« Le 9 novembre 2011, suite au déficit récurrent du centre hospitalier (CH) du Blanc (36), l’agence régionale de santé de la région Centre annonce sa volonté de limiter l’activité chirurgicale à l’ambulatoire entraînant de facto la transformation de la maternité de niveau 1 en centre de périnatalité. Refusant cette injonction, élus et citoyens se mobilisent et créent dès le 21 novembre le comité de défense du CH du Blanc » rappelle Jean-Michel Mols, Président de cette association. Intervenant sur l’Agora qui s’est tenue le 26 mai 2016 dans le cadre de la Paris Healthcare Week,
Empowerment des citoyens et restructuration de l’offre de soins : le combat juste du CH du Blanc
« Le 9 novembre 2011, suite au déficit récurrent du centre hospitalier (CH) du Blanc (36), l’agence régionale de santé de la région Centre annonce sa volonté de limiter l’activité chirurgicale à l’ambulatoire entraînant de facto la transformation de la maternité de niveau 1 en centre de périnatalité. Refusant cette injonction, élus et citoyens se mobilisent et créent dès le 21 novembre le comité de défense du CH du Blanc » rappelle Jean-Michel Mols, Président de cette association. Intervenant sur l’Agora qui s’est tenue le 26 mai 2016 dans le cadre de la Paris Healthcare Week, il a relaté les 5 années de combat citoyen qui s’ensuivirent. Mêlant activisme, lobbying, coopération et proposition, l’association s’est opposée à une décision unilatérale. A son actif d’innombrables courriers, des rencontres avec les ministres de la santé de droite et de gauche, un effort de mobilisation permanent de l’opinion publique et des actions fortes : plus de 6 000 personnes dans la rue dans une ville de 7 000 habitants, le blocage de la trésorerie locale arguant du fait qu’étant égaux devant l’impôt les citoyens devaient l’être aussi devant l’offre de services publics..
L’association a su montrer les dents mais aussi coopérer avec les tutelles quand cela s’avérait nécessaire et apporter une contribution constructive. Pour cela les volontaires n’ont pas hésiter à apprendre sur le tas le langage du PMSI et de la cotation des actes ni à explorer les pistes du marketing appliqué à la santé. Ils ont agrégé l’expertise de certains de leurs membres en finances publiques, en organisation, en médecine… et ce faisant, ils ont constitué un capital communautaire.
Fin 2013, l’association se félicitait d’avoir contribué à l’élaboration du projet médical territorial et au plan de retour à l’équilibre. Aujourd’hui la maternité poursuit ses activités, la chirurgie de semaine est maintenue, la chirurgie ambulatoire tend à se développer de même que les coopérations avec les hôpitaux du territoire – le CH Châteauroux avec lequel le CH du Blanc a fusionné et le CHU de Poitiers-Montmorillon avec la constitution d’une fédération médicale inter-hospitalière (FMIH) en soutien à la chirurgie blancoise. Reste qu’en santé les victoires sont fragiles et que l’association maintiendra sa vigilance et suivra la bonne réalisation des engagements. Elle fera aussi remonter les dysfonctionnements rapportés par la population. Un bilan somme toute positif mais avec quelques zones d’incompréhension notamment avec le personnel de l’hôpital dont la mobilisation est apparue contrastée. Et de nouveaux projets comme l’élaboration d’une plaquette au look moderne pour promouvoir l’offre hospitalière auprès des médecins et de la population et encore le recensement des professionnels de santé du territoire sur une brochure qui serait diffusée aux habitants via les mairies et qui pourrait être financée par l’ARS.
Encadré
Le témoignage de Jean-Michel Mols a parfaitement illustré la définition de l’empowerment « Des individus confrontés à une situation critique se regroupent et s’organisent en communautés. Ensemble, ils s’émancipent des contraintes imposées par la société en montant en compétences. Pragmatiques, ils conçoivent des solutions inédites pour résoudre leurs difficultés. Engagés, ils déploient des stratégies pour maîtriser leur destin. Déterminés, ils challengent de nouvelles perspectives notamment en explorant les champs de la « recherche-innovation-expérimentation-modélisation ». La description de ce processus d’affirmation et d’élévation d’un contre-pouvoir, de co-construction de projet, d’influence sur la gouvernance est proposée par Marie-Georges Fayn, responsable de Réseau CHU – IZEOS et Doctorante VALLOREM sur le thème « Comprendre l’empowerment des patients ».
Hélène Delmotte, rédactrice en chef, de la revue Territoire et Santé rappelait toute l’importance de ce dispositif alors que la France hospitalière connaît une transformation majeure avec la loi de modernisation du système de santé qui créera 150 ou 250 groupements hospitaliers de territoire en lieu et place des 1 100 hôpitaux. « Nous sommes tous concernés car tous parties prenantes de cette restructuration d’ampleur » Elle en a souligné les points positifs : on s’intéresse à la population d’un territoire et non plus aux seuls patients. Autre avantage une meilleure cohérence et visibilité dans la gradation des soins, les établissements d’un même GHT élaborant ensemble un projet médical partagé. Mais concernant l’empowerment des citoyens, Quid des débats publics ? Quid de la parole des habitants ? de celle des associations d’usagers ? Sera-t-il possible d’intégrer leurs initiatives ? Autant de questions qui restent en suspens…
Hélène Delmotte – Marie-Georges Fayn
1 – Dans le cadre d’une conférence intitulée « Empowerment des citoyens
et Restructuration de l’offre de soins » organisée par le laboratoire de recherche en management Vallorem des universités d’Orléans et de Tours et la Revue Territoire & Santé.