ENQUETE : le lourd impact du confinement sur la santé mentale des étudiants

Une étude réalisée pendant le premier confinement auprès de près 70 000 étudiants, par le Centre national de ressources et résilience et le fonds FHF Recherche & Innovation, révèle un taux élevé de troubles psychologiques. 43% des étudiants interrogés présentent au moins un trouble de santé mentale.

Une étude réalisée pendant le premier confinement auprès de près 70 000 étudiants, par le Centre national de ressources et résilience et le fonds FHF Recherche & Innovation, révèle un taux élevé de troubles psychologiques. 43% des étudiants interrogés présentent au moins un trouble de santé mentale. 
Cette étude de portée nationale avait pour objectif de mesurer la prévalence de symptômes psychologiques chez les étudiants dans un contexte de crise sanitaire et de confinement, ainsi que d’évaluer l’incidence de facteurs associés.
Les résultats montrent que 43% des étudiants interrogés présentent au moins un trouble de santé mentale. A savoir: 11% des participants sont sujets à des idées suicidaires, 22% ressentent une détresse profonde, 25% subissent un niveau élevé de stress, 16% souffrent de dépression sévère et 28% témoignent d’un niveau d’anxiété élevé.

L’incidence d’autres facteurs psycho-sociaux

L’enquête s’est également penchée sur l’incidence de facteurs extérieurs (socio démographiques, médicaux, sociaux…) sur la santé mentale des étudiants.
Les femmes, les étudiants souffrant de précarité, d’un manque d’interaction sociale, d’antécédents psychiatriques ou bénéficiant d’une faible qualité d’information apparaissent davantage susceptibles de présenter des troubles.
A l’inverse, les étudiants vivant avec leur famille pendant le confinement, ayant des enfants, les étudiants étrangers ou habitant en zone rurale présentent un taux moins élevé de symptômes.

Une trop faible prise en charge

Enfin, l’étude fait ressortir une très faible prise en charge médicale des troubles psychologiques constatés chez ces étudiants. En effet, seulement 6% des personnes interrogées ont indiqué avoir consulté un professionnel pour des problématiques de santé mentale, et parmi ceux pour qui l’étude a révélé au moins un symptôme, 12% déclarent avoir consulté un professionnel en vue d’une prise en charge de ces troubles.

Un nécessaire renforcement de la prévention et de l’accès aux soins 

Des études ont déjà prouvé que des crises telles que celle du Covid-19 et des mesures de confinement pouvaient avoir des effets psychologiques négatifs sur la population.
Les étudiants semblent être davantage sensibles à l’impact psychologique d’une telle crise. Il faut rappeler que la santé mentale des jeunes est une préoccupation majeure de santé publique, le suicide étant la seconde cause de mortalité chez les jeunes de 15-25 ans. Le contexte de la crise sanitaire et du confinement semblant accentuer cette tendance.
L’étude met ainsi en évidence la nécessité de « renforcer la prévention, la surveillance et l’accès aux soins pour les étudiants ».
Elle va se poursuivre pendant un an afin d’examiner les effets à long terme de la crise actuelle sur ces mêmes étudiants et de confirmer les premiers résultats obtenus.

69 054 étudiants ont répondu à l’enquête
Pour mener cette enquête, les universités françaises ont été invitées à adresser des questionnaires d’auto-évaluation à leurs étudiants. Sur un total de 1 600 000 étudiants contactés, 69 054 ont rempli le questionnaire en intégralité, soit 4,3% d’entre eux.
Une majorité de femmes a répondu au questionnaire (72%), l’âge médian des participants est de 20 ans et presque la moitié des participants sont des étudiants de première année.
L’étude a été menée sous la forme d’autotests complétés en ligne par les étudiants, sur la période du 17 avril au 4 mai 2020, étant précisé qu’un suivi permettra de collecter de nouvelles données à l’horizon d’une année.
Virginia Drai

Commentaires

Il n’y a pas encore de commentaire pour cet article.

Sur le même sujet

Simuler un attentat ou une tempête pour préparer aux situations d’urgence 

Après l’impressionnant déploiement du “Shelter”, hôpital mobile du CHU de Toulouse, ce fut au tour du projet “SENS” d’être présenté lors de la dernière édition de SantExpo. SENS, ou autrement dit un centre de simulation environnementale et neurosensorielle de 140 m2, ayant la capacité de recréer diverses situations extrêmes pour préparer au mieux les professionnels de l’urgence à des crises majeures. Un projet attendu sur le site de l’hôpital Purpan en 2024.

A Santexpo, des CHU de France en transition(s)

Pour la deuxième année consécutive, les 32 CHU ont affiché leur unité à l’occasion de Santexpo, salon qui a réuni du 23 au 25 mai l’écosystème de la santé. S’il est difficile d’évaluer les retombées réelles pour les établissements, ce rassemblement sur deux stands et une même bannière (CHU de France) aura eu le mérite de faire valoir un certain nombre de thèmes, dont les transitions numérique, écologique ou sociale au sein de l’hôpital. A défaut d’énumérer tout ce que nos caméras ont pu capter d’échanges sur ces trois jours, la rédaction vous propose de revivre dix temps forts.

Vincent Vuiblet : “L’IA va profondément modifier l’ensemble des fonctions hospitalières.” 

Connaissance des maladies, aide aux diagnostics, dépistage précoce, prise en charge des patients, prédiction de l’efficacité des traitements ou encore suivi des épidémies… dans la santé comme dans d’autres domaines, l’Intelligence artificielle est promise partout. Si les perspectives semblent vertigineuses, difficile de saisir ce que cette évolution technologique, que certains appréhendent comme une “révolution”, implique réellement. A l’occasion de SantExpo, nous avons interrogé Vincent Vuiblet, Professeur de médecine au CHU de Reims et directeur de l’Institut d’Intelligence Artificielle en Santé Champagne Ardenne depuis 2020, sur ce sujet particulièrement d’actualité. L’occasion pour lui de nous éclairer, de balayer aussi un certain nombre d’idées reçues et de fantasmes.

Le CHU de Bordeaux aux petits soins avec ses nouveaux internes

Le 15 mai dernier, deux cent six nouveaux internes ont été accueillis au Grand Théâtre, bâtiment phare de la capitale girondine et propriété du CHU de Bordeaux. Un événement en grandes pompes voulu par Yann Bubien, peu de temps après son arrivée en tant que Directeur général.

A saint-Étienne, cette nouvelle clinique soigne les champions comme les sportifs du dimanche

Ouverte depuis novembre dernier, la Clinique Universitaire du Sport et de l’Arthrose (CUSA) accueille dix-sept praticiens travaillant de concert pour soigner les problématiques qui entourent l’appareil locomoteur. Et si son plateau technique de pointe voit défiler les sportifs de haut niveau comme les amateurs, c’est une autre population, touchée par l’arthrose et autres douleurs articulaires, qui prend massivement rendez-vous. Reportage.