans l’articulation ou l’injection d’acide hyaluronique (viscosupplémentation), un antalgique dont la composition est similaire au liquide synovial physiologique. L’intérêt de cette injection est que l’effet de soulagement de la douleur peut durer plusieurs mois. Néanmoins, il faut compter une période de six mois avant toute nouvelle injection. 

Au niveau chirurgical, une arthroplastie peut être une solution. Il s’agit d’une opération programmée en cas d’arthrose sévère à la hanche ou au genou et au cours de laquelle on remplace l’articulation du patient par une prothèse. Cette intervention est viable sur une durée supérieure à vingt ans. Si une partie des patients opérés conservent encore des douleurs après leur opération, les chiffres sont tout de même rassurants : la prothèse obtient 90% de taux de satisfaction pour les prothèses totales de la hanche et 85% pour les prothèses totales du genou.

Les projets de la recherche

Il n’est pas encore possible de mettre un terme au développement de la maladie. Les traitements restent symptomatiques. Néanmoins, la recherche est à l’œuvre pour déceler et catégoriser des sous-types d’arthrose et ainsi, permettre la création de nouvelles molécules capables d’arrêter l’évolution de la maladie, voire d’éviter son apparition. 

De manière plus concrète, des recherches sont menées autour d’un dérivé du piment que l’on appelle résinifératoxine. Molécule ciblant le récepteur TRPV1 qui transmet les messages douloureux, elle serait potentiellement en mesure de calmer la douleur sur plusieurs mois. Son injection se fait directement dans l’articulation. 

Une étude est également menée sur la neurostimulation du nerf vague qui se trouve dans l’oreille interne. Les chercheurs espèrent déclencher un arc réflexe anti-inflammatoire qui limiterait et soulagerait l’arthrose des mains. 

Concilier arthrose et sport

Continuer une activité physique régulière est préconisée pour prévenir ou ralentir la survenue de l’arthrose. Le cartilage peut se trouver fragilisé en cas de sédentarité, état qui favorise également la prise de poids, contre-indiquée en cas d’arthrose. 

Le sport, quel qu’il soit, reste néanmoins le premier protecteur du cartilage qui perdait en épaisseur moins rapidement chez les sportifs. Il offre également un effet antalgique et réduit l’excès pondéral chez les patients en situation de surpoids ou d’obésité

Alors quel type de sport pour limiter les douleurs ? Si la course à pied a tendance à écraser le cartilage et à réduire son épaisseur de 4 à 5%, il a été prouvé que cette réduction revenait à la normale dans les deux heures suivant l’effort. Il est conseillé d’allier endurance, charge (marche rapide) ou décharge (natation) et de manière régulière. 

Les sports collectifs tels que le football ou le rugby exposent le genou à des lésions ligamentaires ou méniscales qui peuvent favoriser la survenue de l’arthrose. 

Il faut également noter que, de manière générale, le sport peut être facteur d’entorse ou d’un surmenage de l’articulation qui peuvent favoriser l’apparition de l’arthrose. Il est donc nécessaire de conserver une activité physique raisonnée.

L’arthrose dans les CHU

La rédaction

Ce dossier n’a qu’une valeur informative non-exhaustive et ne remplace en aucun cas l’avis médical d’un expert.

Les informations contenues dans ce dossier de ont été relues et vérifiées par le Pr Rémi Philippot, chirurgien othopédiste à la Clinique Université du Sport et de l’Arthrose (CHU de Saint-Étienne). 

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