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Informatique hospitalière : les HCL dénoncent une campagne de désinformation

Devant l'acharnement procédurier* et la désinformation menée depuis quelques mois par la fédération industrielle Lesiss (les entreprises des systèmes d’information sanitaires et sociaux), les Hospices Civils de Lyon (HCL) ont décidé de contrer point par point les attaques des grands éditeurs de logiciels dans un dossier de presse diffusé le 6 novembre. Dans ce document, l'institution lyonnaise s’interroge sur les raisons de ce battage et pointent la paralysie qui a trop longtemps régné dans un secteur aussi vital que l’informatique hospitalière. Les HCL présentent aussi la solution Easily...

Devant l’acharnement procédurier* et la désinformation menée depuis quelques mois par la fédération industrielle Lesiss  (les entreprises des systèmes d’information sanitaires et sociaux), les Hospices Civils de Lyon (HCL) ont décidé de contrer point par point les attaques des grands éditeurs de logiciels dans un dossier de presse diffusé le 6 novembre. Dans ce document, l’institution lyonnaise s’interroge sur les raisons de ce battage et pointent  la paralysie qui a trop longtemps régné dans un secteur aussi vital que l’informatique hospitalière. Les HCL présentent aussi la solution Easily retenue à Lyon pour le dossier patient informatisé et déployée de manière totalement transparente. Easily est la suite de Cristal-net, solution logicielle intégrée, mise au point  par les CHU de Grenoble et de Lyon.
Lesiss semble imputer le déficit des HCL aux investissements massifs dans le système d’information. Or il n’en est rien rétorquent les HCL, l’investissement informatique n’a jamais été à l’origine de leur déficit. Au contraire, il a aidé à le résorber. En effet, les comptes des HCL se sont redressés depuis 2008 grâce à la mobilisation de toutes les équipes soignantes, administratives et logistiques et la part du système d’information dans ce redressement a été prépondérante.
Les moyens humains de la direction du système d’information des HCL
Une comparaison des moyens de tous les services des HCL avec un groupe de CHU de taille importante a été réalisée en 2008 par la société Cap Gemini dans le cadre du projet Cap2013. Elle a montré en particulier que la direction du système d’information (DSI) était plutôt sous dotée par rapport à la moyenne des grands CHU.  Pour autant, compte tenu du déficit budgétaire, comme toutes les directions administratives et logistiques des HCL,  la DSI a dû réduire drastiquement ses effectifs de 20 personnes depuis 2009 passant de 177,80 à 158,70 équivalents temps plein.
Les crédits de fonctionnement et d’investissement de la DSI
Le budget de fonctionnement dont dispose la DSI correspond à l’engagement pris vis-à-vis des utilisateurs et des fournisseurs par le biais des contrats de maintenance qui concernent tous les secteurs gérés par la DSI. Malgré la hausse régulière du périmètre informatisé, le budget de fonctionnement  de près de 5 millions d’euros n’a pas bougé depuis ces 3 dernières années grâce au management dynamique des contrats mis en place avec la Direction centrale des achats,
Les crédits d’investissement de près de 16 millions d’euros dont dispose la DSI correspondent à l’ensemble des secteurs que gère cette direction : acquisition de matériels (serveurs, réseau, postes de travail, ..), études et expertises, acquisition de licences logicielles, fournitures de services (développements, intégrations, accompagnements, etc.). Ces budgets concernent tous les services de l’hôpital : administratifs, logistiques, unités de soins, plateaux techniques et pharmacies.
Les HCL n’ont donc pas surinvesti ni en fonctionnement ni en investissement sur le secteur du système d’information ces 3 dernières années. Le rythme d’investissement a été maintenu en 2010 et 2011 afin de ne pas hypothéquer les investissements passés et achever de grands projets (Image, ERP RH, réseau très haut débit, etc.).
Les HCL figurent parmi les hôpitaux français les plus avancés quant au déploiement de l’informatique sur les fonctions administratives et logistiques,  sur les unités de soins (près de 100% des unités disposent et utilisent  le dossier clinique, le dossier de soins, le circuit du médicament, les blocs opératoires, etc.),  sur les urgences, sur le plateau technique d’imagerie et de biologie, sur la pharmacie – y compris dans le domaine de la robotique.
