C’est à Amsterdam, le 3 septembre 2013, qu’a été lancé officiellement le projet FIBRO-TARGETS coordonné par l’Inserm et financé par l’Union Européenne – à hauteur de 6 millions d’€ sur un coût total estimé à 8,1M€. L’étude rassemble 11 partenaires européens répartis dans 6 pays, soit plus de 35 professionnels issus d’organismes de recherche, industriels et d’établissements publics dont le CHU de Nancy et son centre de recherche CIC-plurithématique dirigé par le Pr Faïez Zannad. Les travaux portent sur la fibrose du myocarde, cible thérapeutique majeure pour la prévention et le traitement de l’insuffisance cardiaque.
Mécanismes clés du remodelage du cœur suite à une maladie du muscle cardiaque, la fibrose interstitielle myocardique se caractérise par une rigidité du tissu cardiaque liée à une accumulation excessive des protéines constituant la matrice extracellulaire et par des modifications de leurs propriétés. Elle entraîne une altération des fonctions de contraction (systole) et de relâchement (diastole) du cœur et aboutit, à terme, à l’insuffisance cardiaque.
FIBRO-TARGETS pour « Targeting cardiac fibrosis for heart failure treatment » s’intéresse aux principaux mécanismes impliqués dans cette fibrose interstitielle myocardique. Les fibroblastes cardiaques (cellules spécifiques du muscle cardiaque) représentent 60 à 70% des cellules cardiaques et sont la principale source de production des protéines extracellulaires responsables de la fibrose. Ces mécanismes étant identifiés, il s’agit d’intervenir directement sur la prolifération des fibroblastes et sur la synthèse de la matrice extracellulaire. Grâce aux nombreuses données rassemblées par le consortium, la fibrose interstitielle myocardique est désormais reconnue comme une cible thérapeutique majeure pour la prévention et le traitement de l’insuffisance cardiaque.
FIBRO-TARGETS envisage aussi la mise au point et la validation de nouvelles molécules et stratégies thérapeutiques ciblées afin d’améliorer la qualité de la matrice cellulaire et limiter la fibrose interstitielle myocardique. Des scénarios cliniques potentiels seront ensuite définis pour traiter l’insuffisance cardiaque. Enfin, les cibles pourront être utilisées comme biomarqueurs pour prédire et apprécier la réponse aux traitements contre la fibrose du myocarde. « La détection précoce d’anomalies cardiaques aux moyens de marqueurs de la fibrose interstitielle myocardique est une approche innovante. Jusqu’à présent, nous ne disposions que de la biopsie, méthode invasive et peu précise pour estimer le degré de fibrose totale et depuis une dizaine d’années l’imagerie cardiaque fournissait une bonne évaluation anatomique et fonctionnelle du myocarde. Mais ces deux méthodes restent non prédictives. » précise le Pr Faïez Zannad.
Les chercheurs européens s’appuieront, dans un premier temps, sur des études de physiologie et pharmacologie expérimentales, de biologie moléculaire et de chimie pharmaceutique pour mettre en évidence les mécanismes de la fibrose interstitielle cardiaque à partir de modèles in vitro et in vivo existant et/ou développés au cours du projet.
La deuxième étape, translationnelle, consistera à classer les patients à risque les plus susceptibles de répondre aux thérapies ciblées selon une médecine personnalisée. Cette classification en groupes de patients se fera selon des profils déterminés, en utilisant l’imagerie et des marqueurs circulants associés aux nouvelles cibles proposées.