Février 2014 sous le signe de la lutte contre le cancer

L’actualité du mois de février 2014 a été dominée par le lancement du 3ème Plan Cancer, les nouvelles dimensions de la démocratie sanitaire et par la poursuite du mouvement des sages-femmes.

L’actualité du mois de février 2014 a été dominée par le lancement du 3ème Plan Cancer, les nouvelles dimensions de la démocratie sanitaire et par la poursuite du mouvement des sages-femmes.

Plan cancer 2014-2019

La France lance son 3ème plan de lutte contre le cancer pour un montant de 1,5 milliard d’euros dont 730 millions destinés au financement des mesures nouvelles. Le programme détaillé a été dévoilé par François Hollande lors  de la journée mondiale contre le cancer du 4 février 2014. Dans sa dépêche, l’AFP retient 3 priorités : l’augmentation des essais cliniques qui devraient doubler en 5 ans et porter davantage sur les cancers pédiatriques qui touchent 1.700 enfants. Aujourd’hui,  25 000 patients volontaires inclus dans des cohortes bénéficient des tout derniers progrès de la recherche.
L’axe prévention met l’accent sur le dépistage systématique du cancer de l’utérus qui « atteint aujourd’hui 3 000 femmes et provoque 1 000 décès chaque année ». Objectif : réduire la mortalité de 30% en 10 ans en généralisant le frottis tous les 3 ans auprès de 80% des femmes et en doublant d’ici cinq ans la couverture vaccinale des jeunes filles.
Tabac la guerre se poursuit. Fran9ois Hollande  a confié à Marisol Touraine l’élaboration avant l’été d’un programme national de réduction du tabagisme et annoncé les hausses du prix du tabac dont les recettes supplémentaires abonderont un fonds dédié à la recherche,  à la prévention et à la prise en charge du cancer. «  Le 2e plan cancer prévoyait de faire baisser de 30 à 20% le taux de fumeurs dans la population. Or, « il est aujourd’hui de 33% »   s’est inquiété le chef de l’Etat particulièrement préoccupé par les dangers du tabac pour les jeunes.  Pour les sensibiliser, une grande campagne est prévue. L’enjeu est crucial « Fumer à 17 ans c’est prendre le risque de mourir avant 60 ans, cette phrase doit être répétée partout et à tous » a insisté le président.
Dans sa chronique sur Europe 1, Alexis Toulon s’intéresse aux mesures contre l’inégalité face au crédit immobilier. Actuellement lorsqu’une personne souhaite obtenir un prêt, « un questionnaire lui demande s’il a souffert d’un cancer ». Le président veut faire disparaître cette mention et inscrire "le droit à l’oubli" dans la convention AERAS (s’Assurer et emprunter avec un risque aggravé de santé), signée par les pouvoirs publics, les fédérations professionnelles de la banque, de l’assurance et de la mutualité et les associations de malades et de consommateurs. Une évolution qui devrait être actée d’ici 18 mois lors de la renégociation de la convention.
A retenir sur le même sujet
Le point sur la recherche contre le cancer

Paul Molga dans les Echos du 3 février répertorie 150 000 publications en 2013 contre 122 00 en 2008. Le journaliste recense également le nombre de médicaments : « 200 anticancéreux ont été approuvés par les autorités de santé et 900  nouvelles molécules sont en cours de développement ». Il précise que le budget alloué à la recherche s’élève en France à 130 millions d’euros. Un effort qui la place au 3ème rang des nations européennes derrière le Royaume Uni et l’Allemagne.
Le témoignage d’un aidant cité dans l ’Express du 4 février qui consacre 3 heures par jour 7j/7 à son épouse souffrant d’un cancer et déplore le peu d’attention et de reconnaissance pour les proches qui soutiennent jour après jour le malade « On ne dit pas assez qu’Alzheimer et cancer sont les deux pathologies qui provoquent le plus de stress et de risques de santé chez les aidants.. » 
Les grandes lignes du plan sont reprises dans toute la presse qui n’omet pas de rappeler les ravages causés par la maladie.  Avec 150.000 décès par an  et 350.000 nouveaux cas diagnostiqués le cancer est la première cause de mortalité en France. Plus de la moitié des malades guérissent, mais le nombre de nouveaux cas ne cesse d’augmenter. La maladie coûte 14 milliards d’euros par an à la société.
Pour mémoire, le précédent plan (2008-2013)  s’élevait  à 1,9 milliard d’euros.