Enfin, les HCL n’ont pas bénéficié de subventions publiques pour leur informatisation. Et sur ce point, il serait intéressant de comparer les niveaux d’informatisation des grands CHU, leurs investissements et les subventions reçues au moins depuis 2005.
Quant à la recherche et développement, les HCL ont trouvé grâce à elle des solutions innovantes qui ont fait l’objet de plusieurs récompenses internationales et françaises. Les fonds mobilisés s’élèvent à 500 000 euros par an sur 3 ans. Le retour sur investissement est très positif. Par exemple, l’absentéisme des RDV – rarement voire jamais calculé dans un hôpital- est passé en quelques mois, grâce au projet SMS, de 15% à moins de 10%. En 2011, plus de 80 000 consultations supplémentaires ont été enregistrées par rapport à 2010.
Easily, le nouveau Dossier Patient Informatisé des HCL
Le schéma directeur du système d’information 2005/2010 prévoyait plusieurs projets d’envergure dont le déploiement du Dossier Patient Informatisé Cristal-net. Ce projet a fait l’objet d’une coopération intense avec le CHU de Grenoble qui a mis à disposition des HCL un certain nombre de modules et réciproquement. Cette suite Cristal-net a fait l’objet d’un appel d’offres en 2006 pour son  industrialisation et sa TMA, les deux CHU assurant ensemble la conduite des projets. A l’issue de l’exercice 2010, tous les modules ont été déployés : gestion des RDV, gestion des résultats, circuit du médicament, gestion des blocs opératoires, dossiers  médicaux (commun et spécialités), dossier de soins, etc.
En 2009, le projet d’établissement Cap2013 orienté vers la performance a été lancé. La DSI avait trois missions : achever le schéma directeur en cours, répondre aux besoins émergents de la démarche Performance puis préparer le futur projet d’établissement 2014/2018.
Le projet Easily répond à cette 3ème mission de mise en place d’un système d’information performant et modernisé en particulier sur le segment du DPI en tenant compte de l’expérience des HCL, des projets déployés, de la situation du marché, des obligations réglementaires, etc.
La suite Easily ne concerne pas tous les segments ni tous les acteurs.  En effet, les HCL disposent d’un patrimoine logiciel : certains modules seront remplacés, d’autres seront conservés et modernisés, d’autres enfin seront réécrits.  Il existe aussi sur le marché des solutions techniques récentes qui correspondent parfaitement à ce que les HCL recherchent. Ainsi, le module du PMSI a été abandonné et après appel d’offre, les HCL ont retenu la société Web100T qui travaille désormais avec les équipes des HCL pour améliorer la performance et l’utilisation de cet outil. De même, le logiciel propriétaire de gestion administrative des malades, GEMA, sera abandonné à terme au profit d’une solution extérieure.  Les HCL ont acquis le SIR de Médasys. D’autres modules de notre patrimoine seront en revanche adaptés et portés dans le nouvel environnement graphique et technique d’Easily.
Le développement de la suite Easily par des industriels français s’inscrit dans le cadre budgétaire difficile des HCL.
La fin des projets menés dans l’unité de soins (principalement Cristal-net, PMSI, anesthésie-réanimation) donne quelques marges de manœuvre financière en 2012 et davantage en 2013. Pourtant, si un budget prévisionnel de 5 millions d’euros était réservé sur ces développements pour les années 2012 et 2013, le projet Easily n’est pas prioritaire par rapport à d’autres projets internes comme par exemple l’urbanisation de la biologie voulue par les Instances.  Cette situation peut sembler paradoxale, mais contrairement aux autres grands CHU, les HCL ont achevé les déploiements informatiques dans les unités de soins. Cette disponibilité offre une marge de manœuvre aux HCL pour conduire leur projet de renouvellement dans le temps et dans un cadre budgétaire contraint.
