Une prothèse de genou connectée, capable de signaler une infection ou tout défaut mécanique. Tel est l’ambitieux projet de recherche appelé FollowKnee dont le financement global s’élève à 24 M€. L’objectif dans 5 ans est d’obtenir un produit commercialisable avec une évaluation clinique des résultats. L’équipe du CHU de Brest partenaire de cette grande aventure vient de de décrocher une subvention de 7.9 M€.
Une reconnaissance qui va droit au cœur des 5 parties prenantes brestoises à savoir, le Laboratoire de traitement de l’information médicale (Latim) et l’unité Inserm 1101, incluant l’Université de Bretagne Occidentale (UBO) , l’Institut Mines-Télécom Atlantique (IMTA) et le CHRU de Brest. Cette innovation est très attendue sur un marché particulièrement porteur : 80.000 prothèses du genou sont posées chaque année et les perspectives de croissance sont impressionnantes de l’ordre de 600% entre aujourd’hui et 2030 du fait du vieillissement de la population. Les explications du Professeur Eric Stindel, Directeur du Latim, et porteur du projet…
Le smartphone au service du patient
« Pour le patient, cette avancée signifie d’abord plus de sécurité. Le patient bénéficiera d’une prothèse de genou posée à l’aide de technique de réalité augmentée. Il pourra ainsi récupérer à domicile via son smartphone des informations relatives à sa prothèse. Une fois en séance de rééducation avec son kinésithérapeute, il pourra également recueillir ces mesures, qu’il transmettra, s’il le souhaite, à son chirurgien. Il s’agit de respecter la sécurité du patient tout en préservant sa vie privée et l’éthique de notre métier » souligne Pr Stindel. « Nous ne sommes pas big brother ! Loin de nous l’idée d’être intrusifs. Il s’agit de rassurer les patients, de leur permettre d’obtenir ces informations de manière ponctuelle quand ils le souhaitent et d’assurer la sécurité de leur santé ».
Une fois ces données reçues, l’objectif sera d’apporter un conseil individualisé au patient quant aux exercices qu’il peut pratiquer, mais aussi de rechercher les infections précoces qui peuvent parfois être associées à ce type d’opération. En cas de signaux d’infection, le patient entrera rapidement dans une filière de dépistage : le suivi sera, par conséquent, plus personnalisé et plus précoce.
Des partenaires industriels de poids
Même si ce partenariat est d’abord d’envergure régionale, le projet fait appel à des compétences nationales. Ainsi les capteurs intégrés à la prothèse vont être développés par le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) de Grenoble, l’un des quatre partenaires industriels. Le premier partenaire du projet est la société Imascap, start-up créée par un doctorant du Latim en 2009. Elle sera en charge de la commercialisation du produit.
La société SLS, quant-à elle, initialement spécialisée dans les implants dentaires, réalisera la prothèse en 3D grâce à une imprimante spécifique : une technologie à la fois inédite et innovante. Le troisième partenaire, la société Immersion est un des leader Européens de la réalité augmentée. Elle va générer des outils d’aide à la pose de cette prothèse. D’autres partenaires ont également été associés au projet, pas moins d’une dizaine au total, tels que l’institut de recherche technologique (IRT B-com), ID2Santé. Le Latim porte et coordonne le projet. Le CHRU de Brest a quant à lui financé le montage du projet et constitue le partenaire clinique majeur.
Le laboratoire Latim fait partie de la Fédération Hospitalo-Universitaire (FHU) TECHSAN qui a également joué un rôle dans l’obtention de ce financement. Cette fédération regroupe des équipes de recherche brestoises et rennaises. Elle a pour objet de développer de nouveaux dispositifs médicaux et d’accélérer l’accès aux nouvelles technologies pour les patients du territoire. Cette véritable alliance de partenaires industriels, va également permettre la création d’une quinzaine d’emplois au total. « La recherche génère de l’emploi et ce beau projet est d’ores et déjà un succès pour nos équipes » conclut Pr Eric Stindel.
Pour les CHU, le spectre de l’impasse financière
Dans un communiqué rendu public ce lundi 2 octobre, la Conférence des Directeurs Généraux de CHU s’alarme de la mauvaise situation financière des CHU français, imputable selon elle aux surcoûts en termes de ressources humaines et aux effets de l’inflation. Et redoute une dégradation rapide si l’Etat ne fait rien.