Démocratie sanitaire, pour aller plus loin

Le 14 février, Claire Compagnon remettait son rapport «Pour l’An II de la démocratie sanitaire» à Marisol Touraine. Qualifié de " travail passionnant qui sort des clichés sur la place des usagers dans la santé" par Eric Favereau dans Libération du 17 février. Cette réflexion, regrette le journaliste "aurait pu être l’occasion d’un magnifique débat.". Dans ce document de 259 pages, l’auteure livre de nombreuses pistes pour poursuivre l’évolution amorcée par la loi Kouchner du 4 mars 2002 et propose notamment de "passer de l’information à la codécision".

La participation des usagers est au cœur de ses préoccupations, révolution numérique oblige avec l’essor des réseaux sociaux et l’augmentation des maladies chroniques qui entraîne "des changements majeurs dans la relation soignant-soigné au travers de nouveaux modèles moins unilatéraux et plus coopératifs".

Claire Compagnon note que, malgré les progrès réalisés en matière de reconnaissance des droits des usagers dans les établissements, il reste encore des zones d’ombre assez importantes comme la défense des droits des résidents dans les maisons de retraite ou le statut de bénévoles des représentants qui devraient être soutenus aussi bien au niveau financier « Si l’on ne fait rien, seuls les retraités pourront s’y consacrer", qu’en transferts de compétences – médecins vers les patients et aussi patients  vers les médecins. « Il faut davantage impliquer les patients dans la formation des médecins ». En France, certaines Facultés commencent à faire intervenir des patients dans des cours délivrés aux étudiants en médecine. Une évolution que Claire Compagnon, encourage plaidant pour la constitution d’un « vivier » de patients formateurs des professionnels.

Dans la Croix du 20 février, Pierre Bienvault retient l’exemple québécois des "patients-partenaires" qui dirigent un département dédié à leur expertise au sein de la Faculté de médecine. Selon Claire Compagnon,, les malades peuvent aider les médecins à progresser vers davantage d’empathie. Par exemple, "on voit encore des médecins annoncer un cancer ou un handicap sans jamais avoir appris à faire une annonce de diagnostic durant leurs études. Beaucoup de praticiens n’ont pas toujours conscience de tout ce qui se joue dans cette phase de sidération (…), ils ne mesurent pas non plus le fait que le patient, dans les minutes ou les heures qui suivent, va lui-même devenir un annonceur de cette mauvaise nouvelle auprès de ses proches, de son employeur, de ses enfants… »

Mercredi 19 février, nouveau défilé de sages-femmes à Paris

En grève depuis 4 mois, 2 000 sages-femmes  ont à nouveau défilé dans la rue pour revendiquer "un statut sur le modèle des médecins" explique France info du 19 fév. Une cause qui ne fait pas l’unanimité chez les syndicats qui redoutent "la précarisation de la profession" nuancent Le Point et Le Monde.  La balle est désormais dans le camp de la ministre qui "attend les conclusions d’un groupe de travail avant de prendre une décision" selon les déclarations de Marisol Touraine le 18 février à l’Assemblée nationale – mais aucune date précise n’est fixée.

A signaler aussi

Les CHU et les spécialités les plus attractifs – selon le point de vue des internes

Fin février, publication d’un palmarès inédit, celui des CHU et des spécialités préférés des internes signé What’s up doc "le magazine des jeunes médecins" n°12.
Plus d’informations sur https://www.reseau-chu.org/les-articles/article/article/les-chu-vus-par-les-internes/
Marie-Georges Fayn 

 


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