Eradiquer le cancer, avant qu’il soit cliniquement détectable. Tel est l’enjeu du programme Interception porté par l’Institut Gustave Roussy. Un projet inédit en France qui vise à identifier au plus tôt les personnes à risque augmenté de nombreux cancers, afin de leur proposer une prévention sur-mesure et de mieux les prendre en charge, dans le cadre d’une collaboration ville-hôpital.
30 à 40% des personnes développant un cancer auraient pu être identifiées comme à risque augmenté dans les années précédant leur diagnostic. C’est face à ce constat que l’institut Gustave Roussy lance Interception. Parce que: «La prévention est un enjeu majeur de nos sociétés. Les approches en population générale présentent aujourd’hui des limites identifiées. Une prévention et un dépistage personnalisés en fonction du risque individuel de cancer, pour éradiquer le cancer avant sa phase clinique, semblent aujourd’hui une voie d’avenir majeure», affirme le Dr Suzette Delaloge, oncologue à Gustave Roussy, instigatrice et directrice de ce programme.
Dans le cadre d’une collaboration ville-hôpital
L’objectif premier d’Interception est d’identifier et de mieux prendre en charge, dans le cadre d’une collaboration ville-hôpital, les personnes identifiées par leur médecin traitant ou à l’hôpital comme étant dans une situation de risque augmenté de développer certains cancers. Les repérer permettrait dès à présent de les sensibiliser et de leur délivrer une information adéquate sur des actions de dépistage et une prévention spécifique.
« En armant de connaissances les personnes concernées, notre ambition est d’aider les participants dans leurs choix de prévention et de dépistage, en améliorant leur adhésion et la réalisation effective de leur suivi afin d’appuyer les médecins traitants dans leurs missions de prévention, sans s’y substituer», précise Suzette Delaloge. « La prévention est très variée. Nous proposons de façon systématique une évaluation nutritionnelle et des conseils personnalisés en nutrition et activité physique. La prévention proposée peut aussi être plus médicalisée, voire chirurgicale dans certains cas particuliers, comme en cas de prédisposition au cancer du sein et de l’ovaire. Nous leur transmettons également des informations sur des symptômes éventuels de la maladie ».
Pour une prévention adaptée et personnalisée
Le programme Interception vise aussi à développer pour les années qui viennent, des dépistages de nouvelle génération et une prévention adaptée et personnalisée.
Plusieurs études cliniques structurent déjà le programme Interception, comme l’étude MyPeBS sur le dépistage personnalisé du cancer du sein, l’étude européenne 4-in-the-lung-run qui affine le dépistage du cancer du poumon par scanner, ou l’étude LEAH qui sera lancée prochainement, et évalue le rôle de l’ADN circulant en dépistage. « Nos équipes sont mobilisées pour faire avancer la recherche afin d’identifier de nouveaux biomarqueurs de risque, de nouvelles modalités de dépistage, de prévention ou d’interventions nutritionnelles. Nous poursuivons également l’exploration du rôle de l’immunité et du microbiote, et cherchons à développer une meilleure connaissance des impacts socio-psychologiques», ajoute l’oncologue.
L’importance d’une prise en charge précoce
En cas de nouvelles avancées, les patients et leur médecin en seront informés afin d’adapter le plan de suivi. L’aspect de prise en charge précoce est crucial dans le succès de ce programme. L’Institut s’engage auprès des participants à répondre en moins de 2 jours ouvrés à toutes demandes de diagnostic en cas de symptômes suspects, ou d’assurer la prise en charge thérapeutique en cas de cancer établi.
« Interception c’est la prévention de demain, pour se donner le maximum de chances de dépister plus tôt pour mieux guérir les cancers et avec moins de séquelles», conclut le Dr Delaloge. L’impact et les bénéfices de ces interventions précoces seront évalués sur le long terme.
Pour en savoir plus : Programme Interception
Betty Mamane