La fin des marchés sur Cristal.net, sur la réanimation, sur l’anesthésie et sur le PMSI permettront en 2013 de soutenir plus énergiquement le projet Easily. Un appel d’offre a été lancé pour référencer,  début 2013, quatre industriels capables de développer les modules que l’institution souhaite créer ou consolider. A ce jour, l’EPRD 2013 n’étant pas voté, il est difficile d’avancer un chiffre prévisionnel certain sur les moyens dont pourra bénéficier le projet Easily. C’est l’une des contraintes que l’Institution a posé en base à ce projet qui devra s’adapter dans les deux prochains exercices aux budgets affectés à la DSI.
La diffusion des modules Easily fait partie intégrante de la démarche des HCL. De par leur taille, ils disposent d’une marge de manœuvre pour concevoir et innover : toutefois, il serait dangereux de rester dans une démarche autarcique. La coopération informatique menée depuis 10 années avec le CHU de Grenoble a rapproché également les différentes équipes cliniques, ce qui est très positif. Les investissements réalisés sur le DPI doivent trouver leur propre justification en interne. La diffusion vers d’autres structures hospitalières se justifie eu égard aux coûts et à la qualité des offres disponibles actuellement sur le marché. Le contraire serait surprenant alors même que l’Etat a créé une Agence pour la valorisation de son patrimoine immatériel. Pour autant, les HCL n’entendent pas dévier de leur stratégie de conception d’outils innovants à forte valeur ajoutée pour leurs unités de soins. La diffusion est une autre activité.

De ce fait, les HCL ont proposé à d’autres structures hospitalières publiques et privées de constituer un GIE, Hopsis. Les HCL transfèreront, sans exclusivité, les droits détenus sur ses logiciels au GIE qui sera en charge de l’exploitation des logiciels qui lui seront confiés à partir de 2013. Le GIE s’appuiera sur des industriels référencés pour mener à bien toutes les activités d’installation, de formation, d’intégration et de maintenance. Ponctuellement, les HCL pourront également confier leurs droits à des tiers sur des opérations particulières en France comme à l’étranger.
Le GIE Hopsis ayant été constitué début novembre 2012, il n’aura pas de comptes à présenter au titre des exercices 2011 et 2012, comme le Lesiss en a fait la demande.
Le Lesiss a suggéré des dérives condamnables en faisant des amalgames infondés. La coopération entre hôpitaux est encadrée et la jurisprudence existe dans ce domaine. Le Lesiss connaît ce cadre réglementaire. On peut alors s’interroger sur les raisons de sa démarche qui tend à jeter le discrédit et la suspicion, alors même que des projets dans de grands CHU avec les éditeurs étrangers, membres actifs du Lesiss, n’ont pas vraiment avancé malgré de forts investissements publics depuis 2005.
Au-delà de la démarche Easily, les HCL ont démontré depuis plusieurs années que l’informatisation d’un grand CHU était possible et que les changements organisationnels, culturels et technologiques devaient être menés en relation avec les évolutions du SIH. La décision de créer une équipe Recherche-Développement en interne sans attendre les avancées du marché a été très efficiente pour les HCL. La décision ultérieure de lancer le projet Easily s’inscrit dans la même dynamique de maîtrise d’un avenir qui doit marier l’innovation et les évolutions au sein de l’hôpital.
Et les HCL de conclure avec une pointe d’ironie "Nous nous réjouissons que les progrès internes de notre CHU intéressent tant le Lesiss. Nous nous réjouissons également que les premiers éléments de notre RD profitent à d’autres CHU par le biais d’industriels français qui reprennent nos idées (par exemple, la relance des RDV médicaux par SMS, par Orange Healthcare). Avec les industriels français, les HCL entendent rester moteur et force de proposition pour faire avancer le secteur de l’informatisation de la production de soins paralysée depuis trop d’années."
*Soupçonnant une concurrence déloyale des opérateurs publics à son encontre, Lesiss avait saisi la Commission d’accès aux documents administratifs (Cada) en juin 2012 afin d’obtenir les comptes des structures publiques d’informatique hospitalière et notamment celles des CHU de Lyon et de Grenoble qui ont développé dès 2002 la solution logicielle (Cristal.net) pour informatiser leurs services de soins.

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