Hémorragie du postpartum : un traitement préventif à l’étude

5% à 10% des femmes qui accouchent par les voies naturelles vont connaître une hémorragie du postpartum, soit entre 30 000 à 70 000 femmes chaque année. Or depuis 30 ans, le traitement repose sur l’administration d’un médicament appelé utérotonique qui favorise la contraction de l’utérus et diminue les pertes de sang. En complément de cette molécule, un autre médicament, appelé acide tranéxamique pourrait être administré. Afin de vérifier son efficacité, une équipe française, impliquant 15 hôpitaux universitaires et généraux sur l’ensemble de la métropole, a étudié l’intérêt et les effets secondaires de l’acide tranéxamique dans un essai randomisé mené sur 3 891 femmes. Les conclusions ont été publiées dans la revue New England Journal of Medicine le 23 août 2018.
5% à 10% des femmes qui accouchent par les voies naturelles vont connaître une hémorragie du postpartum, soit entre 30 000 à 70 000 femmes chaque année. Or depuis 30 ans, le traitement repose sur l’administration d’un médicament appelé utérotonique qui favorise la contraction de l’utérus et diminue les pertes de sang. En complément de cette molécule, un autre médicament, appelé acide tranéxamique pourrait être administré. Afin de vérifier si ce nouveau traitement diminue les risques hémorragiques, une équipe française, impliquant 15 hôpitaux universitaires et généraux sur l’ensemble de la métropole, a étudié l’intérêt et les effets secondaires de l’acide tranéxamique dans un essai randomisé mené sur 3 891 femmes. Les conclusions ont été publiées dans la revue New England Journal of Medicine le 23 août 2018.
Résultats mitigés, de nouvelles explorations en perspective
Il n’a pas été démontré que l’acide tranéxamique, comparé à un produit inactif appelé placebo, permettait de réduire le risque de survenue de pertes sanguines d’au moins 500ml, même si cet évènement était moins fréquent chez les femmes ayant reçu de l’acide tranéxamique. Cependant  chez les mères ayant reçu l’acide tranéxamique, le taux d’hémorragie considérée comme significative par les soignants et le recours à des médicaments pour traiter une perte sanguine excessive était diminué de façon significative d’environ 25% et ce, sans augmentation des effets indésirables graves.
L’essai randomisé national TRAAP a été coordonné par le Pr Loïc Sentilhes, gynécologue-obstétricien au CHU de Bordeaux et le Dr Catherine Deneux-Tharaux, épidémiologiste à l’Unité Inserm 1153 à Paris,. Ces travaux* ont été menés en collaboration avec le Groupe de Recherche en Obstétrique et Gynécologie (GROG)*.
« Les résultats de cette étude peuvent paraître un peu décevants car ils ne permettent pas de recommander actuellement l’utilisation de l’acide tranéxamique en routine après les accouchements par les voies naturelles. Mais pour la première fois depuis plus de 30 ans, il a été identifié une molécule ayant le potentiel de réduire préventivement les pertes sanguines après un accouchement, une des premières causes de mortalité maternelle dans le monde. Les résultats de notre étude justifie de poursuivre l’évaluation de cette molécule dans d’autres types de contexte, chez des femmes accouchant par césarienne ou chez des femmes à haut risque hémorragique par exemple». reconnaît le Pr Loïc Sentilhes.
« il est possible que cette molécule puisse jouer dans le futur un rôle majeur, en combinaison aux utérotoniques, pour réduire le risque de perte sanguine excessive et ses conséquences après un accouchement. Ces résultats sont d’autant plus encourageants que l’acide tranéxamique est une molécule à faible coût et donc accessible aux pays en voie développement, là où la mortalité maternelle autour de l’accouchement est la plus élevée avec des taux parfois réellement dramatiques. Mais d’autres études sont nécessaires pour confirmer les résultats les plus prometteurs de notre étude » déclare le Dr Catherine Deneux-Tharaux.
L’hémorragie du postpartum définie par une perte sanguine d’au moins 500 ml est une des premières causes de décès maternel après un accouchement dans le monde mais aussi en France. Elle est aussi responsable de différentes complications pour la mère comme par exemple l’anémie et ses conséquences (risque de fatigue chronique, trouble de l’humeur, dépression voire de stress posttraumatique) ou expose à un risque de transfusion ou de phlébite/embolie pulmonaire. 
*Ces travaux ont bénéficié d’un financement dans le cadre du programme hospitalier de recherche clinique du Ministère des Solidarités et de la Santé et le CHU d’Angers en a été le promoteur. Source : Sentilhes L, Winer N, Azria E, Sénat MV, Le Ray C, Vardon D, Perrotin F, Desbrière R, Fuchs F, Kayem G, Ducarme G, Doret-Dion M, Huissoud C, Bohec C, Deruelle P, Darsonval A, Chrétien JM, Seco A, Daniel V, Deneux-Tharaux C, for the Groupe de Recherche en Obstétrique et Gynécologie (GROG). Tranexamic acid for the prevention of blood loss after vaginal delivery: the TRAAP trial. N Engl J Med 2018;379:731-42.

Commentaires

Il n’y a pas encore de commentaire pour cet article.

Sur le même sujet

Dossier : L’obésité

Elle concerne 17% des adultes en France, a des origines multiples et peut entraîner de nombreuses complications – cardiovasculaires, hépatiques, rénales, respiratoires, dermatologiques, cancers, diabète – : cette maladie, c’est l’obésité. Alors que la journée mondiale le l’obésité a eu lieu le le 4 mars, la rédaction a souhaité lui consacrer un dossier.

CHU de la Réunion, se préparer au cyclone

Au cours de la nuit du 20 au 21 février dernier, l’île de la Réunion a évité le choc qu’aurait pu causer le cyclone baptisé Freddy, finalement passé à environ 190 km de ses côtes. Face à l’alerte orange, le CHU de la Réunion a lancé son plan cyclone pour anticiper les conséquences d’une potentielle catastrophe. Retour sur les mesures mises en place.

MARADJA, une décennie à accompagner les jeunes atteints de cancers

En France, environ neuf cent adolescents (15-18 ans) et mille quatre cent jeunes adultes (18-25 ans) sont touchés chaque année par le cancer. Au CHU de Bordeaux, un lieu particulier leur est destiné, MARADJA (Maison Aquitaine Ressources pour Adolescents et Jeunes Adultes), qui fête ses dix ans. Nous y avons rencontré Lucile Auguin, traitée à vingt-trois ans pour une leucémie aiguë.

Lactarium Raymond Fourcade, la page se tourne à Bordeaux

Le 5 décembre dernier, sur le site de l’hôpital Haut-Lévêque (Pessac), était posée la première pierre du futur Lactarium Raymond Fourcade. Le projet qui sera livré l’an prochain, 1200 m2 de bâti neuf doté d’équipements dernier cri, doit venir “conforter la place du CHU de Bordeaux comme le plus important lactarium au niveau national” ; et prendre le relais de l’actuel site de production basé à Marmande (Lot-et-Garonne), en fonctionnement depuis près d’un demi-siècle et que le CHU avait acquis en 2012.