Greffe de main : de l’expérimentation à l’option thérapeutique

1998 : 1ère greffe mondiale d’une main, 2000 : 1ère greffe mondiale bilatérale et depuis 5 doubles greffes de mains réalisées entre 2000 et 2009 ! Avec de tels exploits à leur palmarès les équipes de l’hôpital Edouard Herriot sont à la fois pionnières et référentes internationales en matière de greffes de tissus composites*. Aujourd’hui toutes les conditions sont réunies pour que l’équipe lyonnaise, qui a réalisé le plus grand nombre de doubles greffes de mains au monde soit 6 au total, puisse dorénavant proposer cette prise en charge en soin « courant ». Une évolution qui répond aux attentes des patients bi-amputés...

1998 : 1ère greffe mondiale d’une main,  2000 : 1ère greffe mondiale bilatérale et  depuis 5 doubles greffes de  mains réalisées entre 2000 et 2009 ! Avec de tels exploits à leur palmarès les équipes de l’hôpital Edouard Herriot sont à la fois pionnières et référentes internationales en matière de greffes de tissus composites*. Aujourd’hui toutes les conditions sont réunies pour que l’équipe lyonnaise, qui a réalisé le plus grand nombre de doubles greffes de mains au monde soit 6 au total, puisse dorénavant proposer cette prise en charge en soin « courant ».  Une évolution qui répond aux attentes des patients bi-amputés soulagés de recouvrer grâce à la greffe les gestes de la vie courante et une réelle autonomie. Et l’innovation ne s’arrête pas à la maîtrise d’un acte chirurgical de la plus grande complexité, elle s’étend aux modalités d’une collaboration Public- Privé originale entre les Hospices Civils de Lyon  (HCL) et la Clinique du Parc Lyon.
Une nouvelle étape est franchie
 « Nous allons proposer la greffe à davantage de patients. C’est un réel espoir pour les personnes amputées des avant-bras, qui en plus de dépendre d’autrui pour les gestes du quotidien, sont souvent désinsérées de toute vie sociale et professionnelle. » annonce le Pr Lionet Badet, responsable de la coordination du programme, chirurgien à l’hôpital Edouard Herriot. Avec un recul de 12 années, les résultats des patients greffés sont très encourageants. « A ce jour », renchérit le Pr Emmanuel Morelon, responsable du suivi médical des patients, « les médicaments immunosuppresseurs sont bien tolérés dans l’ensemble et il n’a pas été observé de rejet chronique ; la seule main perdue l’a été chez un patient qui a décidé d’arrêter le traitement immunosuppresseur ».
La recherche se poursuit dans le domaine des greffes composites
L’équipe lyonnaise (HCL – Clinique du Parc) a obtenu les autorisations pour la réalisation de 2 nouveaux PHRC :
– un PHRC greffes de bras, pour 5 patients amputés au-dessus du coude,
– un PHRC greffes composites et brûlures, pour 6 transplantations de mains et/ou de face chez des patients brûlés.
« Les évaluations montrent que les mains recouvrent entre 34% et 91% d’une mobilité normale, ce qui permet aux patients de retrouver une autonomie et de réaliser seuls les gestes de la vie courante », explique le Dr Aram Gazarian, coordinateur de l’équipe chirurgicale, chirurgien à la Clinique du Parc Lyon et aux HCL. Ce résultat est obtenu progressivement au prix d’une longue rééducation de 3 ans en moyenne. Tous les patients obtiennent dans l’année qui suit la greffe une sensibilité dite de protection (toucher, température, douleur) puis plus tard deviennent souvent capables de reconnaître les objets au toucher, sans l’aide de la vue. La force obtenue reste limitée puisqu’elle ne dépasse pas 30% de la normale. « Nous sommes favorables à poursuivre ce programme, car l’allogreffe de mains se montre à ce jour utile au regard bénéfices fonctionnels, et raisonnable au regard des risques encourus. La balance bénéfice-risque reste toutefois en constante réévaluation », précise le
Dr Gazarian.
Un 6ème patient a déjà été opéré en dehors du cadre de la recherche fin 2012 : âgé de 41 ans, il avait perdu ses 2 mains sous une presse dans un accident du travail. L’intervention a duré 18 heures, et a mobilisé 10 chirurgiens, 17 infirmières et plusieurs étudiants aides opératoires. Le patient a été placé sous immunosuppresseurs le jour de l’intervention et a démarré sa rééducation dès le lendemain.
Une collaboration public-privé nécessaire et novatrice
Si les collaborations public-privé sont devenues classiques, notamment dans le cadre de Groupements d’intérêt économique (GIE) pour des activités qui nécessitent des équipements coûteux (exploration, imagerie…), elles le sont beaucoup moins dans le cadre d’activités de recours.
Depuis les premières transplantations de tissus composites, la collaboration Public- Privé s’est structurée   par la signature d’une convention entre les Hospices Civils de Lyon  (HCL) et la Clinique du Parc Lyon. Ainsi le jour de la greffe, la clinique met à la disposition des HCL 10 infirmier(e)s de bloc opératoire et des chirurgiens qui se déplacent avec l’instrumentation et le matériel indispensables à leur activité. Chacune des institutions apporte ainsi des ressources et des compétences, au profit d’une activité de pointe. A ces structures s’ajoute la participation indispensable et bénévole de nombreux chirurgiens de la main travaillant dans diverses cliniques privées de la région.
Quant à la rééducation cruciale dans la transplantation de la main, elle se structure avec l’équipe du Centre Romans-Ferrari bientôt intégrée dans un schéma collaboratif institutionnalisé.
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* Greffes de tissus composites : greffes incluant la peau, les tissus vasculaires et les nerfs.

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