En 2010, le CHU de Toulouse a dépensé 10,3 millions d’euros en électricité, gaz et eau. Gros consommateur d’énergies, grand acheteur et transformateur de matières premières, important producteur de déchets, le CHU adopte de nouvelles mesures plus respectueuses de l’environnement et déploie un programme de développement durable.
« Un établissement de santé, c’est comme un organisme vivant » déclare Elisabeth Toutut, directrice-adjointe du CHU, chargée de mission sur les questions liées au développement durable. Immense plaque tournante où se croisent des milliers de malades, de visiteurs, de fournisseurs, d’élèves et bien sûr de personnels, le CHU de Toulouse consomme des énergies non renouvelables, émet des gaz à effet de serre et participe à la pollution générale. « A ces différents titres, nous sommes tous interpellés. »
Impulser des prises de conscience
Le développement durable se décline au CHU à plusieurs niveaux : « En tant qu’acheteur, employeur et acteur social du territoire, souligne Elisabeth Toutut, l’établissement représente un formidable potentiel pour impulser des prises de conscience dans la société, que ce soit au cours de négociations avec les fournisseurs ou dans les démarches de prévention, d’éducation à la santé et de dépistage auprès du public ». Il s’agit surtout, « de s’assurer que le fonctionnement du CHU n’occasionne de nuisances, ni aux personnes, ni à l’environnement. Il convient de veiller notamment à ce que tout ce qui est utilisé comme produit, tout ce qui peut être rejeté dans l’air ou dans l’eau, ne soit pas potentiellement dangereux pour tous les êtres vivants ou l’environnement ». La devise Primum non nocere, d’abord ne pas nuire du serment d’Hippocrate s’applique aussi à l’établissement de soins.
Les implications de ce principe sont multiples : cela va du contenu des cahiers des charges soumis aux fournisseurs, pour qu’ils assurent le traitement ou le recyclage des emballages de leurs produits, au traitement des déchets, en passant par la sensibilisation aux économies d’énergie et de matières premières, le papier par exemple. Sans oublier bien sûr l’intégration d’objectifs environnementaux dans les projets de nouvelles constructions ou dans les réhabilitations de bâtiments.
Identifier les dysfonctionnements
Une telle politique nécessite au préalable l’identification des dysfonctionnements au quotidien et une prise de conscience générale ; la négligence de chacun pouvant entraîner des conséquences extrêmement préjudiciables pour les générations suivantes. « Nous sommes tous interdépendants, ajoute Elisabeth Toutut. Les questions environnementales sont devenues un enjeu de solidarité planétaire. La pollution ne connaît pas de frontières ».
Mais le développement durable présente aussi d’autres dimensions à contenu plus humaniste, en particulier le bien-être au travail, avec les notions de respect mutuel, de lutte contre l’exclusion, les discriminations et les sources de stress. Il faut être à l’écoute de la souffrance, celle des patients et de leurs familles, comme celle éventuelle des personnels. »
La démarche de développement durable à l’intérieur du CHU a été lancée le 8 avril dernier par la direction générale, en présence des directeurs et d’une cinquantaine d’agents du CHU, volontaires pour participer aux travaux des cinq commissions thématiques mises en place.
Ces commissions sont organisées autour des thèmes inscrits dans la V2010 d’accréditation de la HAS relevant d’une démarche de développement durable :
– Commission 1 « démarche éthique, politique des droits des patients et implication des usagers, de leurs représentants et des associations » ;
– Commission 2 « dialogue social et implication des personnels, qualité de vie au travail » ;
– Commission 3 « achats éco-responsables et approvisionnements » ;
– Commission 4 « gestion de l’eau, de l’air, de l’énergie et des transports » ;
– Commission 5 « filières déchets ».
A cette occasion, le coup d’envoi a été donné à une réflexion plus particulièrement ciblée sur les problématiques de « management environnemental » initiées par l’Agence Régionale Pour l’Environnement (ARPE), avec l’accompagnement d’un bureau d’études spécialisé (APAVE). En toile de fond : les priorités de « l’Agenda 21 » définies lors du Sommet de Rio de 1992 : la lutte conte le changement climatique ; la préservation de la biodiversité, des milieux et ressources naturelles ; l’épanouissement de chacun ; la solidarité entre tous les êtres humains et les territoires ; l’adoption de modes de consommation et de production durables.
Premières actions concrètes
Récup’Papier à l’Hôtel-Dieu
Depuis le mois de mars, l’Hôtel-Dieu est site expérimental de la récupération du papier usagé jeté dans les corbeilles de bureau. Le personnel est maintenant invité à utiliser des « conteneurs » installés au sein de l’Hôtel-Dieu : huit sont de taille réduite et dédiés à la production quotidienne ; deux sont plus volumineux et positionnés au rez-de-chaussée pour recevoir des quantités plus importantes. Ces bacs sont fermés, gage d’une confidentialité des feuillets recueillis. Cette expérimentation se déroule avec le concours de Veolia qui transfère ces conteneurs à La Grave pour les vider dans le compacteur qui ne recevra donc plus que du papier. Des conteneurs gris sont placés à côté pour les ordures ménagères. Si le bilan de cette expérimentation s’avère positif, il sera envisagé d’étendre la démarche à d’autres bâtiments ou sites du CHU.
Les énergies renouvelables
Le recours aux énergies renouvelables fait partie des objectifs du protocole de Kyoto et du Grenelle de l’environnement et le CHU à leur adoption sur certains de ses sites : photovoltaïques sur des pare-soleils pour les parkings ; projet d’expérimentation d’énergies renouvelables sur le site de Salies-du-Salat après diagnostic de faisabilité avec l’ADEME ; clause contractuelle intégrant le recours obligatoire aux énergies renouvelables (dont la biomasse) inscrite dans le projet du futur Pôle Energies de Purpan qui alimentera à terme le PPR et l’URM
Les chiffres de la consommation du CHU de Toulouse
Le CHU, c’est 600 000 m2 de bâti sur près d’une centaine d’hectares dont près de quarante d’espaces verts.
En 2010, le CHU a consommé
– 690 668 m3 d’eau pour une dépense de 1,6 million d’euros.
– 85 millions de kWh pour un coût de 5,5 millions d’euros.
– Près de 35 millions de kWh de gaz pour un montant de 3,2 millions d’euros.
L’activité du CHU a généré en 2010 plus de 6 142 tonnes de déchets dont 1 391 tonnes de Déchets d’Activité de Soins à Risques Infectieux (DASRI). La collecte, le tri et le traitement de ces déchets ont coûté plus de 3 millions d’euros.
D’après un article paru dans Trait d’union, journal interne du CHU de Toulouse – été 2011